L’heure de vérité !
Il est impératif d’écarter l’idée d’un gouvernement de partage du gâteau refusant le visa aux compétences et sous la pression des diktats partisans. Alors que l’économie et l’ensemble du pays attendent un gouvernement de combat cohérent et discipliné derr
Il devait être annoncé mercredi ou jeudi mais semblerait devoir être l’objet de nouvelles tractations «de dernière minute», le nouveau gouvernement Chahed balance entre le sauvetage et le partage. Durant les quelques derniers jours, les discussions étaient âpres autour du ministère de l’Intérieur, entre un départ du titulaire actuel, au profit d’un sécu- ritaire proposé par Chahed, et un retour de Gharsalli souhaité par Ennahdha. Le bras de fer a été également musclé à propos du ministère des Finances et des autres ministères économiques, avec la scission envisagée du mégaministère de Zied Laâdhari et un rappel de Chaker aux commandes d’un ministère clé où il n’avait manifestement pas brillé. La bataille de fond consiste en l’opposition entre deux approches, celle du chef du gouvernement fondée sur une équipe solidaire solide s’articulant autour de lui, et celle que partagent Rached Ghannouchi et Hafedh Caïd Essebsi, revendiquant les deux tiers des départements, proportionnellement aux résultats des législatives de 2014.
Il devait être annoncé mercredi ou jeudi mais semblerait devoir être l’objet de nouvelles tractations «de dernière minute», le nouveau gouvernement Chahed balance entre le sauvetage et le partage. Durant les quelques derniers jours, les discussions étaient âpres autour du ministère de l’Intérieur, entre un départ du titulaire actuel, au profit d’un sécuritaire proposé par Chahed, et un retour de Gharsalli souhaité par Ennahdha. Le bras de fer a été également musclé à propos du ministère des Finances et des autres ministères économiques, avec la scission envisagée du mégaministère de Zied Laâdhari et un rappel de Chaker aux commandes d’un ministère clé où il n’avait manifestement pas brillé.
Deux approches diamétralement opposées
La bataille de fond consiste en l’opposition entre deux approches, celle du chef du gouvernement fondée sur une équipe solidaire solide s’articulant autour de lui, et celle que partagent Rached Ghannouchi et Hafedh Caïd Essebsi, revendiquant les deux tiers des départements, proportionnellement aux résultats des législatives de 2014. Bref, les deux grands partis souhaitent disloquer l’équipe Chahed pour la reconfigurer selon leur bon vouloir. Soit au ser- vice du fameux «Comité de coordination» annoncé il y a quelques semaines par les deux partis . Pour le peuple tunisien, l’enjeu est le sauvetage du pays. Celui des deux partis est également d’assurer un contrôle direct sur le gouvernement, qui s’ajouterait à leur contrôle sur la majorité parlementaire. Donc un partage partisan des postes au détriment de l’inclusion de compétences techniques confirmées et de personnalités politiques d’envergure.
Des conséquences majeures pour le pays
Les deux hypothèses sont-elles de nouveau renégociées en ce moment, ajournant une nouvelle fois l’annonce ? Auquel cas s’opposeraient deux options antagoniques dont les conséquences peuvent être majeures. Soit un gouvernement d’union nationale consolidé par des compétences, soudé autour de Youssef Chahed. Soit un gouvernement de partisans portant le drapeau et les consignes des deux « grands partis » . Or cette dernière hypothèse ne manquera pas de déstabiliser l’union nationale, de marginaliser les partis ayant paraphé le Document de Carthage et d’affaiblir considérablement Youssef Chahed, un homme qui a balisé le chemin des réformes stratégiques et gagné quelques batailles essentielles qui lui valent la confiance des Tunisiens. Dont la déclaration de guerre à la corruption et la grande bataille menée contre le réseautage terroriste.
Va-t-il céder aux sommations ou passer un compromis ?
On peut donc affirmer que c’est vraiment l’heure de vérité. Car si Chahed cède aux sommations des deux partis, l’unité nationale mise en route par le président Caïd Essebsi risque de voler en éclats au profit d’un nouveau retour à la case départ. Et s’il ne cède pas, il risque de voir les deux groupes parlementaires les plus nombreux lui refuser une «confiance» au renouvellement de laquelle ils tiennent absolument. A moins d’un passage en force lequel sera du ressort du Tribunal administratif. Ou d’un compromis étriqué de dernière minute. Car il est impératif d’écarter l’idée d’un gouvernement de partage du gâteau refusant le visa aux compétences et sous la pression des diktats partisans. Alors que l’économie et l’ensemble du pays attendent un gouvernement de combat cohérent et discipliné derrière un Premier ministre ayant fait la preuve de sa détermination.