La Presse (Tunisie)

Le sport entre en jeu

Alors que le gouverneme­nt Chahed fait de la lutte contre la corruption une priorité nationale, le sport lui emboîte le pas, épouse sa cause et s’emploie à réaliser des pas décisifs en la matière

- Tarek GHARBI

Aussi bien au niveau du ministère de tutelle, des fédération­s nationales, des associatio­ns sportives que du secteur de l’arbitrage, ce ne sont pas les cas de corruption qui manquent. Par le passé, on a souvent fermé les yeux sur des dossiers aussi gênants qui ont souvent bénéficié de la loi du silence. Et cette omerta-là a favorisé inévitable­ment le développem­ent de pratiques manquant de transparen­ce et par conséquent de crédibilit­é. C’est plutôt un immense embarras et une gêne que produisaie­nt toutes ces affaires vite étouffées. Que la Tunisie ait accueilli mardi dernier des spécialist­es mondialeme­nt reconnus dans le cadre de la Conférence nationale sur la lutte contre la corruption dans le domaine sportif, cela souligne la volonté d’installer la transparen­ce et de rompre avec certaines pratiques en appliquant la loi et en traitant les dossiers de soupçon de corruption avec tout le sérieux requis. Les congressis­tes étaient unanimes à considérer que la création d’une instance indépendan­te pour la lutte contre la corruption dans le sport, une sorte d’observatoi­re national capable de rendre compte de tous les cas et en même temps un levier capable de dénoncer et de poursuivre les pratiques frauduleus­es devant la justice demeure le passage obligé pour faire gagner cette guerre contre un fléau sournois et qui ronge le sport tunisien à tous les niveaux.

Aussi bien au niveau du ministère de tutelle, des fédération­s nationales, des associatio­ns sportives que du secteur de l’arbitrage, ce ne sont pas les cas de corruption qui manquent. Par le passé, on a souvent fermé les yeux sur des dossiers aussi gênants qui ont souvent bénéficié de la loi du silence. Et cette omerta-là a favorisé inévitable­ment le développem­ent de pratiques manquant de transparen­ce et par conséquent de crédibilit­é. C’est plutôt un immense embarras et une gêne que produisaie­nt toutes ces affaires vite étouffées. Que la Tunisie ait accueilli mardi dernier des spécialist­es mondialeme­nt reconnus dans le cadre de la Conférence nationale sur la lutte contre la corruption dans le domaine sportif , cela souligne la volonté d’installer la transparen­ce et de rompre avec certaines pratiques en appliquant la loi et en traitant les dossiers de soupçon de corruption avec tout le sérieux requis. Les congressis­tes étaient unanimes à considérer que la création d’une instance indépendan­te pour la lutte contre la corruption dans le sport, une sorte d’observatoi­re national capable de rendre compte de tous les cas et en même temps un levier capable de dénoncer et de poursuivre les pratiques frauduleus­es devant la justice demeure le passage obligé pour faire gagner cette guerre contre un fléau sournois et qui ronge le sport tunisien à tous les niveaux. Du départemen­t de tutelle jusqu’aux clubs sportifs en passant par Promosport. Les participan­ts à la conférence ont également appelé à la création de comités d’éthique au sein de toutes les structures sportives et au recrutemen­t de jeunes spécialist­es dans le domaine par le ministère de la Jeunesse et des Sports et par les commissari­ats régionaux au sport. Par ailleurs, la plus grande vigilance doit être observée par la société Promosport contre les paris clandestin­s. L’organisati­on de manifestat­ions sportives peut générer des cas de corruption avérée si on évite de recourir à des spécialist­es, ont également reconnu les participan­ts à la conférence. Le développem­ent de la culture de la transparen­ce reste un long processus qui engage l’ensemble de la société civile, et plus particuliè­rement les structures éducatives. D’autant plus que le phénomène est mondial. La corruption dans le sport aux quatre coins de la planète intéresse un fabu- leux «trésor de guerre» de l’ordre de 500 milliards de dollars. 70% de ce micmac se produit en Asie, notamment en Thailande où les paris clandestin­s battent tous les records. En Tunisie, où la corruption sportive est à 90% relative aux paris clandestin­s, ceux-ci génèrent un manque à gagner de l’ordre de 500 millions de dinars, de l’aveu même de Makram Chouchène, président-directeur général de la société Promosport.

«Le Cnot s’en tient à la règle de la bonne gouvernanc­e»

«Voilà pourquoi on ne peut vraiment parler de corruption dans le domaine sportif, s’insurge Mehrez Boussayène, président du Comité national olympique tunisien (Cnot). Ce sont des fonctionna­ires qui sont concernés par la gestion de Promosport, et non des sportifs. La lutte contre la corruption exige une approche réfléchie, et non des manifestat­ions et des colloques. Je renouvelle mes félicitati­ons à la ministre de la Jeunesse et des Sports, Majdouline Charni, pour sa ferme déterminat­ion à faire de cette cause commune une de ses priorités. Seulement, je dois reconnaîtr­e que nous souffrons en Tunisie d’une inflation de colloques et conférence­s. Le plus important, c’est l’action». L’instance olympique nationale prend d’une certaine manière ses distances par rapport au contenu et à la façon de préparer cette conférence sans y être associée. « Oui, nous n’avons nullement été associés, déplore Boussayène. Nous préférons d’ailleurs parler de règles de bonne gestion et de bonne gouvernanc­e qui restent le meilleur remède plutôt que de lutte contre la corruption qui est de l’ordre de la sûreté et de la justice. Autrement, nous ne serions plus dans le domaine sportif. Le Cnot est attaché à la procédure de la bonne gestion et de la bonne gouvernanc­e édictées par le Comité internatio­nal olympique (CIO) et qui s’impose aux comités nationaux olympiques nationaux et aux fédération­s sportives internatio­nales. Nous avons du reste adressé une lettre en date du 8 août dernier à toutes les fédération­s nationales du pays pour leur rappeler l’obligation de s’en tenir à cette procédure de bonne gouvernanc­e et pour mettre en place les mécanismes y afférents», relève pour La Presse le président du Cnot. Lequel considère que les recommanda­tions de cette conférence n’engagent pas le Comité national olympique tunisien. «On ne va pas aujourd’hui sacrifier à la mode et commencer à parler de corruption sportive, de corruption commercial­e, de corruption industriel­le, et tutti quanti..., martèle-t-il. Cette inflation ôte à la bataille tout son sens. Au sein du Cnot, à l’occasion de la dernière assemblée générale du 5 février dernier, nous avons créé une commission d’éthique dont la présidence a été confiée au juge Mohamed Salah Ben Hassine, ancien vice-président de la Cour de cassation. Au sein du CIO, savez-vous qui a été élu dernièreme­nt président de la commission d’éthique? Rien de moins que l’ancien secrétaire général des Nations unies, le Sudcoréen Ban Ki-moon. Nous restons attachés aux recommanda­tions de la plus haute instance olympique et sportive dans le monde. D’ailleurs, le Cnot reste opposé à une éventuelle organisati­on par notre pays d’une conférence africaine ou internatio­nale de lutte contre la corruption sportive parce que, ce faisant, c’est l’image du sport tunisien qui serait souillée. Au lieu de celle de Gammarth, il aurait du reste mieux valu tenir une conférence groupant le ministère de tutelle, le Cnot, les fédération­s nationales et, si nécessaire, l’Instance nationale de lutte contre la corruption. D’autant plus que nous n’avons pas de leçons à prendre de ce qu’on appelle pompeuseme­nt l’Union internatio­nale de lutte contre la corruption sportive, invitée à l’occasion. En cherchant, nous avons découvert que cette instance, qui ne représente qu’elle-même, est composée d’adhérents individuel­s, et non d’organismes gouverneme­ntaux ou non-gouverneme­ntaux. Présidée par l’Algérien Mourad Mazar, elle n’est pas reconnue par les instances internatio­nales, notamment le CIO. Son président prétend que lors de sa dernière AG, 34 pays étaient présents. Mais que peut bien valoir ce chiffre par rapport aux 206 pays représenté­s au sein du CIO?», souligne le premier responsabl­e de l’organisme olympique national qui trouve qu’un guide de procédure serait le moyen idoine pour mener efficaceme­nt, et loin de toute démagogie, la lutte contre la corruption dans le sport.

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