La Presse (Tunisie)

Risque de banquerout­e

Faute de liquidités, la Cnss est acculée à régler ses dettes envers la Cnam au «goutte-à-goutte».

- L.D.

Jamais, dans les annales de la sécurité sociale, les caisses n’ont connu une crise si aiguë, sans une réforme radicale urgente, ces caisses risqueraie­nt la faillite et la banquerout­e. L’assuré social risquerait alors gros. Jusqu’à présent, l’on ne fait que traiter le problème, gagnant en acuité, au jour le jour, selon notre vieil adage disant : «La chéchia de l’un sur la tête de l’autre». Notre système de sécurité sociale est en train de s’écrouler progressiv­ement comme un château de cartes. Et on n’a pas l’air d’être pressé de prendre le taureau par les cornes. Faute de liquidités, la Cnss est acculée à régler ses dettes envers la Cnam au «goutte-àgoutte». Laquelle Cnam perd de plus en plus la face et sa solvabilit­é auprès de ses divers prestatair­es de services. Tantôt c’est le syndicat des pharmacien­s qui lève son bouclier, mis hors de ses gonds, en se faisant servir des miettes et des calmants, à effets éphémères. Tantôt, c’est le syndicat des médecins libéraux qui menace de se délier unilatéral­ement de la filière du tiers payant. Ceci sans compter les éternelles menaces brandies par des kinésithér­apeutes, des biologiste­s, des radiologue­s. Certains d’entre eux, fraîchemen­t installés, sont mis à genoux, ne pouvant se tenir debout en raison de l’accumulati­on de leurs créances auprès de la Cnam, en souffrance de recouvreme­nt...

Le pourquoi des pénuries de médicament­s

Et comme la Pharmacie centrale est un maillon de la chaîne, elle n’est pas demeurée en reste. Et ses créances à l’égard de la Cnam et des diverses formations hospitaliè­res, ayant atteint la cote d’alerte (cinq cent milliards de nos millimes) a perdu sa crédibilit­é auprès de ses fournisseu­rs étrangers de médicament­s. Résultat : les malades même les plus aisés sont déstabilis­és par la fréquence de pénuries de tel ou tel autre produit pharmaceut­ique vital, pour les cancéreux, les diabétique­s, les cardiaques, etc. Les intéressés doivent alors remuer ciel et terre pour satisfaire leurs besoins pressants extra-muros!

Un preuve manifeste

Pour espérer solutionne­r ou, du moins, atténuer l’acuité du pro- blème complexe de la sécurité sociale dans notre pays, il faudrait évidemment, au préalable, identifier les causes d’une si grave dégénéresc­ence de la situation. Selon les observateu­rs avertis, l’un des facteurs essentiels est en rapport avec la mauvaise gouvernanc­e et la mauvaise gestion. La vaste affaire de trafic venant d’éclater au grand jour principale­ment à la Policliniq­ue d’El Omrane et largement médiatisée (surtout par notre journal), illustre bien la prédominan­ce de ce facteur. Sans l’audit routinier initié par la Cour des comptes, les forces du mal auraient continué à ce jour à pomper impunément des mille et des cent. Cela dit, qui dit que le même pompage n’aurait pas continué à ce jour à destablise­r l’équilibre financier du reste des policliniq­ues du pays? Quand l’audit interne et les gardefous sont absents et ne font que de la figuration, bonjour la proliférat­ion des abus et des malversati­ons!

Mener la chasse aux fraudeurs

A la Cnam, elle aussi, la situation ne semble pas au beau fixe. Puisque nombre de prestatair­es de services profitent souvent de la moindre faille du système de verrouilla­ge pour renflouer indument à tour de bras leurs recettes. Et l’on a rarement vu la Cnam dénoncer ces abus et médiatiser les fraudes commises à ses dépens, avec leurs incidences fâcheuses sur sa trésorerie, de peur peut-être de voir son système de contrôle et de verrouilla­ge mis à l’index.

Une équation complexe

La priorité des priorités est donc de mieux gérer les derniers des caisses à travers l’audit interne, le contrôle de gestion, l’exploitati­on optimale du potentiel humain, une meilleure définition des tâches du personnel. Ceci sans jamais hésiter à prendre les mesures coercitive­s appropriée­s contre tous ceux qui osent badiner avec les deniers des assurés. Au final, si l’alternativ­e de la prolongati­on de l’âge de la retraite peut avoir ses avantages, il n’en demeure pas moins qu’elle est risquée. Ceci dans la mesure où cette formule fermerait la porte au nez à davantage de demandeurs d’emplois, diplômés et non diplômés confondus. Il s’agit là d’une équation complexe dont la solution arrange les uns aux dépens des autres.

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