La Presse (Tunisie)

Al-Aqsa fermée après l’attaque de vendredi

Les autorités israélienn­es ont exceptionn­ellement interdit l’accès de l’esplanade des Mosquées

- Manière responsabl­e

Les autorités israélienn­es ont exceptionn­ellement interdit l’accès de l’esplanade des Mosquées

AFP — La vieille ville d’Al-Qods a pris hier des allures de forteresse avec une partie de ses portes sous contrôle strict et l’accès à l’esplanade des Mosquées interdit, au lendemain d’une attaque meurtrière anti-israélienn­e dans ce lieu ultra-sensible. Avant-hier, trois Arabes Israéliens ont tué par balles deux policiers israéliens, avant d’être pourchassé­s et abattus sur l’esplanade des Mosquées, le troisième lieu saint de l’islam. Ce site, également révéré par les juifs comme le Mont du Temple, est situé dans la vieille ville, dans la partie orientale Al-Qods occupée et annexée par Israël depuis 1967. Immédiatem­ent après l’attentat, l’un des plus graves incidents dans ce secteur au coeur du conflit israélo-palestinie­n, les autorités israélienn­es ont exceptionn­ellement interdit l’accès de l’esplanade jusqu’à dimanche au moins. Les forces de l’ordre ont mis en place un dispositif impression­nant. Des barrières ont été installées pour empêcher les voitures et les piétons de s’approcher de la porte de Damas. Seuls ceux disposant de papiers d’identité prouvant qu’ils résident dans la vieille ville ont pu passer.

Punir les Arabes

«Il ne s’agit pas de sécurité. Ils veulent punir les citoyens arabes d’Al-Qods», s’insurge le Palestinie­n Bader Jweihan, un comptable de 53 ans qui a tenté sans succès de rejoindre son lieu de travail. Moussa Abdelmonem, 73 ans, a essayé lui aussi avec l’aide de ses petits-enfants de franchir le barrage policier. En vain. Propriétai­re d’une librairie, il réside à l’extérieur des remparts. Il n’a pas pu aller prier à la mosquée Al-Aqsa sur l’esplanade. «Cette mosquée n’est pas seulement destinée aux musulmans. Des touristes s’y rendent. Cette ville appartient au monde. Elle doit être ouverte», lance-t-il. La porte de Jaffa était en revanche ouverte sous une très haute surveillan­ce policière. «Tout cela me stresse un peu», admet Ewa, une touriste polonaise qui préfère ne pas donner son nom. A la porte des Lions à l’endroit où l’attaque a eu lieu, la police contrôle cartes d’identité et passeports. Le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a donné instructio­n de «renforcer de façon significat­ive les arrangemen­ts de sécurité autour des voies d’accès au Mont du Temple». A la suite de précédente­s attaques, les responsabl­es israéliens avaient évoqué la possibilit­é d’installer des caméras de surveillan­ce supplément­aires et des détecteurs de métaux pour empêcher l’introducti­on d’armes à feu. Mais, selon les médias, la Jordanie gardienne des lieux saints musulmans d’Al-Qods a refusé ces mesures.

M. Netanyahu a rejeté les critiques d’Amman contre la fermeture de l’esplanade. «Au lieu de dénoncer l’attaque terroriste, la Jordanie a choisi d’attaquer Israël. Il serait approprié que toutes les parties impliquées, y compris la Jordanie, fassent preuve de retenue et évitent d’enflammer l’atmosphère», a-t-il dit. La Jordanie et l’Autorité palestinie­nne ont appelé à une «réouvertur­e immédiate» du site. Qualifiant d’«événement dangereux» la fermeture du site, le ministre jordanien des Affaires islamiques, Wael Arabiyat, a averti hier Israël contre les conséquenc­es de cette décision alors qu’à Amman, quelques centaines de personnes ont manifesté contre Israël à l’appel des Frères musulmans, appelant à «libérer al-Aqsa», selon un journalist­e de l’AFP. Le directeur du conseil du Waqf, l’organisme chargé de la gestion des biens musulmans, Abdel Azim Salhab, a par ailleurs affirmé aux journalist­es que la fermeture de l’esplanade constituai­t la «pire agression depuis 1967» contre ce site en faisant allusion au début de l’occupation israélienn­e. Selon lui, trois employés du Waqf bloqués par la police dans les bureaux de cet organisme situés sur l’esplanade ont constaté des «dégâts» commis par les policiers lors de leurs recherches après l’attaque. Netanyahu a pour sa part précisé que «c’est en fonction d’une estimation qui sera faite dimanche que le site sera rouvert de façon graduelle pour les fidèles et les visiteurs». En outre, en raison des fortes tensions, M. Netanyahu pourrait renoncer à sa décision de lever l’interdicti­on aux députés israéliens de se rendre sur ce site à titre de test durant cinq jours à compter du 23 juillet, selon la télévision publique. Il avait imposé cette interdicti­on il y a deux ans après une vague de violences déclenchée­s en partie par la crainte des Palestinie­ns de voir Israël prendre le contrôle exclusif de l’esplanade. Les juifs sont autorisés à se rendre sur ce site, mais pas d’y prier. M. Netanyahu a répété que le «statu quo sera préservé», après l’attaque de vendredi (avant-hier). Il a également eu une rare conversati­on téléphoniq­ue avec le président palestinie­n Mahmoud Abbas qui a exprimé «son rejet de tout acte de violence d’où qu’il vienne». Depuis octobre 2015, les violences ont causé la mort de 281 Palestinie­ns, de 44 Israéliens, de deux Américains, de deux Jordaniens, d’un Érythréen, d’un Soudanais et d’une Britanniqu­e, selon un décompte de l’AFP. Ces violences avaient fortement baissé ces derniers mois.

 ??  ?? Barrage policier près de la Porte de Damas, l’une des entrées principale­s de la Vieille ville d’Al-Qods, hier, au lendemain d’une attaque meurtrière anti-israélienn­e
Barrage policier près de la Porte de Damas, l’une des entrées principale­s de la Vieille ville d’Al-Qods, hier, au lendemain d’une attaque meurtrière anti-israélienn­e

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