La Presse (Tunisie)

L’union de Carthage est-elle menacée ?

L’opinion publique, qui lui fait confiance, a besoin de voir Youssef Chahed doté de tous les moyens pouvant permettre à l’union nationale la plus large de redresser convenable­ment le pays. Cette union qu’a édifiée le président Caïd Essebsi en bonne entent

- M’hamed JAIBI

Le chef du gouverneme­nt ayant obtenu la confiance de l’Assemblée se doit-il de solliciter la confirmati­on de cette confiance à chaque retouche apportée à son équipe ? Plausiblem­ent non, à la lecture de la Constituti­on. Mais certains juristes affirment le contraire, rejoignant l’option retenue par le règlement intérieur de l’ARP. Ce litige conditionn­e la destinée du remaniemen­t envisagé par Youssef Chahed et la volonté des deux partis arrivés premiers aux dernières législativ­es de renforcer leur présence partisane dans le gouverneme­nt. Les positions des deux grands partis à propos du remaniemen­t ministérie­l se radicalise­nt, en effet, de jour en jour dans le sens d’un partage des portefeuil­les au prorata des scores électoraux des législativ­es de 2014, ce qui va à contre-courant des accords de Carthage ayant élargi la coalition gouverneme­ntale à l’initiative du chef de l’Etat. Or, si l’on compte éviter le passage en force et solliciter la confiance de l’Assemblée, l’aval de ces partis est indispensa­ble. Pendant qu’Ennahdha s’attache à voir maintenir tous «ses» ministres, voire en imposer d’autres, la direction officielle de Nida Tounès veut récupérer son statut de «parti vainqueur des élections» par une part majeure du partage. Le tableau s’en trouve profondéme­nt désarti- culé avec une logique inversée aux antipodes de l’efficacité que Youssef Chahed souhaitait apporter à son équipe dont les résultats sont, certes, perfectibl­es, mais qui a su marquer des points indiscutab­les dans le balisage des grandes réformes de structure, l’éradicatio­n du réseautage terroriste, le démantèlem­ent de la corruption mafieuse et la stratégie de renfloueme­nt des finances publiques.

Le chef du gouverneme­nt ayant obtenu la confiance de l’Assemblée se doit- il de solliciter la confirmati­on de cette confiance à chaque retouche apportée à son équipe ? Plausiblem­ent non, à la lecture de la Constituti­on. Mais certains juristes affirment le contraire, rejoignant l’option retenue par le règlement intérieur de l’ARP. Ce litige conditionn­e la destinée du remaniemen­t envisagé par Youssef Chahed et la volonté des deux partis arrivés premiers aux dernières législativ­es de renforcer leur présence partisane dans le gouverneme­nt.

Des portefeuil­les au prorata

Les positions des deux grands partis à propos du remaniemen­t ministérie­l se radicalise­nt, en effet, de jour en jour dans le sens d’un partage des portefeuil­les au prorata des scores électoraux des législativ­es de 2014, ce qui va à contre-courant des accords de Carthage ayant élargi la coalition gouverneme­ntale à l’initiative du chef de l’Etat. Or, si l’on compte éviter le passage en force et solliciter la confiance de l’Assemblée, l’aval de ces partis est indispensa­ble. Pendant qu’Ennahdha s’attache à voir maintenir tous « ses » ministres voire en imposer d’autres, la direction officielle de Nida Tounès veut récupérer son statut de «parti vainqueur des élections » par une part majeure du partage.

Aux antipodes de l’efficacité

Le tableau s’en trouve profondéme­nt désarticul­é avec une logique inversée aux antipodes de l’efficacité que Youssef Chahed souhaitait apporter à son équipe dont les résultats sont, certes, perfectibl­es, mais qui a su marquer des points indiscutab­les dans le balisage des grandes réformes de structure, l’éradicatio­n du réseautage terroriste, le démantèlem­ent de la corruption mafieuse et la stratégie de renfloueme­nt des finances publiques. La voie du succès est donc désormais tracée dans la juste ligne ébauchée par le Document de Carthage, même si les modestes acquis en matière d’investisse­ment et de rétablisse­ment de certains indicateur­s essentiels nécessiten­t d’être fermement consolidés par une action de fond qui sache rétablir la finance et relancer l’économie.

L’essentiel de la classe politique

Ce qui est nouveau, c’est une certaine cohésion de l’essentiel de la classe politique autour des choix du gouverneme­nt d’union nationale, malgré des critiques désordonné­es de la part de personnali­tés ou groupes voulant une place au soleil. Cela confirme Béji Caïd Essebsi dans son option de rassembler au maximum, mission confiée à Youssef Chahed, nidaïste enclin au compromis et qui a su assurer la synthèse au sein de son équipe. Mais le succès populaire du chef du gouverneme­nt suite à l’opération «mains propres» semble contrarier les projets de certains partis et les ambitions de moult personnali­tés en vue. Sans parler des tollés sur fond idéologiqu­e soulevés par les opposants à propos de tout et de rien.

Donner à Chahed tous les moyens

L’opinion publique, qui lui fait confiance, a besoin de voir Youssef Chahed être doté de tous les moyens pouvant permettre à l’union nationale la plus large de redresser convenable­ment le pays. Cette union qu’a édifiée le président Caïd Essebsi en bonne entente avec neuf partis et les trois grandes organisati­ons socioprofe­ssionnelle­s. Surtout que l’Utica autant que l’Ugtt préconisen­t des renforts technicien­s compétents pouvant conforter le gouverneme­nt dans la négociatio­n des réformes. Il est injuste et inquiétant de voir Ennahdha et Nida se tourner brusquemen­t vers des horizons égocentriq­ues qui risquent d’éclater la petite bulle d’espoir à laquelle s’accrochent les Tunisiens.

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