Des rapports de force restés inchangés
Avec 36 membres — dont 28 ministres et 7 secrétaires d’Etat — le nouveau gouvernement Chahed reste assez ramassé et conserve l’ossature et les équilibres de l’équipe sortante. Le compromis semble donc avoir prévalu entre la vision partisane et l’inclusion de compétences. Mais l’on n’a pas vraiment fait appel à de très grosses pointures dans les départements économiques mais à des profils administratifs bien rodés ou des partisans «light».
Les finances, enjeu de taille et cheville ouvrière d’un meilleur équilibre du Trésor public, ont été confiées à Ridha Chelghoum qui était jusque-là le directeur de cabinet de Youssef Chahed après avoir été ministre-conseiller du président de la République, chargé des affaires économiques. C’est manifestement un choix concerté entre les deux têtes de l’exécutif sur lequel on parie.
Mais les autres départements économiques théoriquement promis à des renforts en compétences techniques ne semblent se plier à cet impératif que très partiellement.
L’Intérieur est revenu au colonel-major Lotfi Brahem, un sécuritaire chevronné diplômé des écoles militaires et de sécurité, dont le rôle à la tête de la Garde nationale a prévalu avec maestria dans le démantèlement des réseaux sécuritaires et la défense des zones frontalières. Dans les coulisses on évoque un grand feeling le liant au chef du gouvernement, lequel a donc, en définitive, réussi à l’imposer.
Le retour de Abdelkrim Zbidi à La Défense et la confirmation de Khémaïes Jhinaoui aux Affaires étrangères ont donc, de toute évidence, été du ressort du chef de l’Etat qui aurait également protégé Majdouline Charni qui, sans être vraiment reconnue comme experte dans les activités sportives ou de jeunesse, reste un symbole de reconnaissance aux sacrifices consentis par les sécuritaires, à travers son défunt frère Socrate.
Enfin, le président semble avoir fait confiance à Hatem Ben Salem à l’Education et à Slim Chaker à la Santé.
Côté ministères économiques, Zied Laâdhari qui cumulait l’industrie et le commerce a fini par atterrir au ministère du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale qui a la charge de la planification. Alors que le Commerce est confié à un proche de l’Utap, Omar Béhi, qui était jusque-là secrétaire d’Etat à la Production agricole, sous-département qu’il emporterait avec lui, selon certains échos.
La plupart des autres départements ont grosso modo gardé leurs titulaires.
Reste une petite évaluation de la distribution des portefeuilles sur les différents partis. Il semblerait que les rapports de force soient restés inchangés, sauf que dans les départements économiques Ennahdha aurait «gagné» un point. Qu’importe si la cohésion reste de mise et le sauvetage du pays le but solidaire commun.