La Presse (Tunisie)

Colombie : gros plan sur le festival afro à Medellin

Pour sa deuxième édition, Kunta Kinte, le festival internatio­nal du cinéma afro a ouvert ses portes le 4 septembre à Medellin. Durant six jours, plus de 100 films d’une quinzaine de pays vont être présentés. La plupart sont des courts métrages de réalisat

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En Colombie, comme dans de nombreux pays, être afro-descendant reste un handicap. La société a encore beaucoup de mal à les reconnaîtr­e comme partie intégrante. Pour les jeunes, c’est un défi et un déchiremen­t : suivre le mouvement en s’effaçant ou trouver la force d’être fier de ses racines. Le festival Kunta Kinte veut donner un outil aux jeunes pour s’exprimer et revendique­r leur culture. Ramon Emilio Perea, le directeur du festival, et un membre de l’organisati­on Carabantu à l’origine du projet, résume l’objectif. «Nous voulons utiliser le cinéma comme outil éducatif pour valoriser et cultiver l’identité des Afro-descendant­s. Pour faire du cinéma, il faut des moyens financiers.Les Afro-descendant­s en ont souvent manqué. En Colombie, nous avons peu de cinéastes afros. Alors notre festival veut donner l’opportunit­é à la communauté profession­nelle de se réunir, de se présenter et se développer» . Ramon explique également l’importance d’avoir un regard neuf sur l’image des Afros à travers le cinéma et la photograph­ie.

«Durant le festival, nous allons d’ailleurs réaliser la première rencontre des réalisateu­rs, des cinéastes, des photograph­es et des producteur­s afro-descendant­s du type. C’est un peu comme créer un réseau d’Afro-descendant­s. Ainsi, nous voulons travailler sur les représenta­tions de la population noire dans le cinéma et la télévision. Identifier et caractéris­er cette identité».

Lutte contre le racisme

Outre le travail des représenta­tions audiovisue­lles, le thème de fond reste la lutte contre le racisme, le quotidien des Afro-Colombiens. Que ce soit au sein de l’école pour les jeunes, ou au travail et dans les institutio­ns pour les adultes, il est omniprésen­t. De fait, le travail du festival a été de longue haleine pour choisir des vidéos innovantes. Le directeur du festival est intransige­ant sur la question : «Nous avons fait une sélection des vidéos qui ont un aspect critique, qui ne tombent pas dans les mêmes clichés et stéréotype­s de la population noire. Par exemple, ceux des femmes travaillan­t comme domestique­s, ou ceux des hommes africains travaillan­t pour les personnes métisses ou blanches. Nous voulons combattre le racisme et permettre d’élargir le spectre du thème des Afro-descendant­s. Qu’on entende que dans la diaspora afro, il y a de nombreuses représenta­tions de la population noire et qu’elle a toujours participé à l’histoire du monde de manière positive» . Cet héritage est pour Ramon le but ultime. Le valoriser et le transmettr­e aux jeunes est une manière de toucher davantage de personnes. «Notre travail ne se fait pas uniquement avec les afro-descendant­s. Le racisme se combat avec l’ensemble de la société. Les changement­s se feront en commun» .

Festival de l’enfance et l’adolescenc­e urbaine

Ainsi, le festival sera présent à travers des ateliers de photograph­ie et de vidéos dans plusieurs quartiers afro-colombiens de la ville : les communes 8, 12, 70, le quartier Ocho de Marzo, Mirador de Calasanz, Nuevo Amanecer, Santa Cruz, Moravia et Limonar. Six courts métrages de jeunes seront présentés lors de la clôture du festival. Une exposition photograph­ique du travail des enfants est installée également du 4 septembre au 4 octobre à l’institut Colombo Americano de Medellín. Une centaine de jeunes participer­ont au festival. A cela, s’ajoutent les vidéos des profession­nels internatio­naux. Plus de 100 films venus de Belgique, du Brésil, du Burkina Faso, de Colombie, du Congo, de Cuba, d’Espagne, de France, d’Iran, d’Italie, du Mali, de Puerto Rico, de Pologne, du Venezuela, du Sénégal et d’Ouganda seront projetés. Pour mettre au point ce projet, près de 2.500 personnes ont été mobilisées à Medellín. A travers la Colombie, plus de 7.500 personnes ont été impliquées. Car simultaném­ent, d’autres villes réputées pour abriter une forte communauté afro-colombienn­e participen­t au festival : Carthagène des Indes, Quibdo, Cali, Barranquil­la et Turbo. Ce deuxième festival internatio­nal du cinéma afro se clôturera le 9 septembre.

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