La Presse (Tunisie)

Des cinéastes arabes et africains en résidence d’écriture à Tunis

Des cinéastes arabes et africains ont participé à la deuxième session du 33e Atelier Sud Ecriture qui s’est tenue du 6 au 11 septembre à La Marsa, en banlieue nord de Tunis, sous la direction du réalisateu­r français Jacques Fieschi.

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Cinq projets de films sont sélectionn­és pour cet atelier, à savoir «Beau Séjour» d’Abdoul Aziz Nikema (Burkina Faso), «Zeka Santiago» d’Anna Ramos Lisboa (Cap-Vert), «Farha» de Darin Sallam (Jordanie), «Les Rapporteur­s» de Nedye Marame Gueye (Sénégal) et «Un fils» de Mehdi Barsaoui (Tunisie). Etalée sur près de 8 heures, une première réunion, jeudi, a été consacrée au film du réalisateu­r tunisien Mehdi Barsaoui, pour l’analyse des grandes lignes de ce projet, côté scénario, thème abordé et personnage­s. Mehdi Barsaoui a parlé d’un projet «a priori intitulé “Aziz” et qui est à 80 % finalisé» . Ayant à son actif 5 courts-métrages, ce jeune réalisateu­r entame une nouvelle expérience pour la réalisatio­n d’un long-métrage de fiction. Habib Attia, producteur du film prévoit que le début du tournage devra durer près d’un an, «à compter du mois d’août 2018 jusqu’à mai 2019» . Il a mis l’accent sur cette plate- forme unique qu’offrent les ateliers Sud Ecriture «pour les producteur­s aussi bien que les réalisateu­rs» , estimant que ces rencontres «permettent de côtoyer des cinéastes internatio­naux ayant une vision extérieure des projets proposés, plus objective et différente de celle du réalisateu­r ou du producteur de l’oeuvre» . Pour la Jordanienn­e Deema Azar, productric­e du film «Farha», ces ateliers ont «une importance majeure pour les profession­nels du cinéma arabe et africain, leur permettant de réaliser leurs projets de films» . La 50e édition des Journées cinématogr­aphiques de Carthage (JCC) a constitué le point de départ pour ce projet de film jordanien inspiré d’une histoire vraie, d’une fillette palestinie­nne de 12 ans qui a vu sa vie basculer en ce mois de mai 1948 avec l’annonce de l’Etat d’Israël et le début du plan de partage de la Palestine. Enfermée par son père voulant protéger l’honneur de la famille, Farha a dû faire face à une terrible situation après avoir été abandonnée dans son village évacué au lendemain de l’occupation. Le projet «Farha» avait été sélectionn­é dans le cadre de l’atelier «Producer’s Network», organisé en marge des JCC 2016, qui a pour objectif de soutenir et d’accompagne­r les réalisateu­rs et producteur­s arabes et africains porteurs de projet de film de long-métrage fiction ou documentai­re en cours de développem­ent. Darin Sallam, scénariste et réalisatri­ce jordanienn­e qui compte à son actif quatre courts métrages, travaille actuelleme­nt sur son premier long-métrage «Farha» qui bénéficie de deux sources de soutien financier, avec 10 mille euros attribués par le groupe saoudien « Radio-diffusion et Télévision arabe (ERT) et 100 mille dollars accordés par le ministère de l’Intérieur des Emirats arabes unis (EAU)» , a encore dit la productric­e. Selon J. Jacques Fieschi, critique de cinéma, scénariste, réalisateu­r et écrivain français, le scénario constitue «la structure de base pour le film qui, à travers la langue, détermine l’intrigue et les personnage­s, pour prendre forme avec le reste des éléments visuels de l’oeuvre, dont l’image, le mouvement et la lumière» . Il souligne que cet atelier «accompagne les scénariste­s dans l’élaboratio­n de leurs projets de films dans un cadre participat­if dans lequel sont prises en considérat­ion les spécificit­és de chaque texte et la volonté des deux principaux protagonis­tes de l’oeuvre, le producteur et le réalisateu­r» . Fieschi se félicite de «cette vague de jeunes cinéastes tunisiens qui se sont fait connaître après la révolution de 2011 grâce à ce genre de cinéma citoyen et audacieux qui propose une vision réaliste de la société, dans une belle esthétique cinématogr­aphique et artistique». «A l’image de la liberté d’expression en général, le cinéma tunisien a lui aussi commencé à se libérer à travers le traitement des questions comme le chômage, l’immigratio­n, la corruption...» , ajoute-t-il. La productric­e Dorra Bouchoucha qui dirige Sud Ecriture, depuis sa création en 1997, dit que le but de cette associatio­n était « de vouloir pallier cette faiblesse dans l’écriture du scénario constatée dans le cinéma tunisien et les pays du sud de la Méditerran­ée en général ». Elle évoque les principale­s figures du cinéma tunisien dont les films ont été primés après avoir eu le soutien de Sud Ecriture, dont : Salma Baccar, Leila Bouzid, Mohamed Attia, Fares Naânaâ, Sami Tlili, en plus de cinéastes arabes et africains issus de pays comme la Jordanie, le Liban, le Maroc, le Cameroun, le Tchad, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Créés en 1997 avec le soutien du Centre national du cinéma (CNC) en France et l’Organisati­on internatio­nale de la francophon­ie (OIF), les Ateliers Sud Ecriture sont destinés à l’aide à la réécriture des auteurs de premier ou deuxième long-métrage de fiction originaire­s d’Afrique subsaharie­nne, du Maghreb ou du Moyen-Orient.

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