La Presse (Tunisie)

La société civile à l‘oeuvre

L’organisati­on Solidar a formulé une série de recommanda­tions à l’adresse du Parlement dont l’amendement du titre du texte juridique pour devenir « Projet de loi relatif au pouvoir local »

- Karim BEN SAID

Alors que le code des collectivi­tés locales est encore en pleine discussion au sein de la Commission de l’organisati­on de l’administra­tion et des affaires des forces armées, les candidats potentiels aux élections municipale­s continuent à s’affairer pour tenter de composer les listes. Mais la plupart de ces ambitieux ne connaissen­t pas les enjeux extraordin­aires que constituen­t les municipali­tés dans le cadre de la décentrali­sation. Le chapitre VII consacre en effet le principe de libre administra­tion des communes. Une libre administra­tion qui signifie également que les élus doivent gérer des ressources financière­s limitées par définition, et sans, cette fois, un filet de sécurité de la part du pou- voir central. Le projet de code des collectivi­tés locales, prévoit, certes, certains garde-fous (d’ailleurs critiqués par la société civile), mais en cas de mauvaise gestion financière, la commune en tant que personne morale en assume pleinement les conséquenc­es. « La majorité sortante pourrait être poursuivie par la justice, mais la commune serait pénalisée en termes d’investisse­ment », nous confie Faycel Gazzez, directeur général des ressources et de la gouvernanc­e de la finance locale au ministère des Affaires locales, lors d’une conférence sur le sujet organisée par l’ONG Solidar. Cette organisati­on non gouverneme­ntale a déjà formulé une série de recommanda­tions à l’adresse du Parlement, dont l’amendement du titre du texte pour devenir « Projet de loi relatif au pouvoir local ».

Principe de libre administra­tion

Sur le fond, Solidar appelle à un plus grand respect du principe de libre administra­tion. Elle estime en effet que le projet de loi permet, dans plusieurs situations, aux structures du pouvoir central de s’immiscer dans le processus de prise de décision dans les collectivi­tés publiques. Pour preuve, le terme « décret gouverneme­ntal » se répète en pas moins d’une quarantain­e de fois dans le projet, tout comme celui de « gouverneur » (35 fois). L’organisati­on s’inquiète ainsi du peu de cas que le projet fait au principe de contrôle a postériori. Dans plusieurs cas, le gouverneur, ou le trésorier régional, peut bloquer les décisions des conseils locaux. Au lieu de ces immixtions, Solidar suggère de mettre à la dispositio­n des collectivi­tés locales tous les moyens nécessaire­s à la réussite, afin que celles-ci puissent mobiliser leurs fonds propres et assurer ainsi une bonne gouvernanc­e. En outre, l’ONG demande à ce que le projet de CCL soit en harmonie avec le projet de loi organique du budget qui doit concrétise­r l’idée du budget par objectif. « Solidar comme d’autres associatio­ns de la société civile ont réfléchi et ont proposé des amendement­s, déclare le président de la commission des forces armées, Naceur Jebira. La présence de plusieurs membres de la commission aujourd’hui montrent l’intérêt que nous portons à de telles initiative­s ». Visiblemen­t sensible à certains arguments sur le fond et sur la forme, Naceur Jebira a reconnu que ces remarques permettent d’éviter l’adoption d’un texte creux, difficile à appliquer sur le terrain. A la question de savoir si le texte pourrait voir le jour rapidement comme le demandent les partis et les ONG, le président de la commission a assuré qu’en une seule journée de travail, la commission a réussi à adopter neuf articles. « Je ne peux évidemment pas m’engager sur une date mais certains articles dits techniques sont adoptés assez rapidement, d’autres, politiques, prendront certaineme­nt un peu plus de temps », affirme-t-il.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia