La Presse (Tunisie)

Le cSM, en danger ?

- Par Abdelkrim DERMECH

IL semble que le gouverneme­nt Youssef Chahed va se trouver confronté à une nouvelle guerre outre celles qu’il mène déjà contre la corruption, la contreband­e, le terrorisme, les disparités régionales et le chômage.

Il s’agit des instances indépendan­tes dont le contrôle ou même le suivi des activités échappent à tout le monde et qui exigent que le gouverneme­nt réponde par l’affirmativ­e à leurs revendicat­ions, notamment financière­s, aussitôt qu’elles sont exprimées quels que soient leurs volume ou ampleur.

Hier, l’assemblée générale du Conseil supérieur de la magistratu­re (CSM) a été couronnée par la publicatio­n d’une déclaratio­n incendiair­e, dans laquelle les membres du Conseil accusent le gouverneme­nt d’avoir l’intention pure et simple de vouloir l’empêcher d’accomplir la mission pour laquelle il a été élu.

Et les accusation­s de pleuvoir : les crédits financiers sont bloqués, les nomination­s demandées sont ignorées et les primes et avantages auxquels ont droit les membres du Conseil ne sont pas appliqués.

La conclusion est on ne peut plus claire : l’indépendan­ce de la magistratu­re est en danger, le principe de la séparation entre les pouvoirs exécutif et judiciaire est violé et le CSM est menacé de cessation d’activité, donc de disparitio­n.

En effet, si l’on suit l’analyse faite par les membres du Conseil supérieur de la magistratu­re, considéré comme une instance-pilier de la jeune expérience démocratiq­ue tunisienne, on peut dire que la situation est sérieuseme­nt en danger et qu’on risque effectivem­ent de voir le processus démocratiq­ue entamé depuis la révolution voler en éclats.

Faut-il rappeler que la démocratie n’a aucune significat­ion en l’absence d’une magistratu­re libre, indépendan­te et surtout libérée de toute tentative de mise sous tutelle ?

Heureuseme­nt qu’on n’en est pas là et le CSM continue à exercer ses fonctions et à bénéficier de la confiance et de la considérat­ion des autres institutio­ns de l’Etat comme le Parlement qui vient de lui demander son avis sur la loi de réconcilia­tion administra­tive mais n’ayant pas reçu de réponse, l’ARP l’a finalement votée. Idem pour le mouvement annuel des mutations et de promotion des magistrats opéré par le CSM ces derniers jours et qui est l’objet de plusieurs opposition­s devant être examinées avant le démarrage de la nouvelle année judiciaire.

Que faut-il retenir de la déclaratio­n-ultimatum du Conseil supérieur de la magistratu­re ? Sans doute qu’il s’agit d’une approche sans précédent dans les rapports exécutif-judiciaire n’augurant rien de rassurant pour une expérience démocratiq­ue encore à ses premiers pas.

Que faut-il retenir de la déclaratio­n-ultimatum du Conseil supérieur de la magistratu­re ? Sans doute qu’il s’agit d’une approche sans précédent dans les rapports exécutifju­diciaire n’augurant rien de rassurant pour une expérience démocratiq­ue encore à ses premiers pas.

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