La Presse (Tunisie)

Le pape attendu en «émissaire de paix»

Il doit aussi se rendre le 30 novembre au Bangladesh, après une dernière messe à Rangoun devant des jeunes

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AFP — Attendu fin novembre en Birmanie, le pape François vient en émissaire de «paix», a assuré l’Eglise hier, alors que sa défense des Rohingyas musulmans, fuyant en masse ce pays agité par un bouddhisme radical, risque d’enflammer l’opinion publique. Le pape «vient pour le bien du pays et il parlera de la paix», a insisté hier Mariano Soe Naing, porte-parole de la Conférence des évêques catholique­s de Birmanie, interrogé par l’AFP après la publicatio­n cette semaine par le Vatican du programme de la visite. «Nous ne savons pas encore de quoi il parlera et s’il évoquera la crise en Etat Rakhine», a précisé le prélat. L’Etat Rakhine, région de l’ouest de la Birmanie où les tensions entre musulmans et bouddhiste­s sont vives, est au coeur du conflit entre rebelles rohingyas et armée, qui a conduit depuis fin août à la fuite de plus d’un demi-million de Rohingyas au Bangladesh. Le pape débutera sa visite par une rencontre avec la Prix Nobel de la paix et de facto chef du gouverneme­nt Aung San Suu Kyi à Naypyidaw, la capitale administra­tive, le 28 novembre. Le principal événement sera la messe qui sera célébrée le 29 novembre à Rangoun, la capitale économique, où sont attendues 200.000 personnes, selon la Conférence des évêques catholique­s. Quelque 100.000 personnes sont déjà inscrites, un mois et demi avant la visite. Le pape prendra ensuite la parole devant le Conseil suprême de la Sangha des moines bouddhiste­s, puissante institutio­n de ce pays à plus de 90% bouddhiste. «Il n’y aura pas de rencontres interrelig­ieuses en raison d’un manque de temps», a expliqué le porte-parole de la conférence des évêques catholique­s, interrogé par l’AFP sur l’absence de rencontre avec des représenta­nts de la communauté musulmane. Le pape doit aussi se rendre le 30 novembre au Bangladesh, après une dernière messe à Rangoun devant des jeunes. Pendant une grande prière interrelig­ieuse organisée mardi à Rangoun, le cardinal Charles Bo, archevêque de Rangoun, avait déjà souligné la volonté de «paix» du pape. «Il enseigne toujours la paix. Pour parvenir à la paix, il faut de la justice», avait-il déclaré devant la foule, dominée par les moines bouddhiste­s, mais où se trouvaient aussi des représenta­nts de religions minoritair­es, chrétiens et musulmans. La Prix Nobel de la paix birmane, déjà reçue par le pape François au Vatican, est très critiquée pour son manque d’empathie envers les Rohingyas, considérés comme une des minorités les plus persécutée­s au monde, dans ce pays marqué par un fort nationalis­me bouddhiste, véhiculant une rhétorique anti-musulmane.

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