Que de vols déguisés !
Les arnaqueurs et escrocs rivalisent d’imagination pour soutirer un maximum d’argent à leurs clients qui se sentent parfois trahis.
Ces dernières années, la flambée des prix à la consommation ne connaît plus de limites. Profitant d’une certaine libéralisation, les spéculateurs de tout acabit s’en donnent à coeur joie. En veux-tu, en voilà ! Les comportements mêlant roublardise, duperie et malice pullulent désormais chez les commerçants, serveurs et cafetiers de la capitale. Afin de soutirer le plus de deniers possibles du pauvre client distrait et usurpé, les petits commerçants, restaurateurs et autres hôteliers n’hésitent plus à faire preuve d’une ingéniosité commerciale assez malsaine, à la limite de la fraude, faite de manigances et subterfuges. Passons sur la vente conditionnée qui sera prochainement traitée par La Presse, il s’agira, ici, de relater trois anecdotes sur la tarification illicite et frauduleuse dans différents espaces commerciaux ou prestataires de services durant ce mois d’août 2017, la chaleur estivale aidant.
Prix gonflés
Durant l’été, un hôtel trois étoiles de Bizerte (zone Sidi Salem) propose aux familles tunisiennes de passer la journée au bord de la piscine et la plage à condition de s’acquitter d’un droit d’entrée. Un tarif enfant à 10 D et un tarif adulte à 30 D sera exigé incluant un acompte de 20 D sur le snackrestaurant ce qui constitue un premier couac. Une famille de quatre personnes, composée de deux parents et de deux enfants, aura vécu dimanche passé un désagréable quart d’heure au moment de déjeuner vers 14h00, et ce, suite au fort décalage entre une offre à la carte et les plats offerts en variété, en consistance et en prix… Toute la gamme composée de fruits de mer est «tombée à l’eau» selon l’aveu du serveur qui répond à sa cliente qui désirait une assiette de spaghettis aux fruits de mer proposée pourtant à 28 D. Elle se contentera d’un plat de grillade mixte tandis que son époux aura droit à une simple daurade à 32 D ! L’assiette du trio de salades à 16 D constitue la goutte de trop, vu la maigreur des assiettes en quantité alimentaire réduite, mis à part celle des frites réchauffées.
Commande non conforme
Retour sur Tunis. Il y a deux semaines, un très ancien salon de thé d’El Menzah VI, calqué sur le modèle architectural parisien, n’a pas hésité à arnaquer un client attablé avec deux amis. Lui qui voulait gentiment payer la tournée se sentira dupé. Car la commande qui prévoyait deux grands cappuccino et une crêpe au chocolat a été mal estimée, calculée ou implicitement modifiée à la caisse. Le consommateur qui invitait ses amis devait payer, selon une juste et fiable estimation du prix affiché sur la carte remise, un montant de 15 D. Remettant un billet de vingt dinars prétextant un total de dix-neuf dinars, le gérant remit avec retard le dinar restant dû au client impatient de repartir rejoindre ses camarades. En lisant le ticket, plusieurs anomalies ont été constatées. La crêpe au chocolat lui a coûté neuf dinars et les deux cappuccino à 10 D. A sa grande surprise, le serveur lui a rétorqué avec des explications douteuses : « Sachez que vous avez consommé une crêpe au chocolat de marque “Nutella” qui coûte 9 D, par contre on vous rend un dinar sur les deux cappuccinos majorés de 500 millimes par erreur qui ne sont pas de goût arabica» . Une tarification illicite qui dupe le client car le prix de la crêpe au chocolat a été majorée de 50%. D’autres commerçants, plutôt escrocs, utilisent de mauvaises manoeuvres dans leurs opérations de vente. Un chef de famille l’a découvert à ses dépens.
Mauvaise foi
Il s’est rendu à la galerie sept, très connue pour la vente de produits technologiques et informatiques. Il voulait simplement acquérir une console de jeux vidéo pour son petit garçon. Il a demandé au vendeur d’une boutique à l’angle du centre comme condition sine qua none d’achat la possibilité de payer au moyen d’un chèque antidaté (ce qui tout naturellement est interdit). Lui accordant ce privilège, il lui remit une console Playstation 3 en bonne occasion contre 450 Dinars. Seulement deux jours plus tard, le compte du client a été tout de même débité à découvert, ce qui ne faisait pas les affaires de l’acheteur, victime de la mauvaise foi du commerçant roublard et malicieux. Beaucoup de gestes et paroles pour ne pas dire grand-chose et qui ne manifestent que l’intérêt personnel du commerçant qui déborde sur celui du prospect et impacte négativement sur la notion du «client roi». Cela en dit long, cependant, sur leurs mauvaises intentions. Si l’on évoque les arnaques de certains détaillants alimentaires, spécialistes du «calcul de petit épicier», le comble est atteint. Certains produits frais sont majorés de 20% par rapport au prix des supermarchés passant de 1,850 D à 2,400 D par exemple pour des petits Gervais. Les prix faramineux de narguilés (chichas) de luxe offerts dans un salon de thé à 100 et 150 D ont fait le buzz sur les réseaux sociaux. Impensable mais bien vrai pour une chicha qui coûte en moyenne 4 à 5 dinars.
Mohamed Salem KECHICHE