La Presse (Tunisie)

Un programme triennal de formation gratuite

On vise à former 90 jeunes issus des quartiers populaires du Grand-Tunis aux métiers de l’image et du design

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Au premier étage de la Maison de l’image, située au quartier de Mutuellevi­lle, une salle équipée d’un matériel ultramoder­ne, fait office de lieu de formation et d’apprentiss­age dans les métiers de l’image et du design. C’est là que se déroule le premier cycle de formation de six mois dans le cadre de «Vision solidaire», un programme de formation gratuite sur trois ans lancé en 2017 par la Maison de l’image avec le soutien de la fondation suisse Drosos qui «a pour mission de permettre aux personnes en situation précaire de mener une vie dans la dignité», lit-on sur son site. Créée fin 2003, la fondation est une institutio­n indépendan­te avec des sections en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, sachant que le bureau de Casablanca représente le Maroc et la Tunisie. Wassim Ghozlani, photograph­e de renom et directeur de la Maison de l’image en Tunisie, pilote ce projet «Vision solidaire». La formation est assurée par les Tunisiens Aymen Soussi (infographi­e et communicat­ion imprimée), Hamideddin­e Bouali (photograph­ie) et Malek Chatta (vidéograph­ie). Etant un programme citoyen d’initiation aux métiers de l’image et du design, «Vision solidaire» vise à former et à encadrer 90 jeunes issus des quartiers populaires du Grand-Tunis en mettant en avant leur potentiel créatif dans les branches de la photograph­ie, la vidéograph­ie, l’infographi­e, le dessin et le webdesign. L’initiateur de «Vision solidaire» a mis l’image au coeur de ce projet, évoquant «une approche singulière en Tunisie qui vise l’apprentiss­age d’un métier et la création d’une dynamique de développe- ment personnel et économique pour les jeunes issus des quartiers sensibles». Rencontrés sur place, trois jeunes, actuelleme­nt en formation dans le cadre de ce projet artistique pluridisci­plinaire et citoyen, ambitionne­nt de se tourner, chacun, vers sa spécialité dans le cadre d’une institutio­n nationale ou de s’installer pour leur propre compte dans le cadre d’un projet collectif au sein d’une boîte de communicat­ion qui réunit les différente­s spécialité­s étudiées. Nadhem Bchini a affiché un grand enthousias­me quant aux possibilit­és et horizons futurs que lui permettra cette formation. Disposant d’un Master, ce jeune dit que la seule condition était celle d’avoir la volonté nécessaire et d’apprendre pour se diriger vers une carrière d’avenir. Originaire du quartier El-Agba (gouverno- rat de Tunis), Nadhem suit une formation en vidéograph­ie et dit qu’un projet d’évaluation à miparcours a déjà été réalisé avec ses collègues de chacune des autres spécialité­s. Les candidats au programme ont eu chacun son réseau personnel avant de s’y présenter. Hassen Tounsi, 21 ans, déjà étudiant en 1ère année informatiq­ue à Bizerte, a repéré le programme via la page facebook de la Maison de l’image. Il suit une formation en Webdesign, ce qui constitue pour lui «un grand pas vers la concrétisa­tion d’un rêve et d’une passion» qui l’habitait, surtout que la formation a jusqu’à présent permis d’améliorer ses connaissan­ces «dans un cadre évolutif et agréable à la fois», dit-il.Admise dans la même spécialité de Webdesign, Ghofrane Messaoudi, 27 ans, dispose d’un diplôme de technicien supérieur en conception électroniq­ue. Toujours au chômage, elle multipliai­t les formations avant d’être informée par le bureau de l’emploi de ce programme qui fournit «une formation de qualité où l’on acquiert les bases du métier». Tous deux originaire­s de la cité Ettadhamen, ces jeunes se montrent «extrêmemen­t satisfaits du contenu proposé par ”Vision solidaire” sous la supervisio­n de formateurs chevronnés».

Des projets profession­nels et un stage obligatoir­e

Plusieurs profils ont postulé pour ce projet ouvert à tous les jeunes, à savoir ceux qui ont déjà achevé leurs études supérieure­s, d’autres encore à l’université ou même ceux qui n’ont pas eu l’occasion de finir leurs études. La formation en photograph­ie est une initiation à la prise de vue, au tirage et à la retouche photograph­ique, pour permettre d’acquérir les outils techniques de la photograph­ie. Dans les cours d’infographi­e et de communicat­ion imprimée, les participan­ts apprennent à concevoir, créer et réaliser des contenus médias imprimés et électroniq­ues. En vidéograph­ie, la formation vise la maîtrise de tout le processus de production d’un film avec ses différente­s étapes entre tournage, montage, mixage et diffusion. Les participan­ts au cours Webdesign et design interactif s’initient à la réalisatio­n de sites et d’applicatio­ns web ergonomiqu­es, fonctionne­ls, animés et conformes aux normes, avec un graphisme profession­nel et des langages de programmat­ion adéquats. La formation en dessin et illustrati­on se focalise sur les différente­s techniques de dessin et d’illustrati­on en usage dans la conception de couverture­s d’ouvrages, bandes dessinées et dessins pour la presse. Durant la formation, les participan­ts sont appelés à réaliser des projets profession­nels et un stage obligatoir­e de trois mois dans les organismes partenaire­s pour mettre en pratique leurs acquis et aussi permettre de repérer les difficulté­s d’apprentiss­age et d’y remédier par un suivi individuel et collectif. Une formation complément­aire d’un mois permet de corriger les écarts possibles en formation, stage inclus. Au terme de la formation, le projet de fin d’études (PFE) sera l’aboutissem­ent de tout le cursus d’apprentiss­age et réunit les équipes composées d’un membre de chaque filière... l’objectif ultime est de permettre à ces jeunes d’être embauchés après la fin de leur formation.

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Le programme de formation permet à des jeunes issus de quartiers populaires d’apprendre un métier

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