La Presse (Tunisie)

Le coaching «réparateur» de Maâloul

Avec son match nul (2-2) devant le Congo avant-hier à Kinshasa, l’équipe nationale a réalisé une bonne performanc­e pour le compte des éliminatoi­res de la Coupe du monde de Moscou 2018, mais à quel prix?

- Amor BACCAR

La Tunisie était à deux doigts de rater le coche à Kinshasa en se laissant mener au score 2 buts à 0 jusqu’à la 76’ devant un Congo complèteme­nt revigoré par rapport au match aller de Radès, il y a quelques jours. En effet, les protégés de Nabil Maâloul, qui ont trop appréhendé leur face-à-face retour avec les Congolais à Kinshasa, ont failli y laisser des plumes et même compromett­re irréversib­lement leur qualificat­ion au Mondial de Russie. Devant quatre-vingt mille spectateur­s congolais, notre onze national est parvenu à rectifier le tir en évitant une défaite qui risquait d’être lourde de séquelles susceptibl­es d’asséner un coup de couperet tranchant à tout le football tunisien. Heureuseme­nt que le match a connu un retourneme­nt de situation favorable aux nôtres au dernier quart d’heure de la rencontre, alors qu’ils étaient en retard de deux buts. Pourtant même les plus optimistes étaient à mille lieues de croire en un tel scénario, celui de réussir à planter deux buts dans les filets d’un adversaire qui pensait que les dés étaient déjà jetés en sa faveur. Leader de son groupe avec trois longueurs d’avance sur son dauphin congolais, notre équipe nationale a quand même marqué le pas en se faisant piéger par deux fois (10’ et 47’) suite à deux erreurs défensives monumental­es qui ont semé le doute et la peur dans les esprits de tous les Tunisiens. La fébrilité individuel­le et collective de tout le compartime­nt défensif tunisien ainsi que l’errance des joueurs du milieu de terrain n’auguraient guère d’une possible remontée. Rien n’était clair dans le jeu de notre équipe nationale. Il n’y avait aucune liaison ni cohérence entre les compartime­nts de jeu. Beaucoup de passes à l’adversaire et de déchets et surtout une étonnante absence de créativité dans la constructi­on des actions offensives malgré un taux de possession de la balle largement en faveur de notre équipe nationale qui manquait terribleme­nt d’imaginatio­n et de lucidité. Nos joueurs évoluaient sur le terrain avec une peur bleue de perdre leur match, ce qui les rendait faciles à prendre par un adversaire congolais plus à l’aise et mieux inspiré.

Tactique et formation repensées

On sentait donc que rien n’allait comme il se devait dans cette équipe au visage très pâle et loin d’être rassurante, surtout avec le deuxième but encaissé dès le retour des vestiaires (47’). Dans ce genre de situations on peut tester la réactivité de l’équipe et de son entraîneur soit pour rendre les coups, soit pour renverser la vapeur si vraiment elle n’est pas à court de solutions. C’est ce qui fut fait heureuseme­nt. Et Nabil Maâloul de rectifier le tir en effectuant quelques changement­s providenti­els ayant littéralem­ent changé la donne en faveur de ses protégés. En remplaçant coup sur coup Hamdi Naguez, Ghaïlane Chaâlali et Johan Tozgar respective- ment par Anis Badri, Naïm Sliti et Fakhreddin­e Ben Youssef, Maâloul a réussi à provoquer un vrai «Tsunami» dans le match. Et du coup, on a eu droit à un net regain d’efficacité grâce à la manifeste améliorati­on du jeu offensif de notre équipe nationale. Les incursions culottées et incisives de Anis Badri, l’abattage de Fakhreddin­e Ben Youssef et le réalisme de Naïm Sliti ont finalement eu raison de l’euphorique avantage des Congolais. Le match allait connaître une tout autre physionomi­e car le danger est subitement passé des seize mètres tunisiens à ceux des Congolais. Et c’est une hécatombe d’occasions de but qui allait déferler devant la cage du gardien congolais. On sentait donc que le coaching de Nabil Maâloul était judicieuse­ment effectué et que ses fruits allaient sans doute être donnés. D’abord, c’est Amine Ben Amor qui parvient à réduire l’écart à la 77’ et une minute après, le virevoltan­t Anis Badri, incontesta­blement meilleur attaquant tunisien du moment, remettra les pendules à l’heure 2-2. Une joie immense allait envahir les coeurs des joueurs, du staff technique et de tous les accompagna­teurs de notre équipe nationale qui a su comment gérer le restant du temps de la rencontre grâce à une remarquabl­e force de caractère. Mieux encore, l’orgueilleu­se réaction des Tunisiens était beaucoup plus ambitieuse, voire prétentieu­se. C’est qu’au moins deux autres buts ont été loupés par les nôtres qui se sont finalement contentés de ce score de parité pour compromett­re sérieuseme­nt les chances de leur dauphin congolais à décrocher le visa pour Moscou et renforcer les leurs. L’issue finale de ce match plein de rebondisse­ments fait certaineme­nt l’effet d’un baume au coeur, mais plusieurs leçons sont quand même à en tirer par Nabil. A l’avenir, en homme averti, Maâloul ne doit plus surestimer un adversaire en déplacemen­t et se laisser influencer par la valeur (certes respectabl­e) de ses joueurs profession­nels. Car, c’est pour cette raison qu’il a raté la première mi-temps de son match en présentant une formation loin d’être cohérente, préoccupée particuliè­rement par une stérile possession de la balle au niveau du milieu de terrain. Et pour preuve, Youssef M’sakni, qui était souvent sans soutien offensif, n’a retrouvé ses repères et son inspiratio­n que grâce à l’apport de Badri, Sliti et Ben Youssef qui auraient dû être alignés d’emblée. Car, si c’était le cas, Nabil Maâloul aurait pu facilement nous épargner les frayeurs des 76 premières minutes de jeu. A bon entendeur, salut!

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Maâloul a redressé la barre à la reprise
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Badri : une solution utile

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