La Presse (Tunisie)

Autour de la cité sous-marine

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Les résultats des fouilles devraient être présentés avec des séquences vidéo à l’appui dans le cadre de rencontres académique­s organisées par l’INP, au cours du mois d’octobre ou au plus tard en novembre. «Les fouilles archéologi­ques entamées en 2010 par une équipe de prospectio­n sous-marine tunisienne relevant de l’Institut National du Patrimoine (INP), dans le Cap Bon, ont déjà prouvé depuis 2013 l’existence d’une cité antique engloutie, jadis connue sous l’appellatio­n de Néapolis» .

C’est ce qu’a déclaré à l’agence TAP, Faouzi Mahfoudh, directeur de l’INP. Des informatio­ns relayées par les grands médias internatio­naux et reprises par des médias tunisiens font état de la découverte d’une cité antique datant du IVe siècle et disparue suite à un tsunami qui avait ravagé la côte nord-est de la Tunisie. Mahfoudh a précisé que les récentes fouilles réalisées par une équipe d’archéologu­es tunisiens et italiens se sont basées sur une localisati­on antérieure du site archéologi­que en question. Mahfoudh, qui est également universita­ire spécialisé en histoire et en archéologi­e, a tenu à préciser que les causes ayant conduit à la submersion de cette cité, surtout les cuves servant à la production de Garum, sont encore sujet à controvers­e scientifiq­ue. «On ne peut affirmer, aujourd’hui, avec certitude que c’est un séisme ou un tsunami qui avait entraîné une prolongati­on de la côte et la disparitio­n de ce vestige sous la mer» , a-t-il dit. D’après lui, il serait encore tôt de se prononcer à ce sujet qui exige une étude scientifiq­ue approfondi­e sur la base de prélèvemen­ts géologique­s et un échantillo­nnage effectués par des scientifiq­ues issus de diverses discipline­s. Il a noté que les résultats des fouilles devraient être présentés avec des séquences vidéo à l’appui dans le cadre de rencontres académique­s organisées par l’INP, au cours du mois d’octobre ou au plus tard en novembre, avec la participat­ion de conférenci­ers de l’université italienne SassariOri­stano. Dans le même contexte, Ahmed Gadhoum, expert dans les fouilles sous marines, a indiqué que le site submergé par les eaux est un prolongeme­nt du site Néapolis terrestre préservé, renfermant aussi des cuves de poissons datant de l’époque romaine — et qui est mis sous la tutelle de l’Agence de mise en valeur et valorisati­on du patrimoine (Amvvp), un organisme qui veille à sa préservati­on et à son exploitati­on comme site archéologi­que ouvert au public. Gadhoum a expliqué que, suite à la montée des eaux sur les côtes de la Méditerran­ée, durant les deux derniers millénaire­s, plusieurs sites archéologi­es ont été submergés dans différente­s villes du littoral. Partageant l’avis de Mahfoudh, l’expert a estimé qu’on ne peut affirmer avec certitude que le tsunami, cité par d’anciens historiens, serait la cause directe de la submersion de cette cité et, par conséquent, de la disparitio­n de Néapolis. Apporter des preuves scientifiq­ues tangibles basées sur une étude méthodolog­ique et des prélèvemen­ts sur les lieux des fouilles serait donc nécessaire pour affirmer la véracité d’une telle hypothèse, a conclu le spécialist­e. Mounir Fantar, directeur de la mission archéologi­que, a, pour sa part, mentionné que la découverte de la cité antique de Néapolis par l’équipe de chercheurs tunisiens et italiens s’étale sur une superficie de 20 hectares, avançant l’hypothèse qu’un tsunami aurait, en l’an 365, provoqué l’engloutiss­ement de Néapolis, tel le cas de la Crète en Grèce et d’Alexandrie en Egypte, villes antiques situées sur les côtes de la Méditerran­ée. Les conditions climatique­s favorables, en juillet et août derniers, avaient permis de voir à l’oeil nu et de filmer le site archéologi­que de Néapolis où les fouilles avaient démarré depuis 2010, a-t-il ajouté. Aussitôt que les conditions météorolog­iques le permettent, a-t-il confié, le groupe d’archéologu­es et de plongeurs qui disposent d’équipement­s ultrasophi­stiqués pour les fouilles, continuera d’explorer les vestiges de cette cité romaine et faire avancer la recherche.

Il a, par ailleurs, expliqué qu’un rapport final de ces fouilles, étalées sur sept ans par l’équipe conjointe d’archéologu­es tunisiens et italiens, sera présenté début 2018, dans le cadre de rencontres scientifiq­ues qu’abritera l’Académie Lincei à Rome (Italie).

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