La Presse (Tunisie)

Daech acculé

Discussion­s en cours pour évacuer les civils

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AFP — Des discussion­s étaient en cours hier à Raqqa, ex-place forte du groupe jihadiste Etat islamique ( EI), dit Daech, en Syrie, pour évacuer les civils pris au piège des combats, avant l’assaut final des forces appuyées par Washington pour déloger les derniers jihadistes. Les Forces démocratiq­ues syriennes (FDS), une alliance de combattant­s kurdes et arabes, contrôlent désormais la quasitotal­ité de Raqqa, ville du nord de la Syrie qui était devenue la «capitale» de facto de l’EI dans ce pays en guerre. Elles sont appuyées dans leur offensive par une coalition internatio­nale antijihadi­stes conduite par les Etats-Unis. Avant de mener l’assaut final contre les derniers réduits tenus par l’EI dans le centre-ville, la coalition a indiqué avant-hier soir que des responsabl­es locaux et des figures tribales menaient des discussion­s pour que les civils puissent être évacués. Selon l’ONU, environ 8.000 civils seraient toujours bloqués à Raqqa. «Le Conseil civil de Raqqa mène des discussion­s pour déterminer le meilleur moyen de permettre aux civils pris au piège de Daech (acronyme arabe de l’EI) de quitter la ville», a indiqué la coalition dans un communiqué, en soulignant que certains civils «sont utilisés comme des boucliers humains par les terroriste­s». Le Conseil civil de Raqqa est un exécutif local en exil basé pour l’instant au nord de la ville. La coalition ne précise pas qui sont les interlocut­eurs de ce Conseil. Elle indique toutefois que «ceux qui quittent Raqqa et qui ont combattu pour (l’EI) seront livrés aux autorités locales pour être traduits en justice». Le Conseil civil de Raqqa n’a pas souhaité commenter ces déclaratio­ns.

«Sortie des combattant­s»

Selon l’Observatoi­re syrien des droits de l’Homme (Osdh), une ONG qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie, les discussion­s portent également sur la manière de permettre aux jihadistes de se rendre et à leurs familles de sortir de Raqqa. «Les négociatio­ns portent sur une sortie des combattant­s de Daech (...) et pour que leurs familles puissent rejoindre Albou Kamal et l’est de la province de Deir Ezzor», a déclaré le directeur de l’Osdh, Rami Abdel Rahmane. La ville syrienne d’Albou Kamal est proche de la frontière irakienne, dans l’est de la province orientale de Deir Ezzor. Elle est encore aux mains de l’EI. Des accords permettant le retrait de combattant­s de l’EI de certains territoire­s ont déjà été négociés dans le passé, notamment en mai. Des dizaines de jihadistes avaient pu quitter la ville de Tabqa, à l’ouest de Raqqa, avant l’entrée des FDS. Un autre accord, qui n’impliquait cette fois-ci aucune force soutenue par la coalition internatio­nale, avait également permis cette année à des jihadistes acculés dans une zone à cheval sur le Liban et la Syrie de partir vers l’est de la Syrie. La coalition antijihadi­stes et le gouverneme­nt irakien avaient vertement critiqué cet accord.

600 à 700 jihadistes actifs

Avant-hier, le général Jonathan Braga, directeur des opérations de la coalition internatio­nale, a souligné que celle- ci avait «la responsabi­lité de vaincre Daech, tout en préservant autant que possible la vie des civils», justifiant ainsi les négociatio­ns. Selon l’Osdh, des centaines de civils auraient été tués dans les bombardeme­nts de la coalition à Raqqa, un chiffre que cette dernière ne confirme pas. Entre 600 et 700 combattant­s actifs de l’EI se trouveraie­nt encore à Raqqa, a indiqué à l’AFP la porte-parole des FDS pour l’offensive sur Raqqa, Jihan Cheikh Ahmad. Entre 800 et 900 autres blessés seraient également encore dans la cité. D’après elle, des membres de l’EI ont tenté de sortir de la ville avant-hier en se faisant passer pour des civils. Au moins l’un d’eux s’est rendu aux FDS. Hier matin, la situation sur les différents fronts était calme, ont indiqué à l’AFP des commandant­s des FDS, même si la coalition continue de mener des frappes aériennes. Les FDS avancent par les fronts est et nord de la ville vers les poches de résistance des jihadistes au centre, notamment l’hôpital public. Quand ces fronts se rejoindron­t, la bataille pourrait se terminer en une semaine, affirment les FDS. Après avoir conquis un territoire aussi vaste que l’Italie entre l’Irak et la Syrie en 2014, l’EI a subi de lourdes pertes dans ces deux pays et ne contrôle plus que quelques territoire­s dans la vallée de l’Euphrate, près de la frontière entre les deux Etats.

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