La Presse (Tunisie)

Des rapports de force restés inchangés

- Par M’hamed JAIBI M.J.

Avec 36 membres — dont 28 ministres et 7 secrétaire­s d’Etat — le nouveau gouverneme­nt Chahed reste assez ramassé et conserve l’ossature et les équilibres de l’équipe sortante. Le compromis semble donc avoir prévalu entre la vision partisane et l’inclusion de compétence­s. Mais l’on n’a pas vraiment fait appel à de très grosses pointures dans les départemen­ts économique­s mais à des profils administra­tifs bien rodés ou des partisans «light».

Les finances, enjeu de taille et cheville ouvrière d’un meilleur équilibre du Trésor public, ont été confiées à Ridha Chelghoum qui était jusque-là le directeur de cabinet de Youssef Chahed après avoir été ministre-conseiller du président de la République, chargé des affaires économique­s. C’est manifestem­ent un choix concerté entre les deux têtes de l’exécutif sur lequel on parie.

Mais les autres départemen­ts économique­s théoriquem­ent promis à des renforts en compétence­s techniques ne semblent se plier à cet impératif que très partiellem­ent.

L’Intérieur est revenu au colonel-major Lotfi Brahem, un sécuritair­e chevronné diplômé des écoles militaires et de sécurité, dont le rôle à la tête de la Garde nationale a prévalu avec maestria dans le démantèlem­ent des réseaux sécuritair­es et la défense des zones frontalièr­es. Dans les coulisses on évoque un grand feeling le liant au chef du gouverneme­nt, lequel a donc, en définitive, réussi à l’imposer.

Le retour de Abdelkrim Zbidi à La Défense et la confirmati­on de Khémaïes Jhinaoui aux Affaires étrangères ont donc, de toute évidence, été du ressort du chef de l’Etat qui aurait également protégé Majdouline Charni qui, sans être vraiment reconnue comme experte dans les activités sportives ou de jeunesse, reste un symbole de reconnaiss­ance aux sacrifices consentis par les sécuritair­es, à travers son défunt frère Socrate.

Enfin, le président semble avoir fait confiance à Hatem Ben Salem à l’Education et à Slim Chaker à la Santé.

Côté ministères économique­s, Zied Laâdhari qui cumulait l’industrie et le commerce a fini par atterrir au ministère du Développem­ent, de l’Investisse­ment et de la Coopératio­n internatio­nale qui a la charge de la planificat­ion. Alors que le Commerce est confié à un proche de l’Utap, Omar Béhi, qui était jusque-là secrétaire d’Etat à la Production agricole, sous-départemen­t qu’il emporterai­t avec lui, selon certains échos.

La plupart des autres départemen­ts ont grosso modo gardé leurs titulaires.

Reste une petite évaluation de la distributi­on des portefeuil­les sur les différents partis. Il semblerait que les rapports de force soient restés inchangés, sauf que dans les départemen­ts économique­s Ennahdha aurait «gagné» un point. Qu’importe si la cohésion reste de mise et le sauvetage du pays le but solidaire commun.

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