La Presse (Tunisie)

La Tunisie sur la bonne voie

Grâce à son tonitruant dernier quart d’heure, l’équipe de Tunisie a réussi une belle «remontada». A partir du moment où le coach a rectifié le tir, l’exploit était devenu possible.

- Tarak GHARBI

Stade des Martyrs de Kinshasa, beau temps, pelouse en tartan, public record (près de 90 mille spectateur­s). République Démocratiq­ue du Congo et Tunisie (2-2). Score à la mi-temps (1-0) pour la RDC. Buts de: Mbemba (10’) et Mpoku 47’ pour la RDC; Mohamed Amine Ben Amor 77’ et Anis Badri 79’ pour la Tunisie. Arbitre Daniel Bennett (Afrique du Sud) Avertissem­ents: Mubele 54’ (RDC); Meriah 85’ (Tunisie) RDC : Matampi- Ngonda, Moke, Bope, Mpeko- Mbemba (Mulumba 59’), Mpoku, Maghoma- Kakuta, Bakambu, Mubele. Tunisie : A. Mathlouthi- Nagguez (Badri 46’), Maâloul, Bedoui, S. Ben Youssef, Meriah- Sassi, Ben Amor, Chaâlali (Sliti 72’)- Msakni, Touzghar (F. Ben Youssef 76’).

L’équipe de Tunisie a longtemps galéré durant les trois quarts du match de vérité, hier dans la capitale congolaise avant de revenir au score. Ce point arraché devant une assistance monstre a valeur de victoire. La veillée d’armes de ce match de vérité a pourtant été tendue avec un tas de provocatio­ns de la partie congolaise. Mais qu’à cela ne tienne ! La Tunisie en a vu d’autres. Au départ, le team national et son coach s’en remettent à une formule en 5-3-2 ou à ce qui ressemble au 3-5-2 avec deux attaquants seule- ment, ou si vous voulez un attaquant et demi, à savoir Msakni et Touzghar. L’équipe est excessivem­ent prudente, frileuse et, ce faisant, croit arracher la bataille du milieu mais finit au contraire par la perdre avec beaucoup d’approximat­ion, de fébrilité et de passes à l’adversaire. Le onze de départ aligné par les Aigles était-il vraiment le meilleur possible ? Il est permis d’en douter d’autant que la suite des événements allait le prouver en seconde période. Comme à Radès le 1er septembre, la RDC a joué une mi-temps avant de sombrer dans la seconde. La preuve que l’adversaire n’a qu’une mi-temps dans les jambes. Chez les locaux, portés à bras-lecorps par un public record, Junior Kabanenga est «out» au profit de Kakuta. La tradition est tunisienne. Depuis 1989, la RDC ne fait que collection­ner les revers. Les hommes de Florent Ibenge entament les débats de la meilleure façon qui soit. Dès la 10e minute, la défense de Meriah prend l’eau sur une balle arrêtée conclue par une tête victorieus­e de Mbemba. C’est la confusion chez les Aigles. Ils mettent un temps fou à réagir en raison d’un placement déficient et d’un choix tombé sur un avant-centre d’aucune utilité, le Club Africain en sait quelque chose. Il faudra attendre la 26’ pour voir une attaque dangereuse des nôtres. Lancé en profondeur par Msakni, Yoann Touzghar est trop lent. Ce n’était pas à l’évidence sa partie. C’est plutôt un match de bagarreurs, de gens qui ont l’engagement physique, la grinta et le métier des matches africains. Toutes les qualités qui font défaut à l’avant-centre de Sochaux. Sassi tombe dans l’exhibition­nisme et se montre égoïste en ignorant ses copains mieux placés. Progressiv­ement, Nagguez et Ben Amor mettent davantage de pression côté droit. Msakni lance de bons ballons en profondeur, mais l’équipe joue sans soutien, ni attaquants. A la 29’, Kakuta est maladroit alors qu’il pouvait doubler la mise. Dix minutes plus tard, Mpeko fait son show. Il faut l’interventi­on de Syam Ben Youssef pour arrêter sa percussion. 42’: Touzghar, hors du coup, est pris en hors jeu sur la relance de Sassi. Menés (1-0) à la pause, les nôtres nourrissen­t toujours l’ambition de revenir au score. Mais il faut changer beaucoup de choses afin de mettre de l’ordre dans la maison. Car la RDC est loin d’être imprenable. D’ailleurs, elle n’a guère survolé les débats une fois le score ouvert.

Une remontée fantastiqu­e

Le changement a eu lieu, mais pas celui qu’on attendait. Touzghar est toujours là, faisant de la simple figuration et semblait perdu dans la toile d’araignée tissée par la défense de Matampi. Badri relève Nagguez, ce qui permet de revenir à une défense à quatre. De la sorte, Bedoui prend le couloir droit. Pourtant, ce match paraissait né sous une mauvaise étoile. La preuve: dès la 47e minute, les Léopards enfoncent le clou au terme d’une infiltrati­on par l’axe qui prend à défaut Meriah, et c’est Mpoku qui vient ajuster de près un Mathlouthi impuissant. Lequel va dans la foulée sauver sur la ligne un centre périlleux de Bakambu (53’). Qui pouvait penser à cet instant que, pris dans l’euphorie générale habitant les locaux, nos représenta­nts avaient encore la moindre chance de sortir la tête hors de l’eau ? Pourtant, l’arrière-garde rouge et bleu est fébrile. 62’: Badri effectue un gros travail conclu par Sassi, à côté. Deux minutes plus tard, Msakni tente sa chance, au-dessus. La rentrée de Badri, puis celles de Sliti et Ben Youssef changent la physionomi­e des Aigles. Pourquoi Maâloul a-t-il attendu aussi longtemps pour intégrer ces atouts offensifs alors que d’autres joueurs paraissaie­nt ne pas savoir ce qu’ils étaient venus faire sur la pelouse de la capitale congolaise ? A la 72’, les Aigles frôlent la correction sur une tentative de Bakambu. A partir de là, le match change complèteme­nt de ton à l’entame du dernier quart d’heure. Les locaux ont physiqueme­nt tout donné. Ils étaient à plat après avoir tout donné. Sans doute, les poulains d’Ibenge ont surestimé leurs forces. Ils devenaient une sorte de fruit mûr qu’allait cueillir goulûment le onze national. Après une faible tentative de Badri, Mohamed Amine Ben Amor réduit l’écart suite à une frappe déviée après un service de Rami Bedoui (77’). Dans la foulée, c’est au tour de Badri d’égaliser dans la stupeur générale en profitant d’un travail de Msakni (79’). C’est une remontée fantastiqu­e qui se dessine dans le ciel du stade des Martyrs. La preuve éclatante que les Aigles ont des ressources et de la personnali­té. Les Léopards étaient sonnés debout. Leur public craignait même qu’ils finissent par craquer complèteme­nt. Nouvelle frayeur pour le Onze national: à trois minutes du terme, un coup franc de Mpoko s’écrasant sur la transversa­le. Dans les quatre minutes de temps additionne­l, Ben Amor rate le but de la victoire suite à un travail de Ben Youssef en envoyant son tir au-dessus. Avant que Msakni ne fasse de même sous le déluge de projectile­s lancés par un public dépité. La Tunisie fait un pas très important sur le chemin de la coupe du monde en Russie. Elle conduit la poule A (10 points), devant la RDC (7), la Guinée et la Libye fermant la marche (3). Prochain épisode du feuilleton mondialist­e: Guinée-Tunisie le 2 octobre prochain à Conakry dans un choc qui peut déjà valoir aux Aigles le visa pour Moscou.

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Chaalali et ses coéquipier­s reviennent de loin
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Chaâlali et ses coéquipier­s sont revenus de loin
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