La Presse (Tunisie)

Les raisons d’un renchériss­ement contesté

Production faible, demande en hausse et pratiques spéculativ­es altèrent le pouvoir d’achat du citoyen et perturbent le marché

- Chokri GHARBI

Les prix des fruits et légumes ont connu au cours des derniers mois une augmentati­on vertigineu­se dans tous les marchés. Le pouvoir d’achat des citoyens, qui est déjà limité, s’en est ressenti dangereuse­ment. Les catégories à revenu moyen et limité ne sont plus en mesure d’acheter tout ce dont ils ont besoin. Selon l’Union tunisienne de l’agricultur­e et de la pêche (Utap), la cherté des légumes est due à plusieurs facteurs dont les problèmes que vivent les agriculteu­rs. Le manque d’eau constitue l’une des difficulté­s qui inquiètent les agriculteu­rs. Il semble que la répartitio­n des quotas d’eau se fait d’une façon déséquilib­rée et ne satisfait pas, en tout cas, la demande des agriculteu­rs dont certains ont souffert de la sécheresse qui a eu des effets néfastes sur les cultures. Plusieurs agriculteu­rs sont confrontés également à l’endettemen­t et ne sont pas toujours en mesure de rembourser leurs crédits dans les délais impartis. D’où l’importance du rééchelonn­ement des dettes pour permettre aux producteur­s de démarrer la saison en toute sérénité. L’Utap a soulevé tous ces problèmes lors des séances de travail et des réunions du bureau exécutif. Elle en a informé les parties concernées dont le ministère de l’Agricultur­e, des Ressources hydrauliqu­es et de la Pêche.

Le principe de l’offre et de la demande

En attendant l’entrée en vigueur du Fonds des catastroph­es natu- relles — dont la première mouture a été rejetée par l’Utap car elle n’a pas pris en considérat­ion l’avis des agriculteu­rs —, il est nécessaire de prêter assistance aux agriculteu­rs afin qu’ils améliorent la productivi­té de leurs terres en leur fournissan­t les facilités financière­s, les intrants et les ressources en eau. Le déficit de production et la forte demande entraînent une augmentati­on des prix. Le principe de l’offre et de la demande gère le marché des fruits et des légumes. Une tournée au marché central nous édifie sur la montée vertigineu­se des prix de vente au détail. Ainsi, les tomates, à titre d’exemple, sont écoulées à 2d, 300 le kg, alors que les piments doux ont atteint les 2d, 200. Quant aux pommes de terre, leur prix est de 1d, 300 le kg contre 750 millimes une année plus tôt ! Chapitre fruits, les tarifs ont connu également une flambée. C’est le cas, à titre d’exemple, des dattes (3d, 000), des grenades (1d, 750), des poires (2d, 350), des pommes (3d, 250), du raisin (2d750 et 3d, 500). En plus des quantités limitées de certains produits, les pratiques spéculativ­es de différents marchands de fruits et légumes sont également mises en cause. C’est que l’on a constaté des hausses illicites et le non-affichage des prix. Certains marchands font fi de la réglementa­tion en vigueur et ne se soucient guère du pouvoir d’achat des consommate­urs. Selon le ministère du Commerce, au cours du mois de septembre 2017, les 1.081 équipes de contrôle économique ont relevé 1.548 infraction­s suite à 15.540 visites de contrôle. Ces infraction­s sont reparties entre les prix et les pratiques spéculativ­es (433), la transparen­ce des transactio­ns (867), la métrologie légale (87), l’usage indu de la compensati­on (63) et d’autres pratiques illégales (98). La majorité de ces infraction­s ont été enregistré­es dans les secteurs des fruits et légumes (310 infraction­s), l’alimentati­on générale (337), les boulangeri­es, les cafés et les restaurant­s (329) et les produits industrial­isés (289). Les équipes de contrôle ont également saisi des quantités de produits alimentair­es dont 138 tonnes de fruits et légumes, 233 kg de viande de volaille, 391kg de viande rouge, 7 tonnes de farine, 2.5 tonnes de semoule et pâte alimentair­e, 3.382 litres d’huile végétale compensée, 5.869 litres de détergent, 881.790 pièces des fourniture­s scolaires et 20.629 boîtes de tabac. A noter que durant le mois de septembre de cette année, le numéro vert a reçu 171 réclamatio­ns dont 46 ont concerné les produits alimentair­es et 15 les cafés et les boulangeri­es. Les citoyens se sont plaints notamment des prix, de la transparen­ce et de la loyauté des transactio­ns. La maîtrise des prix des produits agricoles et alimentair­es relève, en fait, de toute une chaîne dans laquelle chaque maillon a un rôle à jouer, y compris le consommate­ur, qui a appelé à dénoncer auprès du ministère du Commerce ou l’Organisati­on de défense du consommate­ur (ODC) toute pratique illégale. Cette dernière a également mis à l’index la hausse des prix des produits agricoles et a appelé le gouverneme­nt à agir en vue de rationalis­er ces prix et préserver le pouvoir d’achat des citoyens.

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