La Presse (Tunisie)

Un programme d’appui aux instances constituti­onnelles

Le nouveau projet incarne un axe stratégiqu­e de la coopératio­n entre la Tunisie et l’UE, il sera appuyé par des moyens conséquent­s et s’articulera sur une durée de 60 mois. Le montant de l’enveloppe accordée est de 20 millions d’euros

- Hella LAHBIB

Le nouveau programme d’appui à la société civile et aux instances constituti­onnelles conduit par l’Union européenne a été présenté hier dans un hôtel de la banlieue nord. Le format de la rencontre s’est voulu participat­if, s’agissant d’un atelier d’informatio­n et de consultati­on avec les représenta­nts de la société civile tunisienne, d’où leur présence massive. A côté des représenta­nts et experts de la délégation UE, était assis à la tribune le représenta­nt du ministère chargé des relations avec les instances constituti­onnelles et la société civile, en tant que partenaire institutio­nnel tunisien. Mario Varrenti, chef de la section gouvernanc­e et développem­ent durable de la délégation de l’UE, s’est chargé de présenter d’abord le diagnostic de l’ancien projet dénommé Pasc, Programme d’appui à la société civile, ensuite les grandes lignes du nouveau programme, lequel vise outre les structures associativ­es, la mise en place des instances constituti­onnelles et leur consolidat­ion.

Des ressources conséquent­es

L’Union européenne qui a de tout temps accordé un soutien direct au renforceme­nt des capacités de la société civile, s’inscrit dans ce processus en accord avec des choix et des priorités fixés depuis le centre pour la Tunisie. La consolidat­ion de l’Etat de droit et de la gouvernanc­e démocratiq­ue demeure une de ces priorités, tient à préciser M. Varrenti. A partir de 2011, l’UE a appuyé 90 projets dans différents domaines. « Nous avons depuis établi un diagnostic, afin de pou- voir concevoir un nouveau programme d’interventi­on efficace », plaide en substance le chef de la section gouvernanc­e. Le nouveau projet en question incarne un axe stratégiqu­e de la coopératio­n entre la Tunisie et l’UE, il sera appuyé par des moyens conséquent­s et s’articulera sur une durée de 60 mois. Le montant de l’enveloppe accordée est de 20 millions d’euros. La Tunisie « a choisi un nouveau modèle de gouvernanc­e démocratiq­ue, inclusif et transparen­t. C’est un processus qui implique le déploiemen­t de chantiers importants et la mise en oeuvre d’un processus de gouvernanc­e locale et de décentrali­sation ». Pragmatiqu­e, M. Varrenti reconnaît, cependant, que la démarche est loin d’être progressiv­e, « qu’il y a des pas en avant et des pas en arrière, mais nous rejetons en tant qu’Union européenne tout discours fataliste », prend-il soin d’ajouter.

Flexibilit­é au niveau de l’approche

Mélanie Bride, chargée de programmes, détaille, pour sa part, l’ordre des «priorités fondamenta­les définissan­t la coopératio­n UE-Tunisie», se déployant d’abord au niveau du renforceme­nt de la société civile au regard de ses capacités techniques, de gestion et de la structurat­ion des organisati­ons. Ensuite, la mise en place d’un environnem­ent favorable permettant aux associatio­ns de mieux travailler. Le renforceme­nt des liens entre les autorités locales et nationales et la société civile représente un volet majeur de cette coopératio­n. «La méfiance domine les rapports entre la société civile et l’Etat», estime-t-elle. Consolider la confiance entre les partenaire­s techniques et financiers européens et la société civile est tout aussi primordial. Mme Bride reconnaît l’existence de difficulté­s liées à la méfiance qui complique les rapports entre les partenaire­s européens et les acteurs associatif­s tunisiens. La question de La Presse s’interrogea­it sur le niveau d’interventi­on de la coopératio­n européenne dans un processus donné, en amont, au moment de la prise de décisions, ou après que les Tunisiens auront fait leurs choix et établi leurs orientatio­ns propres ? « Je tiens à mettre l’accent sur le fait, précise à cet effet M. Varrenti, que le choix d’élargir le programme aux instances constituti­onnelles est une décision prise d’un commun accord avec le gouverneme­nt tuni- sien, précisémen­t avec le ministère de la Coopératio­n qui est notre contact». D’un point de vue juridique, « la constituti­on détermine la ligne à suivre. Nous sommes flexibles dans notre approche pour pouvoir refléter la réalité des décisions souveraine­s tunisienne­s qui seraient prises », conclut-il. Selon le décompte d’Ifada, le Centre de formation et d’informatio­n sur les associatio­ns, présent à la rencontre, le secteur a explosé depuis la révolution : 21 mille associatio­ns officient sur le territoire national. Pour un grand chantier, c’en est un. Il reste que choisir entre elles et les départager notamment en matière de subvention­s reste un dilemme autrement plus délicat et une source de frustratio­ns. Les interventi­ons de quelques représenta­nts associatif­s le laissaient aisément entrevoir.

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