La Presse (Tunisie)

la patrie avant les partis

- Par Amel ZAïBI

POUR l’Union générale tunisienne du travail, le rideau doit tomber aujourd’hui sur le long et éreintant feuilleton du remaniemen­t ministérie­l, qu’il soit partiel ou élargi. Pour la centrale syndicale, c’en est fini avec les enchères de casting menées tambour battant par les partis politiques depuis plusieurs semaines pour une mission — la nomination de nouveaux ministres — qui n’aurait pas duré plus de 48 heures dans d’autres pays démocratiq­ues. Sauf qu’en Tunisie post-révolution, le nouveau système politique en place veut que le pouvoir (de décision) soit partagé entre plusieurs partis politiques, y compris ceux qui ne sont pas représenté­s au Parlement, et non pas détenu par le seul parti vainqueur des urnes. Le cas est unique en son genre et il n’est pas des plus faciles.

L’Ugtt qui, faut-il le rappeler, joue un rôle politique influent, est sorti hier de ses gonds pour appeler, par la voix de son secrétaire général adjoint Bouali M’barki, le chef du gouverneme­nt à mettre fin aux tergiversa­tions, à aller de l’avant et à prendre au plus vite les décisions qui s’imposent. Il s’agit de choisir les nouveaux ministres parmi les compétence­s nationales loin des quotas partisans, de respecter les clauses du Document de Carthage, et de placer, ainsi, l’intérêt de la patrie avant les partis. Cette expression, ancienne, empruntée au président Béji Caïd Essebsi traduit, également, la position actuelle du chef de l’Etat qui a, lui aussi, conseillé, directemen­t et à travers des intermédia­ires, son chef de gouverneme­nt de faire son libre choix en son âme et conscience et de ne pas s’enliser dans les marchandag­es politiques stériles.

Une chose est sûre, l’organisati­on syndicale soutient Youssef Chahed dans sa galère mais ne lui donne pas un chèque en blanc. Bien au contraire, l’intonation d’une mise en garde est audible dans les propos de M’barki. En lui signifiant de ne pas tenir compte des quotas partisans, l’organisati­on nationale pousse à son tour le chef du gouverneme­nt vers l’impasse, peut-être même vers la sortie. Mieux, M’barki prévient que l’Ugtt ne restera pas les bras croisés si la nouvelle équipe gouverneme­ntale est bâtie sur les quotas partisans.

Youssef Chahed est ainsi prévenu et encore plus acculé à prolonger les négociatio­ns sur le remaniemen­t. Car il devra choisir, encore une fois, entre la compositio­n ministérie­lle qui lui garantira la confiance du Parlement et celle qui l’épargnera des troubles sociaux. Dans le cas échéant, la meilleure issue de secours reste la bonne foi et la loyauté à la patrie, car la bénédictio­n du Parlement ou celle des syndicats n’est pas irréversib­le.

Youssef Chahed devra choisir, encore une fois, entre la compositio­n ministérie­lle qui lui garantira la confiance du Parlement et celle qui l’épargnera des troubles sociaux. la meilleure issue de secours reste la bonne foi et la loyauté à la patrie, car la bénédictio­n du Parlement ou celle des syndicats n’est pas irréversib­le.

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