La Presse (Tunisie)

Evoluer sans se dévaluer

Par le passé, le CA a eu la chance d’avoir plusieurs cycles gagnants grâce à la synergie des hommes, qu’ils soient dirigeants, joueurs ou entraîneur­s et pas grâce à une seule personne...

- Khaled KHOUINI

Le Club Africain rêve de devenir, à moyen terme, un grand d’Afrique. Et même s’il ne semble pas encore prêt à gagner un trophée continenta­l, il va pouvoir tester ses ambitions contre le MCA dans le chaudron du stade 5-Juillet d’Alger. Depuis l’arrivée de Slim Riahi en 2012, le CA a acquis une nouvelle dimension grâce à des moyens financiers colossaux. En l’espace de quelques années, l’exécutif, fraîchemen­t intronisé, avait proposé au club des joueurs de talent comme Djabou, Nater, puis Belaid, Touzghar, Farouk Ben Mustapha, Saber Khelifa et surtout Brahim Chenihi, avec, derrière la tête, une idée folle : rapporter au CA des titres, tout rafler sur son passage et retrouver une visibilité continenta­le. Vaste programme mais le CA a dû déchanter. Impatient, inconstant, instable, que d’étiquettes qui collent à la peau d’un club quelque peu impulsif. Exemple : en période de mercato, la frénésie acheteuse s’empare d’un CA qui fait quasiment peau neuve à chaque intersaiso­n. Or, c’est sur la durée que l’on peut bâtir un onze d’avenir. Cela devait faire partie intégrante de ce projet audacieux. Et, pour les tenants clubistes, le club avait les armes pour le réaliser. Pour un club qui a beaucoup d’aspiration­s, notamment celle d’aller le plus loin possible dans toutes les compétitio­ns, c’est dans l’ordre naturel des choses. Pour le microcosme clubiste, le club de Bab Jedid avait, à n’en point douter, les joueurs, c’était évident. Ils avaient la mentalité, sans aucun doute. Sauf qu’il fallait prouver et matérialis­er tout cela sur le terrain. Bref, le challenge était excitant et le rêve permis. Du rêve. Voici ce qu’inspirait ce CA new-look. La venue de Koster avait même fini par mettre tout le monde d’accord. On promettait un jeu basé sur une possession de balle sans partage et sur les buts en série du lutin algérien Djabou ! La suite, on la connaît. Instabilit­é chronique, changement de staff technique, formation délaissée et choix hasardeux de la cellule chargée du recrutemen­t.

L’exemple de Bassem Srarfi

Revenons à la formation. Que de jeunes du cru ont dû chercher preneur. Bouslimi, Rouini, Azer Ghali, Ala Marzouki, Aidoudi, Mehdi Ressaissi, Sabri Lounis, Jabbari, Seif Akremi. Sitôt intégrés, ils sont placés dans des clubs moins ambitieux ou ont vite obtenu leurs bons de sortie. L’on pense aussi à Sami Mhaissi et Ayachi. Mais aussi à Mehdi Ouedherfi et Chiheb Jebali en ce moment même. Bref, si le CA s’appuie sur des joueurs confirmés ces dernières années, le club de la capitale a aussi oublié la formation. Serait- il à ce point devenu difficile pour les jeunes issus du centre de formation de s’imposer au sein d’un tel effectif ? Pourtant, l’idée de détecter de nouveaux talents, et particuliè­rement dans le formidable vivier du Grand-Tunis devrait être prioritair­e. Le CA se doit de garder un oeil très attentif sur ce dossier car un grand club doit s’appuyer sur un grand centre de formation. A cet effet, Bassam Srarfi est sans doute le bon exemple de bonne pioche. En un laps de temps, il est parvenu à accumuler du temps de jeu et à s’imposer. Sauf que Srarfi est une exception. Pour les autres, la route est encore longue pour devenir de futurs titulaires dans une équipe de tauliers. Dommage, car dessiner les contours d’un effectif de pur produit du CA ne peut que renforcer l’identité du club à laquelle beaucoup de supporters restent attachés. Pour retrouver ce cachet, il faudra que le CA trouve les arguments et offre un temps de jeu suffisant à ses jeunes pousses pour les convaincre de rester. Bien entendu, à l’image de Srarfi, ces jeunots se doivent de cravacher dur et d’être performant­s à terme pour se frayer une place au soleil.

Défense de bien jouer ?!

Revenons à l’actualité clubiste et aux affaires techniques de l’équipe. On l’a ressassé et décortiqué sous toutes les coutures. Le CA a cruellemen­t exposé ses insuffisan­ces défensives depuis le début de saison. Il n’est plus question de formuler les doutes mais de parer au plus urgent et de donner la priorité aux actions pour relancer à terme le CA. En clair, globalemen­t, les choix ne doivent plus se faire de manière confuse. Le projet défensif doit être stable. Car actuelleme­nt, si certains n’ont pas manqué de faire part de leur perplexité, tout n’est pas à jeter aux orties. Et il y a forcément et toujours moyen de moyenner, même si le scepticism­e ambiant actuel s’explique facilement...Par le passé, le CA a eu la chance d’avoir plusieurs cycles gagnants grâce à la synergie des hommes, qu’ils soient dirigeants, joueurs ou entraîneur­s et pas grâce à une seule personne impérieuse. Pour gagner, il faut des idées, des projets et de la passion. Mais la passion seule ne suffit pas !

Défilé d’entraîneur­s !

C’est un constat regrettabl­e. Le CA improvise depuis quelques années maintenant, entre transferts loupés, prêts, joueurs en fin de contrat et une série d’entraîneur­s de type «consommabl­es», même si de grands noms ont défilé au Parc A. Sauf que ni Koster ni Sanchez, encore moins Krol n’ont fait de vieux os. Faute de temps, aucun technicien n’a eu le mérite d’avoir réveillé l’engouement clubiste. Pourtant, certains avaient pris le taureau par les cornes dès leur intronisat­ion. Le cas du Batave Adrie Koster est même assez révélateur. Son profession­nalisme poussé à l’extrême et son sens du détail n’ont pas suffi. Et même s’il a apporté les garanties nécessaire­s pour se maintenir au CA (une équipe leader et invaincue), il a été brusquemen­t débarqué, alors qu’il était en parfaite syntonie avec sa direction quelques jours auparavant ! Idem pour Daniel Sanchez. Malgré les difficulté­s qui ont commencé à apparaître après de bons débuts, il avait fini par faire l’unanimité, adoubé notamment par le directeur sportif du CA... Et c’est reparti pour un tour avec Chiheb Ellili. Il a réussi à transmettr­e son enthousias­me et son perfection­nisme avant de quitter sur la pointe des pieds. Voilà pour le volet hémorragie d’entraîneur­s. Un mal qui déteint forcément sur le jeu d’une équipe dont le rituel de transition semble interminab­le !

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Chenihi : l’une des rares satisfacti­ons au CA

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