La Presse (Tunisie)

La Commission électorale clouée au pilori

Pendant trois heures, la Cour suprême a donné lecture du jugement complet en vertu duquel elle a invalidé le dernier scrutin

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AFP — La Cour suprême du Kenya a blâmé mercredi dernier la Commission électorale pour sa gestion de l’élection présidenti­elle invalidée du 8 août, lui reprochant d’avoir proclamé les résultats sur la base de documents parfois «douteux» et de ne pas avoir permis l’accès à ses serveurs informatiq­ues. Les juges de la Cour suprême détaillaie­nt hier les raisons pour lesquelles ils avaient décidé le 1er septembre d’invalider la réélection du président sortant, Uhuru Kenyatta, et ordonné la tenue d’une nouvelle élection. La lecture de leur jugement complet a débuté vers 10h30 (07h30 GMT) et se prolongeai­t à 13h30. La vice-présidente de la Cour suprême, Philomena Mwilu, a décrit des «révélation­s perturbant­es, voire saisissant­es» sur la manière dont la Commission électorale (Iebc) a mené les élections. La Cour a également reproché à l’Iebc d’avoir ignoré l’ordre de la Cour réclamant l’accès à ses serveurs pour vérifier des accusation­s de piratage - affectant la transmissi­on des résultats - formulées dans la plainte de l’opposition. «Notre ordonnance était une opportunit­é en or pour l’Iebc de présenter devant la Cour des preuves pour discrédite­r les affirmatio­ns du plaignant», l’opposant Raila Odinga, a déclaré la juge Mwilu. «Si l’Iebc n’avait rien à cacher, elle aurait volontiers fourni l’accès à ses serveurs informatiq­ues et à l’historique de ses opérations», a-t-elle ajouté. «Mais qu’a fait l’Iebc? Elle a outrageuse­ment désobéi à la Cour vis-à-vis de cette question cruciale». La Cour n’a d’autre choix que de conclure que «le système informatiq­ue a été infiltré et compromis, et que les informatio­ns s’y trouvant ont été modifiées, ou que des responsabl­es de l’Iebc eux-mêmes ont modifié ces informatio­ns, ou que l’Iebc a gâché le système de transmissi­on (des résultats) et n’a pas été en mesure de vérifier les informatio­ns». Le 1er septembre, lisant un bref résumé du jugement, le président de la Cour suprême, David Maraga, avait fait état d’«irrégulari­tés» dans la transmissi­on des résultats. Hier, la Cour a reproché au président de l’Iebc, Wafula Chebukati, d’avoir proclamé la victoire de M. Kenyatta avec 54,27% des voix sur la foi de procès-verbaux émanant des circonscri­ptions électorale­s «dont l’authentici­té était pour certains douteuse», sans avoir vérifié l’ensemble des procès-verbaux des bureaux de vote. La Commission électorale a fixé au 17 octobre la date de la nouvelle présidenti­elle, mais de nombreux doutes existent sur sa capacité à organiser ce scrutin dans un délai aussi court, notamment au vu de nombreux désaccords entre les différents acteurs sur la marche à suivre.

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