Pourquoi nous aimons tant Mohamed Mounir?
Il est à l’image de tous ceux qui aiment ses chansons, il est l’anti-pop star, humain, touchant, qui réagit à son public et ne se tient pas à un programme préétabli qu’il exécute sans écart. Il chante pour son public comme s’il était dans une soirée privé
Mohamed Mounir n’est pas une super-star, chanteur à un seul tube ou un look qui plaît aux midinettes. Mohamed Mounir n’est pas du toc, c’est de l’or pur. Une carrière qui s’étale sur 3 décades et peut être plus. Plus d’une vingtaine d’albums et des chansons qui ont bercé pus d’une génération. Son dernier concert au festival de Hammamet en est une énième preuve. Look décontracté, chemise blanche déboutonnée, un grigri afro autour du cou et la même nervosité d’une main qui tient le micro avec des mouvements circulaires, et le regard nostalgique, parfois triste qui laisse deviner toujours une larme cachée au coin de l’oeil. Son teint basané raconte la longue histoire des gens simples de la Haute Egypte, la voix singulière du peuple nubien bouleverse sans grandes prouesse, il est à l’image de tous ceux qui aiment ses chansons, il est l’anti-pop star, humain, touchant qui réagit à son public et ne se tient pas à un programme préétabli qu’il exécute sans écart. Il chante pour son public comme s’il était dans une soirée privée, il répond à ses désirs et partage sans compter. Devant des fans totalement conquis adeptes de cette école artistique basée sur la parole profonde, le renouvellement musical et la voix mélodieuse, Mohamed Mounir, le chanteur défenseur de la création et de la liberté intellectuelle, a interprété, la semaine dernière au théâtre de plein air de Hammamet, les morceaux qui ont fait sa célébrité et sa particularité depuis des années. On sentait la joie du «King» qui a retrouvé ses fans tunisiens et il a gratifié l’assistance d’une revue de ses plus belles compositions qui ont jalonné le parcours de l’artiste. Comme à l’accoutumée, la prestation de Mohamed Mounir a fonctionné comme une belle toile agrémentée de la profondeur du verbe et de la mélodie. Dès l’entame du concert, il interprète «Ah ! El arab», «Alli soutek», «Ellila ya samra», «El koun», mettant du coup un public debout, sous le charme de la veine pop de ce chanteur égyptien qui a acquis au fil des années le surnom de La Voix de l’Egypte et qui est considéré comme l’un des rares artistes de la scène arabe dont les choix musicaux engagés font l’unanimité tant au sein des élites que des couches populaires. La force musicale, imprimée par des accompagnateurs chevronnés qui combinent parfaitement bien instruments traditionnels et modernes, expressions rythmiques classiques et contemporaines, a ponctué la suite du concert. Outre son charisme naturel marqué par une nervosité permanente et une effervescence spirituelle et poétique, la particularité de Mohamed Mounir, c’est cette douceur, cette douleur de l’âme, sa proximité avec son public, la fusion totale avec ceux qu’ils aiment, et la sincérité des paroles qu’il chante. Mohamed Mounir est comme Khaled qui sait partager la voix, qui distribue bonne humeur et sourires à gogo, il est comme Brassens qui porte à bras-le-corps des textes comme des contes, c’est comme une belle et langoureuse berceuse qui vient des profondeurs et se projette dans l’infini. Mohamed Mounir est l’âme de l’Egypte, sans maniérisme, ni chichi. Et son concert à Hammamet fut une communion parfaite sans artifices ni faux-semblants.