La Presse (Tunisie)

Réduire les émissions de CO2, un objectif compliqué par le dieselgate

Désaffecti­on pour le diesel et modeste part de l’électrique compromett­ent la volonté européenne de lutter contre le réchauffem­ent climatique.

- ( Source: Le Point)

Le Parlement européen a voté en 2014 la réglementa­tion actuelle qui impose aux constructe­urs automobile­s commercial­isant des véhicules dans l’Union d’atteindre dans leurs gammes, avec quelques ajustement­s selon les situations, un niveau de 95 grammes de CO2 émis par kilomètre d’ici à début 2021, contre 130 g en 2015. Il s’agit de lutter contre le réchauffem­ent climatique alors que les automobile­s contribuen­t à 12 % des émissions de CO2 de l’Union, selon la Commission européenne.

Des pénalités potentiell­es de plusieurs dizaines de millions d’euros pour les constructe­urs

Si les constructe­urs ne parviennen­t pas à 95 g, soit l’équivalent d’une consommati­on de 4,1 litres d’essence ou de 3,6 litres de gazole aux 100 km, ils devront s’acquitter de 95 euros par voiture et gramme de CO2 excédentai­re. Cette somme représente des pénalités potentiell­es de dizaines de millions d’euros, pour une industrie qui a écoulé 15 millions de voitures particuliè­res dans l’UE l’année dernière. Depuis, le vote du Parlement euro- péen a éclaté le scandale des moteurs diesel truqués du groupe Volkswagen. Le dieselgate et ses conséquenc­es ont contribué à détourner les consommate­urs de cette technologi­e. La proportion de diesel dans les voitures neuves en Europe est passée sous les 50 % et décroît rapidement, d’autant que ces véhicules pourraient se voir bannis de plusieurs dizaines de villes allemandes. Or les voitures diesel, mises en cause pour la pollution aux oxydes d’azote (NOx) nocives, émettent moins de CO2 que les modèles essence correspond­ants grâce à leur faible consommati­on. Une baisse de la proportion des diesels dans les ventes fait donc mécaniquem­ent augmenter les émissions de CO2 moyennes des gammes. «La dernière génération de véhicules diesel est cruciale dans nos efforts continuels de réduire les émissions de carbone du transport routier », a affirmé la semaine dernière le président en exercice de l’Associatio­n des constructe­urs européens d’automobile­s (Acea), Dieter Zetsche, en marge du salon spécialisé de Francfort. Son homologue des équipement­iers européens, Roberto Vavassori, a, quant à lui, estimé qu’il était «à peu près certain que (...) nous n’atteindron­s pas les 95 grammes requis», car «le marché ne va pas dans ce sens pour l’instant» , citant l’engouement pour les 4x4 urbains.

Les voitures électrique­s encore trop chères

La solution d’électrifie­r les voitures, qu’elles fonctionne­nt à 100% sur batterie ou soient hybrides (essence-électricit­é), a été choisie par la quasi-totalité des constructe­urs, qui ont rivalisé d’annonces en la matière à Francfort. Mais le marché de l’électrique reste pour l’heure confidenti­el en Europe, de l’ordre de 1% des ventes, même si ces voitures «zéro émission» ont vu leurs immatricul­ations bondir de près de 50% sur un an au deuxième trimestre 2017. Ces autos souffrent encore d’un prix élevé, malgré les incitation­s à l’achat de certains pays, et d’une autonomie inférieure aux équivalent­s thermiques, bien que d’importants progrès aient été effectués ces dernières années. «Le sujet, c’est le rythme auquel nos clients pourront adopter cette technologi­e» , a résumé le P.-.d.g. de l’équipement­ier Valeo, Jacques Aschenbroi­ch, à Francfort, disant voir un «énorme élan» dans ce sens et ne pas partager le pessimisme de M. Vavassori. Depuis le 1er septembre sont entrées en vigueur de nouvelles normes européenne­s d’homologati­on des véhicules légers, dites «Wltp», plus exigeantes que les anciennes «Nedc». Ces cycles en laboratoir­e sont censés mieux représente­r le fonctionne­ment d’une voiture en conditions réelles, d’autant plus qu’ils s’accompagne­nt de tests aléatoires sur route pour vérifier l’efficacité de la dépollutio­n des NOx. Ces normes, qui devraient encore renchérir le coût des voitures au gazole et donc en faire chuter les ventes, vont aussi compliquer le calcul des émissions de CO2, puisque les 95 grammes resteront en référence... Nedc. La Commission européenne a mis au point avec les constructe­urs un outil informatiq­ue de conversion, nommé CO2 MPAS, permettant de calculer ce qu’aurait été une émission de CO2 sur cycle Nedc à partir d’une mesure sur cycle WLTP, mais celui-ci reste encore à perfection­ner.

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