Loin d’être sans reproches
COMMENT peut-on analyser cette rencontre qui a tourné à l’avantage des Tunisiens en dépit de la petite forme affichée par quelques éléments et qui a été bouleversée par la réalité du terrain ? En effet, les Tunisiens ont assez bien contrôlé la rencontre et ont su gérer leur avance, mais la menace congolaise était bien réelle tout au long de ce match. Malgré leur retard au score, les Congolais, toujours aussi véloces et rapides à la détente, représentaient un danger permanent que les Tunisiens se gardaient de provoquer en essayant d’imposer leur propre rythme à la rencontre, aussitôt le deuxième but marqué.
Pourquoi cette «crainte» d’un éventuel renversement de la situation ?
Tout simplement parce que le milieu tunisien laissait filer trop de balles et que les Congolais, très bons techniciens, convertissaient cette baisse de régime au niveau de cette zone de vérité en danger immédiat. L’arrivée d’un nombre considérable de balles menaçantes a mis le rideau défensif tunisien dans des situations bien embarrassantes et il a fallu beaucoup de savoir-faire des joueurs représentant la colonne vertébrale de cette équipe, pour que les choses puissent se dérouler normalement, sans casse, jusqu’au coup de sifflet final.
Est-ce à dire que les nôtres ont mal joué ? Non, bien entendu, car dans ce cas, les Congolais se seraient retirés avec les trois points de la victoire, au moins avec un nul qui n’aurait pas représenté un hold up. La bonne prestation des Congolais, toujours menaçants et bons tripoteurs de balle, laissait en effet craindre un renversement de situation que l’espace concédé en milieu de terrain rendait plus ou moins imaginable.
Sur le banc, on semblait se rendre compte que les choses n’étaient pas aussi fluides que face aux Egyptiens, mais le sélectionneur a préféré attendre et faire confiance à l’expérience et au savoir-faire de ses joueurs clé. Et voilà que contre le courant du jeu, un contrôle mal fait donna l’occasion aux visiteurs de marquer un but stupide. La psychologie recommandait d’éviter de changer de joueurs de manière immédiate, pour éviter de transmettre un message négatif. Et le sélectionneur tunisien évita ce piège pour laisser le temps à ses joueurs de digérer leur mésaventure et pour retrouver leurs esprits. Ils eurent le mérite de se réorganiser plus ou moins rapidement, assez vite pour contrer les Congolais, encouragés par ce coup du sort favorable et qui essayèrent de faire douter leurs vis-à-vis. Des moments de poker menteur qui finit par tourner à l’avantage des Tunisiens dont la volonté a été certes mise à l’épreuve, mais qui ont quand même réussi à garder leur compacité et leur rigueur collective.
Ce métier et cette force de caractère, maintenant bien reconnue, ont fini par un magnifique nouveau coup d’accélérateur qui amena le deuxième but.
C’était mérité, pour une équipe pas dans un jour favorable, et qui même dans les instants qui ont suivi le but de l’égalisation, n’a pas sombré dans la fébrilité.
En dépit de tout, une victoire reste une victoire et même si le visage présenté n’était pas aussi resplendissant que face aux deux premiers adversaires, l’ensemble a gardé cette maîtrise de soi qui a prévalu dans les minutes qui ont suivi l’égalisation. Les nôtres ont réussi à atteindre leurs objectifs.
L’équipe de Tunisie peut voir venir. Elle possède une large marge de progression et encore des ressources qu’elle n’a pas encore sollicitées. Tout en s’adossant à cette ossature solide et bien expérimentée, elle saura comment colmater les brèches et corriger ces insuffisances qui sont apparues à l’occasion de cette rencontre.
Le match retour, — ce sera un tout autre match, dans des conditions bien difficiles —, n’est pas loin et il s’agit de savoir comment utiliser ce facteur temps qui reste, tout en profitant de l’avance au compteur qui représente quand même un avantage loin d’être négligeable.