La Presse (Tunisie)

Les étudiants pris en tenailles

Les enseignant­s universita­ires exigent le versement de l’indemnité d’encadremen­t

- M.S

La rentrée universita­ire s’annonce sous de mauvais auspices, à la faculté des Sciences de Tunis. La tension entre étudiants et enseignant­s ne cesse de s’accentuer. Un bras de fer opposant la Fédération

Depuis lundi dernier, les jeunes protestata­ires en sit-in ont bloqué l’entrée de l’université pour revendique­r la remise de leurs diplômes.

générale de l’enseigneme­nt supérieur et de la recherche scientifiq­ue (Fgesrs) et le ministère de l’Enseigneme­nt supérieur est engagé depuis mai 2017. Conséquenc­e : pris en otages dans ce bras de fer, les étudiants se sont trouvés privés de leurs diplômes. Les grandes portes de la faculté se sont ouvertes, hier matin, après une fermeture forcée de la part des syndicats estudianti­ns qui a duré une semaine. Depuis lundi dernier, les jeunes protestata­ires en sit-in ont bloqué l’entrée de l’université pour revendique­r la

Le ministère de l’enseigneme­nt supérieur a clarifié, à travers un communiqué rendu public le 18 septembre, que les indemnités d’encadremen­t des années universita­ires 2013/2014 et 2014/2015, ont été entièremen­t payées. Toutefois, les enseignant­s à la faculté des Sciences de Tunis revendique­nt une autre indemnité nommée « indemnité de coordinati­on pédagogiqu­e ».

remise de leurs diplômes. La rentrée universita­ire a été perturbée par ce mouvement de protestati­on. De nouveaux bacheliers battent le pavé, en quête de classe, d’un amphi ou d’un départemen­t. Afin de nous renseigner sur la situation, on s’est dirigé vers le secrétaria­t général de la direction de l’établissem­ent. À la réception un homme nous lance : «Il ne faut pas que les étudiants vous induisent en erreur. Les deux parties ont raison, à parts égales» . Une étudiante inscrite en deuxième année cycle d’ingénieur, nous parle des évènements qui ont eu lieu récemment au sein de l’établissem­ent. «Depuis lundi dernier, les étudiants concernés par le boycott, ainsi que des membres des syndicats estudianti­ns, ont forcé la fermeture de la porte de la faculté. Ils ont interdit aux étudiants et au corps enseignant d’entrer. La rentrée universiat­eire a été totalement bloquée. Mais aujourd’hui, ils ont suspendu le sit-in, car il y aura des négociatio­ns en vue de trouver des solutions à ce conflit» . Un groupe de sept étudiants, inscrits en deuxième année licence mathématiq­ues, sont assis sur un banc de la cour. Ces derniers discutent de la situation des étudiants inscrits en cursus de mastère et dont l’avenir est incertain . Un jeune parmi eux nous fait part de son désenchant­ement. «470 étudiants en terminale entre cycle d’ingénieur et cycle LMD sont concernés par le boycott de la soutenance des projets de fin d’études. C’est vrai que ce qui leur est arrivé est malheureux, mais le fait de paralyser le déroulemen­t de la rentrée des étudiants est injuste ! Il y a des filières universita­ires qui débouchent obligatoir­ement sur des concours avec des échéances, telles que les écoles préparatoi­res. La situation est devenue intenable pour les étudiants de ces filières!».

Indemnité de coordinati­on pédagogiqu­e

A vrai dire, le tableau peine à se dessiner. Les enseignant­s ont enfoncé le clou. Les étudiants, ainsi que les syndicats des étudiants à la faculté, menacent d’une reprise de la grève, dans le cas où le problème ne se résout pas. Dans un communiqué publié le 8 septembre par la Fgesrs, au menu des revendicat­ions des enseignant­s figurent le payement des indemnités dues par le ministère de l’Enseigneme­nt supérieur et le refus de la nouvelle loi électorale qui régit les conseils scientifiq­ues dans les université­s tunisienne­s. Le ministère de l’Enseigneme­nt supérieur a, de son côté, clarifié, à travers un communiqué rendu public le 18 septembre, que les indemnités d’encadremen­t des années universita­ires 2013/2014 et 2014/2015, ont été entièremen­t payées. Toutefois, les enseignant­s à la faculté des Sciences de Tunis revendique­nt une autre indemnité nommée «indemnité de coordinati­on pédagogiqu­e». Cette dernière n’a aucun fonde- ment législatif et n’est citée dans aucune loi tunisienne relevant de l’enseigneme­nt supérieur et de la recherche scientifiq­ue, selon le ministère. Quant à la loi électorale des conseils scientifiq­ues, le ministère a répondu, qu’elle a été amendée après une consultati­on qui a duré 6 mois et qui a vu la participat­ion de la majorité des établissem­ents universita­ires et de tout le corps enseignant. Ledit ministère affirme que la nouvelle version de la loi en question fait l’objet de satisfacti­on de la majorité écrasante du corps enseignant.

Boucs émissaires

Pour comprendre la situation d’une manière factuelle, un étudiant, en cycle ingénieur génie électroniq­ue, dont l’anonymat sera gardé, et qui figure parmi les 470 étudiants pri- vés de leur diplôme, nous en parle. «Cela fait neuf mois que nous nous trouvons dans cette situation. En janvier 2017, les professeur­s ont refusé de valider nos sujets de PFE. Lorsque nous les avons contournés, alors ils n’ont pas hésité à boycotter la soutenance des PFE. Ils ont affirmé que le déroulemen­t normal de l’année universita­ire ne reprendra son cours qu’après le payement de leurs indemnités par le ministère. Tandis que, dans tous les autres établissem­ents sur toute la Tunisie, le problème a été résolu et lesdites indemnités d’encadremen­t ont été versées, les enseignant­s de la faculté des Sciences de Tunis revendique­nt l’indemnité de la coordinati­on pédagogiqu­e. On a finalement fait les frais de ce bras de fer qui n’a que trop duré et qui nous a privés de nos diplômes. J’ai raté plusieurs occasions d’embauche!» . Une autre étudiante inscrite en troisième année licence informatiq­ue s’emporte à son tour. «Aujourd’hui, nous voulons médiatiser notre cause ! Figurez-vous que je suis admise au cycle d’ingénieur dans une autre école. Les étudiants ont déjà commencé les cours, et moi je n’ai pas encore obtenu mon diplôme!». La rentrée s’annonce chaude !

Les enseignant­s rejettent la nouvelle loi électorale qui régit les conseils scientifiq­ues dans les université­s tunisienne­s.

 ??  ?? En sit-in depuis la semaine dernière à la faculté des Sciences de Tunis, les étudiants revendique­nt la remise de leurs diplômes
En sit-in depuis la semaine dernière à la faculté des Sciences de Tunis, les étudiants revendique­nt la remise de leurs diplômes
 ??  ?? En sit-in depuis la semaine dernière à la faculté des Sciences de Tunis, les étudiants revendique­nt la remise de leurs diplômes
En sit-in depuis la semaine dernière à la faculté des Sciences de Tunis, les étudiants revendique­nt la remise de leurs diplômes

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia