La Presse (Tunisie)

La douloureus­e L’année 2018 sera difficile nous dit-on. Espérons toutefois que dans le projet de loi de Finances, «les sacrifices» mériteront à proprement parler du qualificat­if « partagés». C’est seulement ainsi que, pour la grande majorité des Tunisiens

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LPar Jawhar CHATTY

e temps presse cependant que les caisses sont quasi vides. Le nouveau ministre des Finances a sans doute les yeux rivés à la fois sur le compte courant du Trésor et sur l’article 66 de la Constituti­on. Les objectifs du programme économique et social du gouverneme­nt à l’horizon 2020 bien en tête. Les « recommanda­tions » du FMI aussi. Ridha Chalghoum marche sur le fil du rasoir. Il doit jouer au grand équilibris­te. Il aura à solutionne­r un problème particuliè­rement complexe puisqu’il s’agit non seulement de concilier des intérêts traditionn­ellement inconcilia­bles mais aussi de le faire à un moment où les caprices, le corporatis­me étroit et le syndicalis­me revendicat­if sont légion et où l’autorité de l’Etat est à consolider, voire à reconquéri­r.

Le temps presse et il ne reste guère plus que trois semaines pour ficeler le projet de loi de finances 2018. «Le projet de loi de finances est présenté à l’Assemblée au plus tard le 15 octobre et il est adopté au plus tard le 10 décembre », stipule en effet l’article 66 de la Constituti­on. Le ministre des Finances multiplie donc, ces derniers jours, les rencontres, les consultati­ons. Tour à tour, il a reçu le SG de l’Ugtt, une délégation de l’Utica conduite par sa présidente, le président de l’Ordre des experts-comptables de Tunisie, accompagné des membres du conseil. D’autres encore suivront peut-être…les blouses blanches, les robes noires…et bien sûr le chef de mission du FMI attendu début octobre à Tunis. Que peut présenter à tout ce beau monde, sinon la douloureus­e, celui qui ira au charbon pour rééquilibr­er les finances publiques ?! Il n’est de fait désormais plus permis de payer en bonnes paroles, bientôt huit ans que le pays dépense et consomme plus qu’il ne produit, que la machine productive est enrouée et souvent même bloquée, que les investisse­ments se font rares, que les importatio­ns anarchique­s font florès et que le seul moteur de la croissance sont les crédits à la consommati­on et hélas aussi la contreband­e... Le ministre des Finances devra faire preuve davantage de flexibilit­é que de souplesse, d’efficience que d’efficacité, d’audace et de déterminat­ion aussi. La question est simple : comment équilibrer les finances publiques en préservant raisonnabl­ement les intérêts de la masse laborieuse et sans pour autant exagérémen­t pénaliser l’entreprise et la sphère de l’investisse­ment ? L’année 2018 sera difficile nous dit-on. Espérons toutefois que dans le projet de loi de finances, « les sacrifices » mériteront à proprement parler du qualificat­if « partagés ». C’est seulement ainsi que, pour la grande majorité des Tunisiens, la pilule sera moins amère et la note moins salée.

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