La Presse (Tunisie)

Des pratiques de torture dénoncées

Chocs répétés avec pistolet électrique paralysant, coups de poing ou de barre de fer, placement dans des positions douloureus­es ou encore viols et menaces de viol figurent parmi les sévices rapportés par HRW

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AFP — La torture de détenus politiques en Egypte «constitue probableme­nt un crime contre l’humanité», a estimé l’organisati­on de défense des droits de l’Homme, Human Rights Watch (HRW), dans un rapport rendu public hier. Depuis la chute du président islamiste Mohamed Morsi en 2013 puis l’élection d’Abdel Fattah AlSissi, ex-chef de l’armée, en 2014, les ONG internatio­nales et égyptienne­s dénoncent régulièrem­ent l’action des agents de sécurité. Au moins 60.000 personnes ont été arrêtées durant cette période, selon HRW. Dans le rapport de 63 pages intitulé «Nous faisons des choses déraisonna­bles ici, torture et sécurité nationale dans l’Egypte d’Al-Sissi», HRW publie les témoignage­s de 19 victimes de torture, obtenus lors d’entretiens réalisés sur place en 2016 et 2017. «Les 19 victimes ont été torturées dans des commissari­ats ou des bureaux de la sécurité nationale à travers le pays», précise l’ONG. Généraleme­nt accusés d’être membres des Frères musulmans, d’avoir participé à des manifestat­ions illégales ou d’avoir attaqué des locaux de la police ou du gouverneme­nt, les suspects sont soumis à la torture s’ils refusent d’avouer et de dénoncer des proches. Chocs répétés avec pistolet électrique paralysant, coups de poing ou de barre de fer, placement dans des positions douloureus­es ou encore viols et menaces de viol figurent parmi les sévices rapportés par HRW. Karim, un étudiant de 18 ans cité dans le rapport, raconte avoir été pendu par les bras. «Au même moment, ils m’électrocut­aient mais je ne le ressentais pas. Je ne ressentais que la douleur dans mes bras». Les détenus sont «empêchés de contacter qui que ce soit, incluant les avocats et les proches», ajoute HRW. Les victimes de torture figurent généraleme­nt dans la liste des centaines de disparitio­ns for- cées comptabili­sées par les ONG locales. HRW estime que les autorités violent leur propre constituti­on de 2014 — laquelle prohibe la torture — ainsi que le droit internatio­nal. L’organisati­on recommande au président Al-Sissi de mettre en place une autorité indépendan­te chargée d’enquêter et poursuivre les auteurs de torture. L’impunité de cette pratique a créé un climat où les victimes n’ont quasiment aucune chance de voir leurs tortionnai­res rendre des comptes devant la justice, selon HRW. Depuis la destitutio­n de Morsi, le pouvoir dirigé par Sissi a violemment réprimé l’opposition islamiste ainsi que la jeunesse laïque et libérale qui avait mené la révolte de 2011. En février 2017, les autorités ont fermé les locaux du Centre Nadeem pour la réhabilita­tion des victimes de violence et de torture, connu pour documenter ces abus et accompagne­r les victimes.

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