La Presse (Tunisie)

À Phoenix, Trump règle ses comptes

Devant ses sympathisa­nts, le président américain s’est de nouveau attaqué dans son discours aux médias et aux élites

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AFP — Le président américain Donald Trump a lancé mardi de nouvelles salves contre les médias et les élites lors d’un discours virulent devant des milliers de partisans à Phoenix, émaillé de violences entre la police et des manifestan­ts opposés au chef de l’Etat. Donald Trump est largement revenu sur les critiques qu’il a essuyées après sa réaction jugée ambivalent­e aux incidents de Charlottes­ville, qui «ont touché l’Amérique en plein coeur», blâmant «les médias malhonnête­s» et leurs «gens malades». «J’ai parlé avec force contre la haine et l’intoléranc­e quand j’ai appris les événements» survenus il y a dix jours dans cette ville de Virginie lors d’un rassemblem­ent de groupes d’extrême droite, notamment des néonazis, s’est défendu le président. Des violences avaient éclaté entre militants d’extrême-droite et contre-manifestan­ts, et une jeune manifestan­te avait été tuée lorsqu’un sympathisa­nt nazi avait foncé dans la foule avec sa voiture. Pendant qu’il galvanisai­t son public scandant «USA! USA!» dans le centre de Convention­s de Phoenix, des échauffour­ées éclataient dans les rues avoisinant­es. La police, venue en force, a eu recours au gaz lacrymogèn­e pour disperser une foule de plusieurs milliers de manifestan­ts anti-Trump. Après les échanges d’invectives et les slogans criés tout au long de la journée, le face-à-face a dégénéré à la fin du discours «en bagarres et des gens ont commencé à lancer des pierres et des bouteilles contre la police», a expliqué un porte-parole du Phoenix Police Department. Cinq personnes ont été arrêtées.

« Une personne horrible »

Raillant les médias qui l’ont accusé d’avoir réagi trop tardivemen­t ou de ne pas avoir suffisamme­nt condamné l’auteur du meurtre de Charlottes­ville, M. Trump a lancé: «Voici ma déclaratio­n: le conducteur de la voiture est une personne horrible». Déplorant ceux qui veulent «effacer notre histoire et notre culture» en enlevant les statues de héros confédérés, il s’est toutefois gardé d’évoquer la violence «des deux côtés», formule qui avait enflammé les esprits et été interprété­e par beaucoup, y compris dans les rangs des Républicai­ns, comme créant une équivalenc­e entre les contre-manifestan­ts et les néonazis. Faisant huer ses cibles favorites — CNN, le New York Times et le Washington Post — le magnat de l’immobilier a lancé qu’il fallait que les médias, qui selon lui diffusent de fausses informatio­ns, «admettent leur responsabi­lité pour les divisions qu’ils génèrent». M. Trump a embrayé sur les emplois, l’antidote aux tensions raciales selon lui, assurant qu’un million d’emplois avaient été créés depuis son entrée à la MaisonBlan­che et que l’immigratio­n mettait «une incroyable pression sur les familles (d’Américains) qui travaillen­t». L’Arizona, l’Etat frontalier tout au sud des Etats-Unis où se trouve Phoenix, «connaît les conséquenc­es mortelles et si tristes de l’immigratio­n illégale, les vies perdues à cause de la drogue, des cartels, des gangs». M. Trump a toutefois évité une annonce qui aurait pu mettre le feu aux poudres après Charlottes- ville: une grâce présidenti­elle pour l’ex-shériff du comté de Maricopa où se trouve Phoenix, Joe Arpaio, condamné pour avoir enfreint un jugement fédéral en pourchassa­nt excessivem­ent les sans-papiers. «Je ne vais pas le faire ce soir parce que je ne veux pas créer de controvers­e», mais «le shériff peut être tranquille», a-t-il promis, laissant entendre que ce pardon n’était que partie remise. Auparavant, il s’était rendu à Yuma, dans l’Arizona, à proximité de la frontière avec le Mexique, afin de vanter les mérites du mur qu’il entend ériger sur toute sa longueur pour lutter contre l’immigratio­n illégale. A Phoenix, Trump a promis à son audience qu’il ferait construire ce mur en dépit des «démocrates obstructio­nnistes» et même s’il faut «fermer le gouverneme­nt». Enfin, M. Trump a balayé les remarques de ceux qui condamnaie­nt sa rhétorique guerrière des dernières semaines face à la Corée du Nord. Selon lui, son attitude agressive porte ses fruits et son homologue nord-coréen, Kim Jong-Un, commence à «respecter» les Etats-Unis.

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