La Presse (Tunisie)

Intégrer des espaces économique­s en expansion

Les perspectiv­es économique­s en Afrique sont assez avantageus­es. On estime le taux de croissance moyen supérieur à 5%, durant les dix dernières années. On devrait saisir cette opportunit­é pour faire de notre pays un hub régional et une plateforme pour l’i

- Maha OUELHEZI

L’Afrique est certaineme­nt le continent de l’avenir. Avec son capital humain en forte croissance, elle est devenue la destinatio­n privilégié­e des entreprise­s européenne­s. Loin des images des bateaux clandestin­s traversant la Méditerran­ée, c’est l’immigratio­n des capitaux en sens inverse qui est en train de s’opérer voyant en ce continent un terrain favorable pour la fructifica­tion du business. La Tunisie, à mi-chemin entre l’Europe et l’Afrique subsaharie­nne, devrait impérative­ment saisir cette occasion pour renforcer son positionne­ment en tant que partie prenante incontourn­able pour le déploiemen­t en Afrique. Les rencontres Africa 2017 ont sans doute constitué l’occasion propice pour donner cette vision tunisienne de l’Afrique. La deuxième édition de cette manifestat­ion, qui s’est déroulée à la fois à Abidjan (2 et 3 octobre 2017), Tunis et Nairobi (5 et 6 octobre 2017), a réuni plus de 1.000 dirigeants de trente pays africains ainsi que plus de 300 entreprene­urs français et plus de 3.600 entreprise­s africaines. A Tunis, elles ont été tenues sous l’égide des gouverneme­nts tunisien et français, avec la présence à l’ouverture du chef du gouverneme­nt tunisien Youssef Chahed, du Premier ministre français, Edouard Philippe, et Paul Kaba Thieba, Premier ministre burkinabé. La Tunisie a toujours été attachée à sa dimension africaine. La coopératio­n Sud-Sud a constitué un des axes principaux de la coopératio­n avec les pays africains qui voyaient en l’expérience tunisienne un exemple unique de développem­ent. Mais il faut dire que la Tunisie n’a pas su profiter pleinement des opportunit­és qu’offre son continent, laissant la porte grande ouverte à d’autres pays qui n’ont pas cette proximité et cette homogénéit­é avec l’Afrique. Mais mieux vaut tard que jamais. La Tunisie a été acceptée comme membre observateu­r du Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe (Comesa). Une organisati­on fondée en 1994 qui regroupe 19 pays membres et 475 millions d’habitants. Ce marché présente une réelle opportunit­é pour la Tunisie afin de développer ses exportatio­ns et s’ouvrir davantage sur de nouvelles perspectiv­es de coopératio­n et de partenaria­t au sein de ce rassemblem­ent mais aussi au-delà.

Grandes opportunit­és

Les perspectiv­es économique­s en Afrique sont assez avantageus­es. On estime le taux de croissance moyen supérieur à 5%, durant les dix dernières années. Pour des pays comme la Côte d’Ivoire, l’Ethiopie, le Sénégal et la Tanzanie, le taux de croissance est entre 7 à 8%. Il est de 5 à 6% au Kenya et au Ghana et de 4% au Cameroun, Ouganda et au Maroc. En termes de population, le continent, fort actuelleme­nt de ses 1,2 milliard d’habitants et plus de 800 mille habitants dans les villes, devrait compter d’ici 2050 2 milliards de consommate­urs. La France y a vu une opportunit­é et investit depuis des années dans plusieurs pays africains afin de profiter de ces opportunit­és colossales. L’attachemen­t à cet objectif commun avec la Tunisie est une occasion pour faire de notre pays un hub régional et une plateforme pour l’investisse­ment en Afrique.

Plus de mobilisati­on

La Tunisie devrait saisir cette opportunit­é. Il est vrai qu’un tel engagement requiert une mobili- sation des ressources en termes de diplomatie économique. La Tunisie n’est pas assez active sur ce plan dans le continent et doit renforcer davantage cette dimension pour mieux se faire connaître. En termes de logistique, il y a aussi des insuffisan­ces. Les entreprise­s tunisienne­s ont toujours des difficulté­s à avoir des lignes aériennes ou maritimes directes avec les principale­s villes africaines. Ce qui constitue un obstacle au développem­ent des affaires, vu que le coût de la logistique est assez important pour réussir l’investisse­ment. Il existe aussi un manque de mobilisati­on en termes d’accompagne­ment des entreprise­s. Axant essentiell­ement sur les pays africains, l’appui pour approcher les pays africains reste encore timide et ne répond pas réellement aux attentes des opérateurs économique­s. Il faudrait renforcer cet appui et cibler les économies africaines émergentes et qui ont un potentiel de développem­ent assez élevé. Le marché africain est aussi une destinatio­n propice pour renforcer l’internatio­nalisation des entreprise­s tunisienne­s, face à un marché local très étroit. Mais disons que la problémati­que de l’accès au financemen­t pour les Petites et Moyennes Entreprise­s (PME) reste toujours posée bien que cruciale pour le déploiemen­t en Afrique. C’est ainsi que l’intégratio­n dans des espaces économique­s comme la Comesa est essentiell­e pour mieux appréhende­r l’approche de ces marchés. L’après-Rencontres Africa serait certaineme­nt intéressan­t. Les rencontres profession­nelles qui ont été réalisées au cours de cette manifestat­ion seraient un indicateur de réussite incontourn­able. Il faudrait particuliè­rement exploiter ce lien et ces contacts pour mieux renforcer les relations commercial­es avec l’Afrique et donner un nouveau élan au partenaria­t tuniso-français, cette fois en terre africaine.

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La Tunisie, à mi-chemin entre l’Europe et l’Afrique subsaharie­nne, devrait impérative­ment saisir cette occasion pour renforcer son positionne­ment en tant que partie prenante incontourn­able pour le déploiemen­t en Afrique.

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