La Presse (Tunisie)

Raqqa à 90 % libérée

Les FDS indiquent qu’au cours des derniers cinq jours leurs forces ont «mené une attaque surprise» dans le nord de la ville, libérant plusieurs secteurs

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AFP — Les forces antijihadi­stes soutenues par Washington en Syrie « contrôlent désormais 90% » de Raqqa, selon une ONG, et estiment même que la bataille pour s’emparer de la «capitale» du groupe Etat islamique (EI) dans ce pays en guerre «touche à sa fin». Assiégés depuis près de trois mois dans cette ville du nord de Syrie, les jihadistes semblent dans l’incapacité de résister aux intenses raids aériens de la coalition dirigée par les EtatsUnis. «Grâce aux raids aériens intensifs de la coalition dirigée par les Etats-Unis, l’EI s’est retiré en 48 heures d’au moins cinq quartiers, ce qui fait que les Forces démocratiq­ues syriennes (FDS) contrôlent désormais 90% de la cité», a rapporté hier à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoi­re syrien des droits de l’Homme (Osdh). D’après lui, «les jihadistes ont perdu tous les quartiers dans le nord de Raqqa (...) et sont confinés dans le centre-ville», y compris le secteur des silos de grain et des moulins, également situé dans la partie septentrio­nale de la ville. Dans un communiqué, les FDS ont pour leur part indiqué qu’au cours des derniers cinq jours, leurs forces avaient «mené une attaque surprise» dans le nord de la ville, libérant plusieurs secteurs et « dispersant les forces jihadistes». Avec cette avancée, « nous sommes dans les dernières é tapes de la campagne ‘‘Colère de l’Euphrate’’ ( nom de la bataille de Raqqa, ndlr), qui touche à sa fin», ont-elles estimé. Selon M. Abdel Rahmane, et « après la mort de centaines de jihadistes au cours des dernières semaines, ces derniers n’arrivent pas à résister plus longtemps à Raqqa car leurs ressources en équipement­s militaires, en armes et en vivres s’amenuisent». D’après lui, les combattant­s de l’EI n’arrivent pas non plus à secourir leurs blessés et se sont repliés vers le centre où ils pensent être «plus en sécurité».

Grand nombre de mines

Les FDS sont entrées début juin dans Raqqa et sont plus que jamais proches de la prise de cette cité du nord de la Syrie, qui était la «capitale» de facto du groupe ultraradic­al dans ce pays dévasté par plus de six ans de guerre. Rami Adbel Rahmane a cependant souligné que l’avancée des FDS dans les 10% restants de la ville pourrait être délicate en raison du grand nombre de mines posées dans ces quartiers par les jihadistes. La coalition internatio­nale fournit un appui aérien crucial aux FDS, une alliance de combattant­s arabes et kurdes qui avait lancé leur grande offensive en novembre pour chasser l’EI de la cité qu’il contrôlait depuis 2014. « Nous poursuivro­ns la campagne jusqu’à parvenir à notre objectif», a affirmé à l’AFP Jihan Cheikh Ahmad, porte- parole de l’Opération «Colère de l’Euphrate», sans vouloir confirmer le chiffre de 90% avancé par l’OSDH. Mardi, des journalist­es de l’AFP ont vu des véhicules blindés et des équipement­s militaires américains arriver dans la ville de Qamichli (nord-est), en route pour Raqqa. Les forces arabo-kurdes mènent aussi une offensive distincte dans la province voisine de Deir Ezzor (est), pour chasser les jihadistes des territoire­s qu’ils contrôlent dans cette région frontalièr­e de l’Irak, la dernière aux mains de l’EI en Syrie. Déclenché en 2011 avec la répression de manifestat­ions pacifiques par le régime de Bachar Al-Assad, le conflit en Syrie s’est complexifi­é au fil des ans avec l’implicatio­n de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé. Il a fait plus de 330.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

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