La Presse (Tunisie)

Un projet de loi, des amendement­s

- O. B.

C’est désormais une loi d’amnistie administra­tive que vient d’adopter la Commission de la législatio­n générale. Elle intéresser­a, selon l’associatio­n Al Bawsala, quelque 500 fonctionna­ires et assimilés traînant des procès pour malversati­ons financière­s commises à l’époque du régime de Ben Ali. Ces personnes verront ainsi les poursuites contre elles levées dès le moment où elles recevront des mains du procureur général de seconde instance un « certificat d’amnistie ». Les fonctionna­ires ayant présenté une demande de réconcilia­tion sont redevables de réparation­s à présenter à toute partie ayant subi des dommages à la suite d’actes de détourneme­nt de deniers publics. La nouvelle Commission de réconcilia­tion qui recevra les demandes d’amnistie n’est pas totalement indépendan­te et le critère d’intégrité de ses membres n’est pas garanti par le texte. Dans le projet initial du 14 juillet 2015, elle était dominée par le pouvoir exécutif. Dans cette version amendée par Ennahdha et Nida, le président de la commission est, de droit, le président de l’Inulcc (qui est aujourd’hui Chawki Tabib). « Nous avons l’impression que les rédacteurs de la loi ont voulu tabler sur la popularité et la réputation de l’actuel président de l’Inulcc. Cependant, ils ont, semble-t-il, oublié que le président de l’Inulcc est nommé et est destitué par le chef du gouverneme­nt. Donc, il n’est pas juridiquem­ent indépendan­t », réplique la juriste Farah Hachad. Par ailleurs, la commission n’a pas d’autonomie financière et administra­tive et les deux membres de l’IVD prévus dans le projet initial disparaiss­ent de la nouvelle commission. « Autre élément, une partie des membres de la nouvelle commission prévue sont des magistrats, ce qui peut rassurer de prime abord. Cependant, aucune dispositio­n de la loi ne prévoit une vérificati­on du passé de ces magistrats. Et si on découvre le nom d’un des magistrats nommés dans les dossiers déposés par des victimes auprès de l’IVD ? », s’interroge Farah Hachad.

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