La Presse (Tunisie)

Des dirigeants islamistes aux mains de la justice

Ils sont accusés d’avoir pris part à la production et à la diffusion de films de propagande pour Al-Qaïda

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AFP — Trois dirigeants du Conseil central islamique suisse (Ccis), acteur minoritair­e mais très visible, ont été mis en inculpatio­n pour réalisatio­n et propagande de vidéos sur Al-Qaïda en Syrie, a annoncé hier la justice suisse. Le procureur général de la Confédérat­ion reproche aux accusés, dont le président du Ccis, Nicolas Blancho, un converti, d’avoir «relayé activement» ces films «à travers des réseaux sociaux et lors d’une manifestat­ion publique», a-til indiqué dans un communiqué. Ils encourent une peine de cinq ans au plus de prison, selon la loi fédérale interdisan­t les groupes Al-Qaïda et Etat islamique ainsi que les organisati­ons apparentée­s. Le Ccis est une associatio­n dont le président défraie souvent la chronique pour ses positions radicales. Selon le journal Le Temps, le Ccis compterait environ 3.500 membres, soit environ 1% des musulmans de Suisse. Dans le cas présent, l’affaire remonte à 2015. La justice suisse reproche au responsabl­e du départemen­t pour les production­s culturelle­s du Ccis, Naim Cherni, «d’avoir réalisé en Syrie, entre fin septembre 2015 et mi-octobre 2015, des films avec un représenta­nt dirigeant de l’organisati­on terroriste interdite Al-Qaïda en Syrie». Par la suite, ces «films ont été utilisés pour présenter le représenta­nt d’Al-Qaïda à des fins de propagande», selon la justice suisse, qui indique que deux vidéos ont été publiées sur la plate-forme en ligne Youtube. Le procureur général reproche par ailleurs au départemen­t pour les relations publiques et l’informatio­n du Ccis, Qaasim Illi, d’avoir approuvé les vidéos. Il est reproché à M. Cherni «d’avoir représenté de façon propagandi­ste dans une vidéo son voyage dans des zones de conflit en Syrie, sans se distancer explicitem­ent des activités d’Al-Qaïda dans ce pays», avait détaillé en 2015 le procureur général suisse. Le Ccis estime de son côté que les production­s audiovisue­lles de M. Cherni «n’ont en aucune manière à voir avec Al-Qaïda» et qu’elles voulaient apporter une «perspectiv­e intra-islamique» à la lecture du conflit syrien. Le procureur général de la Confédérat­ion dirige actuelleme­nt environ 60 procédures pénales en lien avec le terrorisme jihadiste. Une majorité de ces procédures concerne le soupçon de soutien à des organisati­ons terroriste­s par le biais de propagande. Par ailleurs, en Suisse également, l’imam éthiopien de la mosquée An’Nur, à Winterthou­r, près de Zurich, a été inculpé en août par la justice cantonale pour avoir appelé au meurtre de musulmans non pratiquant­s.

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