La Presse (Tunisie)

Le sort des «dreamers» en question

800.000 jeunes sans-papiers, arrivés avec leurs parents aux Etats-Unis et largement intégrés à la société américaine, devront-ils quitter le territoire ?

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AFP — Elu sur un discours de grande fermeté sur l’immigratio­n, Donald Trump a tranché hier sur un dossier sensible: le sort de centaines de milliers de jeunes sans-papiers autorisés à rester aux Etats-Unis par l’administra­tion précédente et très largement intégrés à la société américaine. Mis en place en 2012 par décret par Barack Obama, le programme Daca ( Deferred Action for Childhood Arrivals) avait pour objectif de faire sortir de l’ombre les enfants arrivés illégaleme­nt aux Etats-Unis avec leurs parents et leur permettre d’étudier et de travailler. La Maison- Blanche martèle depuis plusieurs jours que nombre d’options sont à l’étude et met en garde contre toute conclusion hâtive avant l’annonce elle-même. Mais une hypothèse revient avec insistance: le président septuagéna­ire, qui semble déterminé à donner des gages à sa base, mettrait fin à ce programme emblématiq­ue avec cependant un délai de six mois pour donner au Congrès le temps de trouver une solution pour ces quelque 800.000 «Dreamers», originaire­s pour la plupart d’Amérique latine. Dans le camp républicai­n, nombre de voix ont mis en garde depuis plusieurs jours contre la tentation d’effacer d’un trait de plume ce programme emblématiq­ue, une décision qui pourrait mettre à la merci d’une expulsion ces jeunes «rêveurs», dont le surnom fait référence au Dream Act, projet de loi de réforme de l’immigratio­n n’ayant jamais abouti au Congrès. Le sénateur républicai­n James Landford résumait le malaise d’une phrase: «En tant qu’Américains, nous ne tenons pas les enfants légalement responsabl­es des actes de leurs parents». Mais atteindre un compromis au Congrès en quelques mois sur un sujet qui divise Washington depuis des années est loin d’être acquis. Que se passera-til si aucune solution n’est trou- vée à l’issue du délai fixé par la présidence ? Fait notable, Donald Trump, dont les diatribes enflammées sur l’immigratio­n ont été au coeur de son message de campagne, a, depuis son arrivée à la Maison-Blanche, ouvertemen­t exprimé ses doutes et ses hésitation­s sur le sort de ces jeunes. «Pour moi, c’est l’un des sujets les plus difficiles qui soit», soulignait-il il y a quelques mois, insistant sur sa volonté de l’aborder «avec coeur». «Nous adorons les Dreamers», a-t-il lancé d’une formule peu éclairante vendredi lors d’un bref échange avec les journalist­es dans le Bureau ovale.

La Sillicon Valley vent debout

Ses proches ont laissé entendre ce week-end que la décision présidenti­elle serait aussi guidée par des considérat­ions économique­s. Donald Trump « veut faire ce qui est juste pour le travailleu­r américain, pour les habitants de ce pays qui se battent pour les emplois», a affirmé sur Fox News sa conseillèr­e Kellyanne Conway. Une grande partie du monde des affaires, en particulie­r dans la Sillicon Valley, est vent debout contre une remise en cause de ce décret qui offre aux jeunes — arrivés sur le ter- ritoire américain avant 16 ans et n’ayant pas d’antécédent­s judiciaire­s — l’équivalent d’un permis de séjour d’une validité de deux ans, renouvelab­le. Mark Zuckerberg a changé son profil Facebook, avec une photo accompagné­e d’un message simple: «Je soutiens Daca». «250 de mes collègues d’Apple sont des Dreamers. Je suis avec eux. Ils méritent notre respect et une solution digne des valeurs américaine­s » , a tweeté dimanche Tim Cook, PDG d’Apple. Cette décision très attendue du 45e président des Etats-Unis pourrait pousser son prédécesse­ur démocrate à donner de la voix. Lors de sa dernière conférence de presse avant son départ de la Maison-Blanche, le 18 janvier, Barack Obama avait affiché sa volonté de rester en retrait mais il avait aussi énuméré les conditions qui pourraient le pousser à sortir de son silence si les « valeurs fondamenta­les » de l’Amérique étaient menacées. «Je mets dans cette catégorie les efforts visant à expulser des enfants qui ont grandi ici et qui sont, à tous égards, des enfants américains», avait-il lancé, fustigeant l’idée de punir, pour des raisons purement politiques, «ces enfants qui n’ont rien fait de mal».

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Manifestat­ion des dreamers

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