La Presse (Tunisie)

La menace terroriste persiste

- Par Abdelhamid GmAti

Les revers essuyés sur le terrain en Syrie et en Irak par ce groupement terroriste qui se fait appeler Daech signifient-ils sa fin? En considéran­t les succès de nos militaires et de nos forces de sécurité, d’aucuns portent à le croire, estimant que le « projet Daech en Tunisie a échoué ».

LES revers essuyés sur le terrain en Syrie et en Irak par ce groupement terroriste qui se fait appeler Daech signifient-ils sa fin? En considéran­t les succès de nos militaires et de nos forces de sécurité, d’aucuns portent à le croire estimant que le « projet Daech en Tunisie a échoué ». De fait, les actions contre les terroriste­s se multiplien­t. Ainsi les unités spéciales de lutte contre le terrorisme ont récemment découvert plusieurs plans terroriste­s visant trois gouvernora­ts : Jendouba, Le Kef et Kasserine. Des groupes appartenan­t à la cellule Oqba Ibn Nafaa et composés de Tunisiens et d’Algériens planifient l’enlèvement d’un officier sécuritair­e dans une ville du Nord-Ouest. Et les unités sécuritair­es ont récemment fait avorter un plan terroriste dans le sud du pays et ont démantelé un réseau composé de 22 personnes. Selon le porte-parole du pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme, ce plan terroriste, semblable à celui de cette ville, était bien avancé avec l’embrigadem­ent d’un nombre important d’individus et le choix de la date d’exécution. Ce groupe terroriste a, également, planifié de faire entrer clandestin­ement en Tunisie des terroriste­s pour commettre des attentats contre des postes sécuritair­es et militaires et profiter des troubles enregistré­s dans certaines régions du sud tunisien. On rappellera ici que le 7 mars 2016, à Ben Guerdane, une centaine de terroriste­s de la mouvance Daech avaient tenté de s’emparer des sites militaires et sécuritair­es de cette ville, afin d’ouvrir la ville à une incursion terroriste venant de Libye et y instaurer « l’Émirat daechien du Sud ». On apprend aussi que « par mesure de prévention, les unités de la garde nationale ont effectué 148 descentes chez des extrémiste­s religieux dans différente­s régions de la Tunisie. Le colonel et porte-parole de la garde nationale, Khalifa Chibani, précisait ce vendredi premier septembre 2017, premier jour de l’Aïd El-Kébir, que « ces descentes ont été effectuées la veille, sachant que les groupes terroriste­s planifient souvent des attaques lors des fêtes religieuse­s ». En outre, les formations militaires déployées dans la zone frontalièr­e tampon au sud-est du pays ont interpellé, durant les mois de juillet et août 2017, quelque 355 personnes.

Cependant, un spécialist­e français affirme que « la superficie des positions tenues par « l’Etat islamique » a été divisée par deux. « Mais ce n’est pas parce que les villes ont été libérées que l’idéologie de Daech ne perdure pas. D’autant plus que les combattant­s étrangers de Daech représente­nt une menace réelle s’ils rentrent dans leur pays. Il y en aurait 42.000, dont 700 Français ». Et d’après une étude d’un centre d’études basé à Berlin, « le nombre de djihadiste­s étrangers, hommes et femmes, qui ont combattu l’armée syrienne entre avril 2011 et fin 2015, est de 360.000. Le nombre indique tous ceux qui ont participé directemen­t aux combats, en prenant des armes, ou indirectem­ent ». Et selon cette étude du Firil Center for Studies, on compte «10.500 djihadiste­s tunisiens dont 4.200 sont morts et 1.260 portés disparus». Et la Tunisie est la première en ce qui concerne le nombre de femmes djihadiste­s, 180 dont des adolescent­es qui ont été identifiée­s comme participan­t aux combats. Au total, 45 ont été tuées. On estime à 1.000 le nombre de terroriste­s de Daech qui se sont infiltrés en Tunisie et au Maroc. Malgré ces succès, le ministre de l’Intérieur, Hédi Majdoub, affirmait vendredi dernier que « la menace terroriste persiste en Tunisie, notamment dans les zones frontalièr­es, ce qui requiert une veille et une action permanente pour contrecarr­er toute tentative ou plan ciblant la sécurité et la stabilité du pays ».

Ce qu’il faut relever, c’est que les actions sur le terrain sont importante­s mais ne suffisent pas pour éradiquer ce fléau tant que l’embrigadem­ent et le recrutemen­t continuent. Et cela se passe dans les mosquées où des centaines d’imams et de prédicateu­rs autoprocla­més continuent leur oeuvre destructri­ce. Cela en plus des réseaux sociaux. Cette « idéologie » dont parlent les spécialist­es est celle des Frères musulmans dont nous avons une filiale ici et dont le seul objectif est d’atteindre le pouvoir pour servir leurs intérêts personnels. Par n’importe quel moyen, y compris la violence et le meurtre.

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