La Presse (Tunisie)

Et si ces organismes marins la cachaient au fond des océans ?

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Les appendicul­aires piègent les microdéche­ts pour mieux les rejeter au fond de l’océan. Ce qui expliquera­it pourquoi on ne retrouve, flottant dans les eaux, qu’un centième du plastique rejeté en mer...

D’étranges organismes planctoniq­ues, les appendicul­aires, pourraient détenir la clé de l’énigme dite «du plastique manquant» : depuis 2014, en effet, les scientifiq­ues cherchent à comprendre comment à peine un centième du plastique que nous déversons dans l’océan se retrouve dans la colonne d’eau, où les fragments devraient pourtant flotter... Ces appendicul­aires, dont les plus grands font une dizaine de centimètre­s de long, sont abondants dans tous les océans du globe. Ils se nourrissen­t de fragments organiques et construise­nt pour cela d’extraordin­aires dispositif­s de piégeage, dix fois plus grands qu’eux-mêmes.

Un peu comme une araignée dans une toile flottante

Ce sont des sortes de filets de mucus, qui piègent les particules et à l’intérieur desquels l’animal se nourrit, un peu comme une araignée le ferait dans une toile flottante. Rapidement saturés par des particules de diamètres inadaptés, trop petites ou trop grandes pour l’animal, ces pièges sont abandonnés et remplacés par d’autres plusieurs fois par jour. Or, après avoir exposé ces organismes à des fragments plastiques en laboratoir­e, puis in situ à l’aide d’un sous-marin télécomman­dé (un ROV), une équipe américaine s’est aperçue qu’une partie importante des fragments de plastique était capturée et agrégée par ces pièges, qui ensuite l’entraînait rapidement dans les profondeur­s avec ce qu’on appelle la «neige marine».

Reste à quantifier ce flux de plastique

«Ces résultats attestent de l’importance fondamenta­le des proces- sus biologique­s et du vivant dans le transfert des microplast­iques vers les grands fonds» , commente Julien Boucher, auteur d’une étude de l’Uicn (Union internatio­nale pour la conservati­on de la nature) consacrée au plastique océanique parue en 2017. L’étude américaine n’est, de l’aveu de ses auteurs, qu’un premier pas, une preuve de concept : il reste à quantifier plus précisémen­t ce flux vers les profondeur­s, pour comprendre si, en effet, les appendicul­aires contribuen­t significat­ivement à «nettoyer» l’océan de ses particules plastiques ... pour mieux les rejeter plus en profondeur.

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Un peu comme une araignée dans une toile flottante

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