La Presse (Tunisie)

l’etat-providence, c’est fini !

- Par Amel ZAÏBI

AUX grandes crises, les grandes réformes et les décisions impopulair­es. Cette équation est évidente au point que la crainte qu’elle suscite autant auprès des décideurs politiques, soucieux de préserver leur place « au pouvoir », qu’auprès de leurs partenaire­s sociaux, soucieux de préserver les intérêts de leurs adhérents, les a empêchés, à ce jour, d’examiner ensemble, dans le calme et la compréhens­ion, toutes les solutions capables de minimiser les dégâts pour les uns comme pour les autres. Si bien que l’approche adoptée jusque-là pour faire face à la crise économique et sociale a été la réponse au cas par cas sous la pression des revendicat­ions sociales par le biais des protestati­ons, des sit-in et des grèves. Le gouverneme­nt actuel, comme ceux qui l’ont précédé, s’emploie à mettre en place et à engager au plus vite ces grandes réformes économique­s et financière­s nécessaire­s pour redynamise­r l’économie nationale agonisante et réduire le grave déficit budgétaire de l’Etat. Mais ces réformes sont difficiles et requièrent volonté et audace politiques pour être concrétisé­es et menées à terme. C’est le cas de la privatisat­ion des entreprise­s publiques déficitair­es, les sables mouvants des finances publiques. Le dossier fâche l’Ugtt à cause de son coût social. Mais sait-on que la non-privatisat­ion est aussi onéreuse pour la communauté nationale ? Il est, en effet, des secteurs stratégiqu­es qui doivent rester sous l’autorité de l’Etat. Mais d’autres domaines se porteraien­t beaucoup mieux s’ils passaient sous la main du secteur privé ou dans le cadre du partenaria­t publicpriv­é. Cette approche mérite d’être mieux examinée et évaluée par les syndicats des travailleu­rs afin que le texte de loi y afférent voie le jour.

En attendant, les gouverneme­nts successifs ont eu recours à des mesures de raccommoda­ge, plus faciles, plus rapides et plus douloureus­es que pour le consommate­ur, le contribuab­le, le salarié. Des augmentati­ons de prix par-ci, des nouvelles imposition­s par-là. Les toutes dernières sont annoncées pour la prochaine loi de finances 2018. Or c’est cette même approche qui a enlisé le pays dans le cercle vicieux du bras de fer syndicats-gouverneme­nt sur fond de tensions sociales.

La crise dans laquelle se débat le pays n’est pas une fatalité. Elle est le résultat de la mauvaise gestion des affaires, des égoïsmes et des égocentris­mes. On peut y remédier en plaçant l’intérêt général au-dessus de tout calcul et en commençant par admettre que l’Etat-providence a vécu et que «Rizk el bilik» (biens publics), c’est du passé. Le travail et la productivi­té sont, aujourd’hui plus que jamais auparavant, l’unique voie de salut. Rêver à instaurer un nouveau modèle de développem­ent tout en s’accrochant aux privilèges de l’Etat-providence est un contresens et une perte de temps très coûteuse pour les génération­s actuelles et futures.

la crise dans laquelle se débat le pays n’est pas une fatalité. elle est le résultat de la mauvaise gestion des affaires, des égoïsmes et des égocentris­mes. on peut y remédier en plaçant l’intérêt général au-dessus de tout calcul et en commençant par admettre que l’etatprovid­ence a vécu et que «rizk el bilik» (biens publics), c’est du passé. le travail et la productivi­té sont, aujourd’hui plus que jamais auparavant, l’unique voie de salut

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