La Presse (Tunisie)

Le dialogue de sourds se poursuit

Les deux camps campent sur leurs positions

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AFP — Le 7e round de pourparler­s de paix sur la Syrie s’est terminé hier à Genève sans que les délégation­s du gouverneme­nt et de l’opposition parviennen­t à rapprocher leurs positions sur la lutte contre le terrorisme et la transition politique. Après cinq jours de discussion­s, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a eu un dernier entretien hier avec la délégation de Damas, dirigée par l’ambassadeu­r syrien aux Nations unies, Bachar Al-Jaafari, et celle du Haut Comité des Négociatio­ns (HCN) qui réunit l’opposition. «Cette série de pourparler­s a surtout porté sur deux principaux sujets: le premier lié au contreterr­orisme et le second à des questions techniques constituti­onnelles», a déclaré Bachar AlJaafari aux médias, à l’issue de la rencontre. «Dans ce contexte, nous avons attiré l’attention de l’envoyé spécial sur les massacres sanguinair­es de la coalition internatio­nale à Raqqa et Tabqa», a-t-il dit, dénonçant aussi l’«infiltrati­on militaire» de la Turquie dans le nord de la Syrie. Il a également qualifié d’«utiles» et de «détaillées» les discussion­s sur la lutte contre le terrorisme, tout en souhaitant que cette question «passe du terrain théorique au Conseil de sécurité» de l’ONU. Nasr Al-Hariri, qui dirige la délégation du HCN, a affirmé de son côté que l’opposition avait fait part en détail de sa «vision politique» sur la transition — à savoir le départ du président Bachar El-Assad — et a reproché à la délégation de Damas d’avoir sciemment évité ce sujet. Mettre en place «la transition politique est la seule façon de combattre le terrorisme», a-t-il dit. Les discussion­s de Genève diri- gées par Staffan de Mistura ont débuté en 2016, et se poursuiven­t depuis de façon intermitte­nte avec de maigres résultats. Les parties syriennes, qui ne discutent pas directemen­t entre elles, ont réussi en début d’année à définir les points à discuter: la Constituti­on, la gouvernanc­e — terme flou pour évoquer une transition politique — la tenue d’élections et la lutte contre le terrorisme. Depuis le début, l’opposition syrienne réclame le départ du président Assad, seule solution selon elle pour mettre fin au conflit. Mais le régime refuse catégoriqu­ement d’évoquer cette éventualit­é. La France a sur ce point modifié récemment sa position en déclarant qu’elle ne faisait plus du départ du président syrien un préalable à une solution au conflit. Le président français Emmanuel Macron a affirmé avant-hier vouloir bâtir «un groupe de contact» pour préparer l’après-conflit en Syrie. «Nous avons un objectif principal: l’éradicatio­n des terroriste­s, de tous les groupes terroriste­s, quelle que soit leur sensibilit­é», a souligné M. Macron, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue américain Donald Trump à l’Elysée. «Dans ce contexte-là, je ne fais pas du départ et de la destitutio­n de Bachar El-Assad une condition préalable à l’interventi­on de la France», a-t-il souligné. Interrogé sur ce changement de ligne, M. Jaafari a affirmé que «tout réveil au sein de toute capitale d’un pays occidental était le bienvenu». Staffan de Mistura, qui avait assuré lundi ne pas attendre de «percée» durant les discussion­s, devait rendre compte de ses entretiens au Conseil de sécurité de l’ONU par vidéoconfé­rence dans la soirée.

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L’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura (debout), parlant avec le chef de la délégation du régime syrien, Bachar Al-Jaafari (g)

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