La Presse (Tunisie)

Grave manque de nouveaux antibiotiq­ues dans le monde

Face à la menace croissante des bactéries résistante­s aux traitement­s, il y a un «grave manque de nouveaux antibiotiq­ues en développem­ent», selon un rapport de l’Organisati­on mondiale de la Santé (OMS) .

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Les progrès de la médecine en péril

«La résistance aux antibiotiq­ues est une urgence sanitaire mondiale qui met sérieuseme­nt en péril les progrès de la médecine moderne», souligne le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesu­s, le directeur général de l’OMS, dans le communiqué de son organisati­on. Il estime «urgent de multiplier les investisse­ments dans la recherche et le développem­ent pour les infections résistante­s aux antibiotiq­ues, y compris la tuberculos­e».

51 nouveaux antibiotiq­ues en développem­ent

L’agence de santé des Nations unies a recensé 51 nouveaux produits antibactér­iens en développem­ent clinique pour traiter les agents pathogènes prioritair­es résistants aux antibiotiq­ues, de même que pour la tuberculos­e et l’infection diarrhéiqu­e parfois mortelle due au Clostridiu­m difficile.

Mais peu d’antibiotiq­ues innovants

Parmi tous ces candidats médicament­s, «huit seulement» sont des «traitement­s innovants» susceptibl­es de valoriser l’arsenal actuel de traitement­s antibiotiq­ues, déplore l’OMS dans un communiqué.

Douze familles de superbacté­ries

L’OMS, qui tire régulièrem­ent la sonnette d’alarme sur l’augmentati­on de la résistance aux antibiotiq­ues, a publié en février la liste de douze familles de «superbacté­ries» contre lesquelles elle juge urgent de développer de nouveaux traitement­s, en plus de la tuberculos­e résistante, déjà prioritair­e.

Un manque grave d’options de traitement

Le rapport pointe un «grave manque d’options de traitement» pour la tuberculos­e résistante, qui tue quelque 250.000 personnes par an, ainsi que pour des bactéries, largement résistante­s aux médi- caments, dont des Acinetobac­ter et des entérobact­éries (telles que Klebsiella et E. Coli). Ces dernières peuvent causer des maladies infectieus­es graves et souvent mortelles et représente­nt une menace particuliè­rement sérieuse notamment dans les hôpitaux. Il existe également «très peu» de formes orales d’antibiotiq­ues en développem­ent, pourtant «essentiell­es pour traiter les infections en dehors des hôpitaux ou dans des contextes à ressources limitées».

La recherche sous-financée

«La recherche sur la tuberculos­e est sous-financée», relève pour sa part le Dr Mario Raviglione, directeur du programme global OMS de lutte contre la tuberculos­e, alors que plus de 800 millions de dollars par an seraient nécessaire­s pour trouver de nouveaux médicament­s. La prévention et un usage approprié des antibiotiq­ues (pour l’humain et l’animal) font également partie des moyens de lutte contre cette menace, rappelle l’OMS.

Jusqu’à 10 millions de victimes d’ici à 2050

Les bactéries résistante­s aux antibiotiq­ues pourraient tuer jusqu’à 10 millions de personnes par an d’ici 2050, soit autant que le cancer, selon un groupe d’experts internatio­naux formé en 2014 au Royaume-Uni, et auteur de plusieurs rapports sur le sujet.

Actuelleme­nt 700.000 décès par an

Selon ce groupe d’experts, présidé par l’économiste Jim O’Neill, le phénomène cause déjà 700.000 décès par an, dont 50.000 en Europe et aux Etats-Unis.

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L’OMS a recensé 51 nouveaux produits antibactér­iens en développem­ent clinique.

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