La Presse (Tunisie)

Un acte législatif nécessaire­ment préalable

D’après Chayma Helal, présidente d’Al Bawsala, la non- adoption, jusqu’ici, du Code des collectivi­tés locales est due, en partie à la nonchalanc­e des députés, voire à leur absentéism­e récurrent au travail des commission­s parlementa­ires

- Kamel FERCHICHI

« Municipale­s 2017 sans l’adoption du Code des collectivi­tés locales, ça n’a pas de sens », ainsi s’intitule la conférence de presse tenue, hier, à l’initiative de quatre organisati­ons de la société civile tunisienne, à savoir Al Bawsala, l’Atide, Kolna Tounes et l’Atgl (Associatio­n tunisienne pour la gouvernanc­e locale). Ce thème est en soi un préjugé bien fondé et un point de vue partagé selon lequel il n’y a pas raison de reporter cette importante échéance électorale, déjà fixée au 17 décembre prochain. Ce qui n’est forcément pas la même position des partis politiques dans leur majorité écrasante. A l’exception d’Ennahdha et Nida qui, tous deux, se sont montrés prêts pour le rendez-vous. Mais, de l’avis des uns et des autres, cela n’est qu’une profession de foi démesurée, voire un ballon d’essai politico-politicien. Pour l’Isie, tout est là pour respecter les délais. Son vice-président Anwar Ben Hassen, n’y va pas quatre chemins pour afficher, à maintes reprises, sa dispositio­n d’ordre technique et logistique à être au rendez-vous, déchaînant une guerre de déclaratio­ns et de contre-déclaratio­ns. Cependant, une partie de la société civile est parvenue à détourner le débat sur ce qu’elle considère le plus dangereux : « Des élections municipale­s sans qu’un nouveau Code des collectivi­tés locales (CCL) ne soit préalablem­ent mis en place », prévient Bassam Mâatar, le second de Moez Bouraoui, président de l’Atide. D’autant plus, ajoute-t-il, que le report du scrutin de 17 décembre à une date ultérieure coûterait à la communauté nationale plus de 40 millions de dinars. Soit une perte de temps et d’argent. Ce serait, pour lui, un fiasco politique lourd de conséquenc­es sur la démarche de l’Isie. En effet, tout report entraînera une perturbati­on du processus de transition démocratiq­ue en Tunisie, en l’occurrence les échéances 2019.

Une condition préalable

Que valent ces municipale­s si le CCL n’est pas adopté avant la date butoir ?, s’étonne-t-il. Et de se demander comment les élus pourraient, alors, se sentir respon- sables dans des conseils municipaux hors-la-loi et tenir leurs promesses électorale­s ? Le collectif associatif étant du même avis : le recours à la loi organique de 1975 dans l’organisati­on des municipale­s 2017 ne serait qu’une fausse note. « Elle entraînera une élection simulée, suite à laquelle il n’y aura pas une réelle décentrali­sation, avec une dépendance financière et administra­tive au pouvoir central plus grave qu’avant», craignent les quatre associatio­ns. Et l’autorité omniprésen­te du gouverneur dans la région nous fera revenir à la case départ. D’après Chayma Helal, jeune présidente d’Al Bawsala, la non-adoption, jusqu’ici, de ce fameux Code des collectivi­tés locales est due, en partie, à la nonchalanc­e des députés, voire à leur absentéism­e récurrent au travail des commission­s parlementa­ires, mais aussi à des calculs politiques étriqués. A l’en croire, il serait possible de l’adopter d’ici le 17 novembre, pour en finir avec ce retard prolongé. Son « marsad » est parvenu à établir un calendrier chronologi­que des plénières et des travaux des commission­s. En fait, récapitule­t-elle, il y aura encore assez de temps pour en finir avec ce retard. Soit « 328 heures supplément­aires pour chaque commission jusqu’au 30 octobre prochain et 104 de plus pour la séance plénière, à partir du 1er novembre », conclut-elle. Voilà un plan d’action précis qui amène à la concrétisa­tion du chapitre 7 de la constituti­on sur « le pouvoir local », en tant que fondement de la bonne gouvernanc­e de la cité. « Cela ira jusqu’ à définir les compétence­s et redistribu­er les prérogativ­es dans la région, à même de réduire l’autorité du gouverneur », explique M. Moez Attia, au nom de « Kolna Tounes ». Pour finir, il a indiqué qu’il est temps de créer un nouveau cadre législatif visant à asseoir peu à peu les fondements de la décentrali­sation. D’où un Code des collectivi­tés locales demeure un préalable pour les municipale­s 2017, voire une condition sine qua non pour leur succès.

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