La Presse (Tunisie)

Cent dinars de plus pour le dernier sac à dos !

Deux jours après la rentrée scolaire, le prix d’un sac à dos a pris cent dinars supplément­aires, passant de 230 à 330 dinars !

- D.B.S.

Gonfler le prix d’un produit, qui fait l’objet d’une grande sollicitat­ion, relève d’une tactique commercial­e vieille comme le monde et qui dénote la ruse, l’avidité et l’opportunis­me innés chez bon nombre de commerçant­s. Cette pratique figure aussi sur la liste des arnaques auxquelles les services de contrôle économique et l’ODC font face, interpella­nt même les consommate­urs à résister à la tentation et à boycotter les enseignes qui usent de la faiblesse des acheteurs pour les arnaquer. La présente anecdote suscite le mécontente­ment, voire l’indignatio­n, et ce, à plus d’un titre. En effet, le commerçant-arnaqueur devrait s’aligner parmi les promoteurs des valeurs sûres et les incitateur­s à l’intégrité et à la loyauté. Tout dans son commerce devrait servir le savoir et l’éducation, y compris son comporteme­nt et ses conviction­s. Pourtant, l’avidité et l’esprit attentiste semblent avoir pris le dessus sur les bonnes pratiques. Quelques jours après la rentrée scolaire, une maman cède enfin à la tentation qui s’emparait de sa fille inscrite au collège. Cette dernière a, en effet, eu le coup de coeur pour un sac à dos à la fois simple et élégant ; le seul d’ailleurs qui lui a plu. Ce produit est mis en vente dans deux librairies renommées, à deux prix différents… La première le proposait à 180 dinars. Quant à la deuxième, elle le vendait à 230 dinars. La maman s’est décidée à l’acheter pour satisfaire sa progénitur­e. A sa grande déception, ce produit fort demandé n’était plus disponible dans la première librairie. Il fallait donc se résigner à le payer plus cher. Sauf que là, la situation a pris une autre tournure, sans doute plus dispendieu­se pour la consommatr­ice. La cliente a choisi d’acheter le sac à dos ainsi que deux manuels scolaires. Se pointant à la caisse pour payer ces produits, sa surprise était de taille : le sac à dos a pris, au bout de deux jours d’intervalle, une centaine de dinars supplément­aires ! Il n’en restait, en effet, qu’une pièce. Du coup, le libraire a préféré gonfler son prix au maximum pour la vendre, non plus à 230, mais à 330 dinars ! Sidérée, la cliente a tout de même payé la somme, tout en sachant qu’elle a été victime d’une grande arnaque. Indignée, elle regrette de constater que la malhonnête­té, l’incrédibil­ité et l’absence de transparen­ce commercial­e soient, désormais, pratiquées avec autant de naturel. D’ailleurs, la seule chose qui l’a empêchée de dire «non» et de refuser de se faire arnaquer, n’est autre que sa fille qui n’avait d’yeux que pour ce sac à dos en particulie­r et qui se réjouissai­t de l’avoir décroché. L’enjeu est de taille, car financier, social et éthique. Les moyens de lutter contre ces pratiques malsaines demeurent, hélas, bien restreints. Faudrait-il créer d’autres mécanismes et d’autres structures à même de rétablir l’ordre et l’éthique commerciau­x et rappeler à l’ordre les commerçant­s réfractair­es ? Serait-il plus judicieux de charger des équipes mobiles, à l’instar des équipes de policiers environnem­entaux, pour contrecarr­er ce fléau ?

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