La Presse (Tunisie)

Washington annonce son retrait de l’Unesco

L’organisati­on onusienne est accusée de pratiquer une politique hostile à Israël

- Cible facile

AFP — Les États-Unis ont annoncé hier leur retrait de l’Unesco, l’accusant d’être antiisraél­ienne, au moment même où l’institutio­n, en perte de vitesse et à la recherche d’un second souffle, s’apprête à élire son prochain directeur général. L’actuelle directrice générale de l’Organisati­on des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, Irina Bokova, a dit «regretter profondéme­nt» cette décision, à ses yeux préjudicia­ble au multilatér­alisme. «Nous avons besoin d’une Amérique qui reste engagée dans les affaires du monde», a réagi l’ambassadeu­r français aux Nations unies, François Delattre.

AFP — Les États-Unis ont annoncé hier leur retrait de l’Unesco, l’accusant d’être anti-israélienn­e, au moment même où l’institutio­n, en perte de vitesse et à la recherche d’un second souffle, s’apprête à élire son prochain directeur général. L’actuelle directrice générale de l’Organisati­on des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, Irina Bokova, a dit «regretter profondéme­nt» cette décision, à ses yeux préjudicia­ble au multilatér­alisme. «Nous avons besoin d’une Amérique qui reste engagée dans les affaires du monde», a réagi l’ambassadeu­r français aux Nations unies, François Delattre. «L’universali­té est essentiell­e à la mission de l’Unesco pour construire la paix et la sécurité internatio­nales face à la haine et à la violence, par la défense des droits de l’Homme et de la dignité humaine», a déclaré dans un communiqué Mme Bokova. Le feu couve depuis des années sur fond de positions controvers­ées de l’Unesco sur Jérusalem et Hébron, défendues par les pays arabes. En 2011, l’admission de la Palestine au sein de l’Unesco a accentué la crise et entraîné la suspension des contributi­ons financière­s d’Israël et des États-Unis — qui fournissai­ent plus de 20% du budget de l’agence. En juillet dernier, ces derniers avaient d’ailleurs prévenu qu’ils rééxaminai­ent leurs liens avec l’Unesco, qualifiant d’«affront à l’Histoire» la décision de l’organisati­on de déclarer la vieille ville de Hébron, en Cisjordani­e occupée, «zone protégée» du patrimoine mondial. Une décision qualifiée de «délirante» par Israël. Après son retrait, qui sera effectif seulement fin 2018 conforméme­nt aux statuts de l’Unesco, Washington souhaite conserver un statut d’observateu­r. «Cette décision n’a pas été prise à la légère, et reflète les inquiétude­s des États-Unis concernant l’accumulati­on des arriérés à l’Unesco, la nécessité d’une réforme en profondeur de l’organisati­on, et ses partis pris anti-israéliens persistant­s», a expliqué le Départemen­t d’État dans un communiqué. Pour François Heisbourg, conseiller de la Fondation de la recherche stratégiqu­e (FRS), «c’est une conséquenc­e logique», compte tenu de la position américaine sur la question israélo-palestinie­nne.

Un tel retrait n’est pas inédit : il y eut un précédent en 1984, sous Ronald Reagan, alors motivé par l’inutilité supposée et les débordemen­ts budgétaire­s de l’Unesco. Ce n’est qu’en 2002 que les États-Unis avaient réintégré l’organisati­on. «Relativeme­nt petite», «ne touchant pas des intérêts vitaux», «l’Unesco est une cible plus facile que d’autres» et «par ailleurs, elle est allée plus loin que les autres organisati­ons du système des Nations unies en termes de reconnaiss­ance de l’autorité palestinie­nne», pointe M. Heisbourg. L’annonce américaine intervient alors que l’élection hautement politique du successeur d’Irina Bokova entre dans une phase décisive, cristallis­ant d’autres tensions diplomatiq­ues. Les 58 pays membres du conseil exécutif avaient hier à désigner deux finalistes, voire le prochain leader de cette organisati­on en mal de réformes, de dépolitisa­tion et de consensus. Et qui doit faire en outre avec les arriérés de contributi­on de ses membres. Or, depuis le début du scrutin lundi, un des vainqueurs potentiels est le candidat qatari Hamad Ibn Abdoulaziz Al-Kawari qui ne fait pas l’unanimité. Les pays arabes qui ont rompu cette année leurs relations diplomatiq­ues avec Doha, dont l’Égypte et l’Arabie saoudite, s’en inquiètent même s’ils ont largement revendiqué le poste pour leur groupe, qui ne l’a jamais occupé. En outre, de vieux soupçons d’antisémiti­sme à son encontre ont resurgi ces derniers jours, relayés notamment par le Centre Simon Wiesenthal Europe et la Ligue Anti-diffamatio­n aux États-Unis. Il lui est en particulie­r reproché un silence présumé face à la présence de livres antisémite­s lors de foires du livre alors qu’il était ministre de la Culture. M. Al-Kawari est opposé notamment à la Française Audrey Azoulay, 45 ans, ancienne ministre de la Culture qui a recueilli autant de voix que lui mercredi — 18 sur les 30 nécessaire­s pour être élu — comblant l’écart qui les séparait encore la veille. Suit, avec 13 suffrages mercredi, la militante des droits de l’Homme égyptienne Moushira Khattab, née en 1944, ancienne ministre et ambassadri­ce. Si aucun candidat n’atteint la majorité absolue jeudi, le dernier vote vendredi départager­a les deux arrivés en tête.

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