Risque de banqueroute
Faute de liquidités, la Cnss est acculée à régler ses dettes envers la Cnam au «goutte-à-goutte».
Jamais, dans les annales de la sécurité sociale, les caisses n’ont connu une crise si aiguë, sans une réforme radicale urgente, ces caisses risqueraient la faillite et la banqueroute. L’assuré social risquerait alors gros. Jusqu’à présent, l’on ne fait que traiter le problème, gagnant en acuité, au jour le jour, selon notre vieil adage disant : «La chéchia de l’un sur la tête de l’autre». Notre système de sécurité sociale est en train de s’écrouler progressivement comme un château de cartes. Et on n’a pas l’air d’être pressé de prendre le taureau par les cornes. Faute de liquidités, la Cnss est acculée à régler ses dettes envers la Cnam au «goutte-àgoutte». Laquelle Cnam perd de plus en plus la face et sa solvabilité auprès de ses divers prestataires de services. Tantôt c’est le syndicat des pharmaciens qui lève son bouclier, mis hors de ses gonds, en se faisant servir des miettes et des calmants, à effets éphémères. Tantôt, c’est le syndicat des médecins libéraux qui menace de se délier unilatéralement de la filière du tiers payant. Ceci sans compter les éternelles menaces brandies par des kinésithérapeutes, des biologistes, des radiologues. Certains d’entre eux, fraîchement installés, sont mis à genoux, ne pouvant se tenir debout en raison de l’accumulation de leurs créances auprès de la Cnam, en souffrance de recouvrement...
Le pourquoi des pénuries de médicaments
Et comme la Pharmacie centrale est un maillon de la chaîne, elle n’est pas demeurée en reste. Et ses créances à l’égard de la Cnam et des diverses formations hospitalières, ayant atteint la cote d’alerte (cinq cent milliards de nos millimes) a perdu sa crédibilité auprès de ses fournisseurs étrangers de médicaments. Résultat : les malades même les plus aisés sont déstabilisés par la fréquence de pénuries de tel ou tel autre produit pharmaceutique vital, pour les cancéreux, les diabétiques, les cardiaques, etc. Les intéressés doivent alors remuer ciel et terre pour satisfaire leurs besoins pressants extra-muros!
Un preuve manifeste
Pour espérer solutionner ou, du moins, atténuer l’acuité du pro- blème complexe de la sécurité sociale dans notre pays, il faudrait évidemment, au préalable, identifier les causes d’une si grave dégénérescence de la situation. Selon les observateurs avertis, l’un des facteurs essentiels est en rapport avec la mauvaise gouvernance et la mauvaise gestion. La vaste affaire de trafic venant d’éclater au grand jour principalement à la Policlinique d’El Omrane et largement médiatisée (surtout par notre journal), illustre bien la prédominance de ce facteur. Sans l’audit routinier initié par la Cour des comptes, les forces du mal auraient continué à ce jour à pomper impunément des mille et des cent. Cela dit, qui dit que le même pompage n’aurait pas continué à ce jour à destabliser l’équilibre financier du reste des policliniques du pays? Quand l’audit interne et les gardefous sont absents et ne font que de la figuration, bonjour la prolifération des abus et des malversations!
Mener la chasse aux fraudeurs
A la Cnam, elle aussi, la situation ne semble pas au beau fixe. Puisque nombre de prestataires de services profitent souvent de la moindre faille du système de verrouillage pour renflouer indument à tour de bras leurs recettes. Et l’on a rarement vu la Cnam dénoncer ces abus et médiatiser les fraudes commises à ses dépens, avec leurs incidences fâcheuses sur sa trésorerie, de peur peut-être de voir son système de contrôle et de verrouillage mis à l’index.
Une équation complexe
La priorité des priorités est donc de mieux gérer les derniers des caisses à travers l’audit interne, le contrôle de gestion, l’exploitation optimale du potentiel humain, une meilleure définition des tâches du personnel. Ceci sans jamais hésiter à prendre les mesures coercitives appropriées contre tous ceux qui osent badiner avec les deniers des assurés. Au final, si l’alternative de la prolongation de l’âge de la retraite peut avoir ses avantages, il n’en demeure pas moins qu’elle est risquée. Ceci dans la mesure où cette formule fermerait la porte au nez à davantage de demandeurs d’emplois, diplômés et non diplômés confondus. Il s’agit là d’une équation complexe dont la solution arrange les uns aux dépens des autres.