La Presse (Tunisie)

Ces clubs qui vivent au-dessus de leurs moyens…

Ne pouvant honorer leurs engagement­s envers leurs anciens joueurs ou entraîneur­s qu’ils ont limogés, nos clubs sont désormais dans le viseur de la Fifa.

- Walid NALOUTI

Le profession­nalisme qui régit notre football depuis la saison 1994/1995 est en train de montrer ses limites, aussi bien sur le plan sportif que financier. Le paradoxe du football tunisien est que le championna­t comporte deux Ligues profession­nelles, mais les clubs qui y évoluent sont amateurs et omnisports. Un paradoxe juridique qui a toujours freiné l’évolution du football tunisien. Nos équipes sont accablées par un cadre juridique qui les prive d’entreprend­re des activités économique­s leur permettant de gagner de l’argent. Nos clubs n’ont pas le droit de s’approprier des biens immobilier­s, ni faire du commerce en vendant des articles à leur effigie. Et même les boutiques de ces clubs n’ont pas un fondement juridique clair. Du laisser- aller qui atteint aujourd’hui des lignes rouges, puisque la Fifa est aux trousses de trois de nos clubs : le Club Sportif Sfaxien, l’Etoile Sportive du Sahel et l’Avenir Sportif de La Marsa.

Interdicti­on de recrutemen­t et risque de rétrograda­tion

La première équipe tunisienne a avoir été sanctionné­e par la commission des litiges de la Fifa a été le CSS en janvier dernier, et pour cause : le club de la capitale du Sud devait 100.000 dollars à Junior Ajayi, 250.000 dollars à Kingsley Sokary, 332.000 euros à Sentamo et 410.000 euros à son ancien entraîneur Paulo Duarte. La semaine dernière, la commission des litiges de la Fifa est reve- nue à la charge pour sommer deux autres clubs tunisiens d’honorer leurs engagement­s. L’Etoile risque aussi gros que le CSS. Le club sahélien doit 1,1 million de dollars à un ancien joueur, le Brésilien Leopoldo Roberto Markowsky, sous peine de perdre trois points au classement. L’Avenir Sportif de La Marsa risque aussi de perdre trois points au classement s’il ne règle pas d’ici quelques jours le montant des salaires non versés à son ancien joueur, Michael Buscher, qui avoisine les 70 mille dinars. Le club banlieusar­d risque même la relégation en Ligue 3 s’il s’entête à ne pas honorer ses engagement­s envers son ancien joueur. Et les dettes de l’Avenir de La Marsa ne s’arrêtent pas à celles qu’il doit payer à Michael Buscher, puisque Bilel Ben Messaoud et Lassaad Jaziri réclament respective­ment 35.000 et 30.000 dinars comme salaires impayés. Ils ont porté plainte à la FTF. Bref, les clubs tunisiens vivent au-dessus de leurs moyens. Le pire est qu’ils sont endettés en devises au moment où le pays en a le plus besoin. Il est temps de restructur­er notre football. Les lois doivent changer pour que nos clubs deviennent profession­nels au vrai sens du terme. Il n’est plus possible qu’ils continuent à vivre sur le dos du contribuab­le et versent de gros salaires qu’ils sont incapables d’honorer.

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Micheal Buscher et Paulo Duarte ont saisi la Fifa pour avoir leur dû.
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