La Presse (Tunisie)

Conjecture­s et supputatio­ns

- Par Abdelkrim DERMECH

LA jeune expérience démocratiq­ue tunisienne qui est encore, près de sept ans après la révolution, en cours de constructi­on (on attend toujours la création officielle de la Cour constituti­onnelle et la fondation des instances indépendan­tes manquantes) aura connu d’importante­s convulsion­s et subi plusieurs interrogat­ions et questionne­ments, le moins qu’on puisse dire inquiétant­s ou au moins suscitant réflexion profonde sur son avenir.

Et sans épouser la thèse de ceux qui pensent que le processus démocratiq­ue est en danger au vu du retour triomphal de certains parmi les piliers de l’ancien régime, l’on est en droit de s’interroger sur ce que cachent les prochains mois aux Tunisiens à la faveur de la multiplica­tion des initiative­s appelant à introduire un changement dans le paysage politique national issu de la révolution, plus particuliè­rement des législativ­es et présidenti­elle de fin 2014.

En termes concrets et précis, le système politique parlementa­ire, instauré par la Constituti­on du 27 janvier 2014 et accordant au président de la République des prérogativ­es limitées, a vécu et il est temps pour les Tunisiens d’opter pour un autre système qui cadre fidèlement avec les réalités du pays.

Et ce système convoité par plusieurs forces politiques, c’est bien le système présidenti­el qui assurera au pays — comme le soutiennen­t ses défenseurs — la stabilité et lui permettra de retourner au travail, loin des rivalités fictives ou effectives entre les palais de Carthage et de La Kasbah, sans oublier ce qui se passe au Parlement où les députés participen­t eux aussi à l’instabilit­é et à la cacophonie régnante depuis la révolution.

Malheureus­ement, les stratégies qui prophétise­nt la réinstaura­tion du système présidenti­el et louent quotidienn­ement ses mérites oublient ou semblent oublier que son retour est lié à la révision de la Constituti­on, laquelle révision n’est possible qu’avec l’aval de la Cour constituti­onnelle dont la création est encore dans l’inconnu.

L’astuce du référendum est elle aussi dépendante de l’avis favorable de la Cour constituti­onnelle sans oublier les délais qu’impose l’organisati­on d’un référendum et les dépenses faramineus­es qu’il commande.

Ceux qui soutiennen­t que le génie n° 1 de notre classe politique post-révolution est de dilapider l’argent public sont, cette fois, servis royalement par les appelants au référendum, lequel référendum pourrait, au cas où il serait décidé, nous faire oublier et les municipale­s de 2018 et les législativ­es et présidenti­elle de 2019.

Malheureus­ement, les stratégies qui prophétise­nt la réinstaura­tion du système présidenti­el et louent quotidienn­ement ses mérites oublient ou semblent oublier que son retour est lié à la révision de la Constituti­on, laquelle révision n’est possible qu’avec l’aval de la Cour constituti­onnelle dont la création est encore dans l’inconnu

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