Assaut des FDS à l’est de Deir Ezzor
Pas de coordination des Forces démocratiques syriennes avec l’armée du régime, engagée quant à elle dans la bataille pour libérer la capitale de la province
AFP — Des combattants syriens soutenus par les Etats-Unis ont lancé hier une offensive pour chasser le groupe Etat islamique (EI) de régions de l’est de Deir Ezzor, la dernière province de Syrie encore largement contrôlée par l’organisation jihadiste. Cette offensive a été annoncée par l’alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) au moment où le régime, aidé par l’allié russe, tente de déloger l’EI de la capitale provinciale éponyme, dans l’ouest de la province. Fer de lance de la lutte anti-EI dans le pays en guerre, les FDS mènent parallèlement une offensive pour chasser les jihadistes de Raqqa, leur principal fief en Syrie, dont elles ont déjà conquis plus de 65%. La perte de Deir Ezzor devrait sonner le glas de la présence de l’EI en Syrie, trois ans après sa fulgurante montée en puissance. Les jihadistes s’étaient emparés en 2014 de vastes portions de la province située dans l’est du pays. Après avoir écarté toute coordination avec les forces du régime, les FDS ont lancé l’offensive à partir de secteurs sous leur contrôle dans le nord de cette province riche en pétrole, frontalière de l’Irak. «Nous diriger vers (la province) de Deir Ezzor est inévitable», a indiqué à l’AFP Ahmad Abou Khawla, chef du «Conseil militaire de Deir Ezzor», un groupe armé rattaché aux FDS, à l’issue d’une conférence de presse annonçant la nouvelle offensive. «Nous entamons la première étape, pour libérer les régions à l’est de l’Euphrate, dans la province de Deir Ezzor», a-t-il précisé à Abou Fass, dans la province voisine de Hassaké située plus au nord. «Nous avons progressé sur plusieurs kilomètres, grâce au soutien aérien de la coalition internationale» anti-EI emmenée par les Etats-Unis, a ajouté M. Abou Khawla.
Eviter les accidents aériens
Les combats se concentrent dans un secteur désertique du nord-est de Deir Ezzor, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme. «Les combats se poursuivent et la coalition mène des frappes contre des positions jihadistes pour permettre la progression au sol des FDS». M. Abou Khawla a assuré à l’AFP qu’il n’y avait pas «de coordination avec le régime ou les Russes» dans la bataille de Deir Ezzor. Dans un communiqué, le porteparole de la coalition internationale, le colonel américain Ryan Dillon, a toutefois rappelé l’existence d’une «ligne de déconfliction avec les Russes» pour éviter tout accident aérien. Cette ligne, tracée entre le nord et le sud du fleuve de l’Euphrate qui coupe la province de Deir Ezzor en deux, est selon lui «nécessaire, au vu de la congestion de l’espace aérien dans l’est syrien», où opèrent des avions militaires syriens, russes et de la coalition. «L’EI n’aura aucun refuge dans la vallée de l’Euphrate», a-t-il dit. «Nous continuons de soutenir nos partenaires des FDS alors qu’ils combattent pour libérer leurs terres de l’EI».
En finir avec «le terrorisme»
Dans la ville de Deir Ezzor contrôlée à 60% par les jihadistes, deux enclaves sont contrôlées par le régime qui cherche à reprendre la totalité de la ville. Après avoir brisé mardi le siège imposé depuis près de trois ans par l’EI à l’enclave située dans l’ouest de la cité, les forces du régime cherchent à desserrer l’étau autour de la seconde enclave, regroupant un aéroport militaire et trois quartiers à la périphérie sud. Hier, l’armée a reconquis le champ pétrolifère d’Al-Taym au sud de l’aéroport, selon les médias officiels. Evoquant les avancées du régime à Deir Ezzor, le ministère syrien des Affaires étrangères a estimé que «les victoires» de l’armée syrienne «venaient annoncer la fin du terrorisme», selon l’agence officielle Sana. «La bataille avec ces mercenaires approche de sa fin, et chaque portion du territoire syrien sera libéré du terrorisme», selon lui. Déclenché en 2011 par la répression brutale de manifestations pacifiques réclamant des réformes, le conflit en Syrie s’est complexifié avec l’implication de pays et milices étrangers et de groupes jihadistes sur un territoire morcelé. Il a fait plus de 330.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.