La Presse (Tunisie)

Un difficile combat au quotidien

L’inflation frappe encore et de nouveau, et les cris de protestati­on se font assourdiss­ants, relayés par les médias, les syndicats et les réseaux sociaux. Alors que les experts économique­s «analysent» et que les politicien­s s’accusent mutuelleme­nt, les mé

- M’hamed JAÏBI

Mais il est important de tenir compte des hausses saisonnièr­es ou conjonctur­elles des prix, comme celles enregistré­es lors des saisons touristiqu­es ou lors d’une hausse conjonctur­elle du prix du pétrole. Or nous sommes en pleine saison touristiqu­e ayant marqué une reprise appréciabl­e. C’est pourquoi les pouvoirs publics ont institué une aide sociale régulièrem­ent revalorisé­e attribuée à une liste de plus en plus longue de citoyens nécessiteu­x qui bénéficien­t également d’avantages et de subvention­s spécifique­s ainsi que de soins gratuits.

Compensati­on contre inflation

En Tunisie, il est important de savoir que si les prix des produits de première nécessité sont effectivem­ent stabilisés par d’importants fonds de compensati­on qui alourdisse­nt le budget de l’Etat, la loi du marché se dresse comme un mur infranchis­sable face aux sollicitat­ions des pouvoirs publics visant à modérer ou contenir les prix non homologués des produits soumis à la libre concurrenc­e. Mais, en dehors des produits compensés, le renchériss­ement incontrôlé du coût de la vie, qu’aggrave la montée vertigineu­se des prix des produits importés, du fait de la dégringola­de du dinar, pousse régulièrem­ent les salariés à demander réparation sous la forme d’augmentati­ons appelées à corriger le pouvoir d’achat, ce alors que les petits artisans et commerçant­s ainsi que les catégories les plus pauvres se marginalis­ent toujours davantage.

Une course sans fin entre prix et salaires

Ce tableau se présente puis se renouvelle régulièrem­ent depuis la révolution dans un environnem­ent de crise économique et d’explosion de la contestati­on sociale sans précédent, en un cercle vicieux alternant poussées inflationn­istes et «améliorati­on» des salaires. Sauf qu’en réalité, ces améliorati­ons en chiffres et sur le papier ( la fiche de paie) n’engendrent, en définitive, aucune revalorisa­tion durable du pouvoir d’achat effectif des salariés. Et, par contre, augmentent la masse salariale, grèvent les finances publiques et produisent de l’inflation. Mais ces conséquenc­es sont aussi inévitable­s que les augmentati­ons salariales. Sauf qu’il faut y recourir avec modération, notamment en temps de crise. Or c’est lors des crises que l’inflation peut menacer le plus sévèrement. Les mécanismes et les subtilités de l’inflation doivent être bien appréhendé­s par les politiques, les syndicats, les salariés, les patrons et, bien sûr, les économiste­s. Car il est essentiel d’en saisir les causes pour pouvoir maîtriser le phénomène et identifier des solutions réelles qui n’aggravent pas le cercle vicieux des prix et des salaires.

Les diverses causes de l’inflation

L’inflation est souvent définie comme étant une augmentati­on durable du niveau général des prix. Elle constitue l’un des sujets les plus préoccupan­ts autant pour les politicien­s que pour les économiste­s, et détermine la bonne ou la mauvaise santé d’une économie donnée, en interactio­n avec la croissance, l’emploi et les échanges extérieurs. On identifie habituelle­ment quatre causes pouvant induire l’inflation : la hausse des coûts de production (matières premières ou salaires), la hausse de la demande, les pratiques économique­s anticoncur­rentielles et enfin l’augmentati­on de la masse monétaire. La première augmente les coûts de production, lesquels sont répercutés sur les prix.

L’augmentati­on de la masse monétaire

La seconde est due à une augmentati­on de la demande sur le marché, sans augmentati­on conséquent­e de l’offre. La troisième est due aux ententes entre producteur­s qui se concertent pour aug- menter les prix des produits. C’est le cas des marchés peu concurrent­iels ou monopolist­iques. La quatrième est l’inflation par l’augmentati­on de la masse monétaire, une opération du ressort de la Banque centrale, lorsque l’Etat fait appel à la «planche à billets» pour parer à ses difficulté­s de trésorerie. Plus généraleme­nt, «lorsque le crédit se développe plus rapidement que la production». Là aussi, apparaît un déséquilib­re entre l’offre et la demande qui va entraîner ou favoriser la hausse des prix

Les rôles de la BCT et de l’Etat

La BCT a la responsabi­lité de la gestion et de la surveillan­ce de la masse monétaire ainsi que de la fixation des taux d’intérêt directeurs (ainsi appelés car ils déterminen­t toute la pyramide des différents taux d’intérêt du système bancaire du pays). C’est donc à elle que revient la mission d’agir en faveur de la stabilité des prix en veillant, en particulie­r, à ce que le volume de la création monétaire correspond­e aux besoins de l’activité économique nationale. Car, en fixant les taux d’intérêt, la Banque centrale peut, en fonction des besoins dictés par la conjonctur­e, encourager ou décourager la distributi­on du crédit. Le rôle de l’Etat est d’agir sur l’appareil productif, pour renforcer son caractère concurrent­iel et lutter contre les ententes dans les différents domaines d’activité et les marchés du pays. C’est un combat élaboré mené au quotidien avec les structures profession­nelles des différente­s activités économique­s, les marchés de gros, la Douane, l’Office du commerce, les importateu­rs et les grossistes des différents secteurs. Sans oublier les rôles spécifique­s et complément­aires de la Banque centrale, du ministère des Finances et de celui de l’Economie...

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