Sexisme ordinaire dans les médias français
« Invisibles, sous-représentées, stéréotypées, peu citées », c’est ainsi que Natacha Henry, journaliste et spécialiste du sexisme dans les médias, décrit la place des femmes dans les médias français. Si le féminin s’est répandu aujourd’hui, jusqu’aux années 90, le « la », de ministre ou de secrétaire d’Etat, leur était interdit. Une manière, estimet-elle, de vouloir garder ces statuts et ses ambitions uniquement dans le giron du masculin. Auteure entre autres de l’ouvrage « Frapper, n’est pas aimer » (Denoël, Paris, 2011), Natacha Henry a d’autre part analysé le lexique utilisé dans les comptes rendus de faits divers sur la violence conjugale. « Dès qu’un homme agresse une femme, il est taxé ”d’amoureux éconduit”. Une manière de banaliser le mal. Si la presse est du côté des agresseurs, elle est loin de prendre le parti des victimes », note l’experte. En 2001, lorsque le chanteur du groupe Noir Désir, Bertrand Cantat, tue sa compagne Marie Trintignant, qui décède de ses 36 factures au crâne, Paris Match titrait : « Drame de la passion : ils s’aimaient passionnément ». Quelques années après, Cantat est libéré. Il ressort un disque. Les Inrokuptibles le mettent en couverture. D’autres médias refuseront d’en parler. Natacha Henry tourne beaucoup dans les écoles de journalisme en France pour inciter les futurs professionnels de traiter les sujets autour des femmes en général et des violences domestiques en particulier d’une manière moins stéréotypée. « Pour un journaliste, un des angles d’attaque de ce sujet que je trouve intéressant pour le grand public, est le coût de la violence. Le journaliste peut ainsi suivre le parcours de la victime, qui est souvent blessée, puis soignée, incapable ni de s’occuper de ses enfants, ni de travailler pendant plusieurs jours. Elle est par la suite assistée juridiquement, hébergée ailleurs qu’avec son mari ou compagnon… Toutes ces opérations exigent des dépenses. A la France en tout cas, la violence faite aux femmes coûte trois milliards et demi d’euros par an », ajoute Natacha Henry.