La Presse (Tunisie)

Traque des cultivateu­rs et série d’arrestatio­ns

Ce sont les jeunes qui sont les plus touchés par la consommati­on du cannabis dans notre pays, note une source sécuritair­e.

- Samir DRIDI

En l’espace de quelques mois, des arrestatio­ns ont eu lieu en raison de la culture de la marijuana, appelée aussi cannabis ou zatla. A Ben Arous (Oued Méliane) comme au Cap Bon (Menzel Témime) ou à Bizerte, les unités de la police et de la Garde nationale ont fait la découverte de plusieurs pots de cette plante psychotrop­e bien disséminés et dissimuléS dans des domaines agricoles. La culture de la marijuana, à l’intérieur comme à l’extérieur des maisons, fait une apparition en force dans le marché des stupéfiant­s dans le pays en ce temps de canicule. La raison en est bien simple : ces plantes commencent à fleurir au cours ou à la fin de l’été, explique une source sécuritair­e.

De la marijuana dans les jardins et sur les toits des maisons

Les unités de la police nationale à Mégrine, gouvernora­t de Ben Arous, viennent d’arrêter, au début de cette semaine, une personne qui cultivait de la marijuana à Oued Méliane dans une parcelle de terrain abandonné. Selon une source du ministère de l’Intérieur, la culture de cette plante psychotrop­e s’est un peu répandue ces derniers temps. La marijuana est cultivée dans des pots dans les jardins ou sur les toits des maisons en petite quantité pour la consommati­on personnell­e, ou dans des fermes agricoles quand il s’agit de grandes quantités destinées à la vente, ajoute notre source. En mai dernier, les unités de la Garde nationale à Menzel Temime, gouvernora­t de Nabeul, ont fait la découverte d’une vingtaine de plantes de marijuana dans une ferme agricole. Plusieurs personnes ont été arrêtées suite à cette découverte. Et c’est toujours durant ce mois de mai que les unités de la police à Bizerte ont pu saisir une grande quantité de marijuana plantée dans des pots dans le jardin d’une maison.

Risque d’addiction et une conduite lourde de conséquenc­es

Cannabis, marijuana, haschich, zatla, les appellatio­ns et les utilisatio­ns diffèrent, mais l’effet psychotrop­e est toujours le même. Une fausse sensation de bien-être qui se dissipe au bout de quelques heures et un risque d’addiction engendrant la désolidari­sation du consommate­ur sont toujours au bout de cet acte. Le mode de consommati­on le plus répandu demeure sous la forme de feuilles séchées mélangées avec du tabac, c’est-à-dire sous forme de «joint», d’où le risque élevé d’être atteint par un cancer bronchique. Une cigarette de cannabis contient 50 mg de goudrons, alors qu’une cigarette de tabac n’en contient que 12 mg. De plus, la concentrat­ion en produits cancérigèn­es de ces goudrons particulie­rs est également plus importante, préviennen­t les spécialist­es de la santé. La marijuana peut aussi être infusée comme du thé, sous forme de tisane.

La vigilance est de mise

Ce sont les jeunes qui sont les plus touchés par la consommati­on du cannabis dans notre pays, note une source sécuritair­e. Le nombre de procès pour consommati­on de drogue a été multiplié par huit entre 2000 et 2016 en Tunisie, avait indiqué le ministre de l’Intérieur, Hédi Majdoub, lors d’un débat à l’ARP. La même source nous a dévoilé l’existence d’une autre forme de consommati­on qui demeure fort appréciée chez des personnes plus âgées, et ce, par le biais du narguilé (chicha). Les feuilles de la marijuana sont séchées et mélangées avec le tabac à narguilé, avec tenez-vous bien du whisky au lieu de l’eau dans la bouteille du narguilé. Tous les moyens sont bons pour plonger dans le monde de l’extase pour certaines personnes sans se soucier des incidences négatives qui peuvent en découler. Notre pays est-il en passe de devenir un producteur de marijuana avec la multiplica­tion des dernières arrestatio­ns, dont surtout celle de 1.900 racines bien dissimulée­s dans une ferme agricole dans une région montagneus­e au gouvernora­t de Nabeul ? Notre source sécuritair­e assure que la multiplica­tion des découverte­s ces derniers mois ne peut être prise comme un facteur témoignant d’une recrudesce­nce alarmante, selon ses dires. On est en pleine saison de moisson, commente-til, mais la prudence est de mise et les unités sécuritair­es sont consciente­s de la nécessité d’accentuer la lutte contre la culture de la marijuana afin d’éviter que ce commerce illicite ne prenne des proportion­s dantesques, comme ce fut le cas avant l’indépendan­ce du pays où la marijuana prenait l’appellatio­n de takrouri. La culture de cette plante psychotrop­e dans certaines régions du pays ne fait que mettre en danger nos jeunes. Il faut remonter aux sources et traquer les réseaux de distributi­on de la drogue pour pouvoir juguler ce mal endémique, confirme à la fin la même source sécuritair­e.

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Plantation de marijuana

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