Macron : «Inventer de nouvelles protections»
Organisations patronales et syndicats sont reçus à l’Elysée dans le cadre de consultations
AFP — Emmanuel Macron a lancé hier le chantier de son deuxième volet de réformes sociales, notamment celle, délicate, des indemnités des chômeurs, dans un climat alourdi par les premières mesures dans le domaine du droit du travail, critiquées par les syndicats. «Objectif : inventer de nouvelles protections», a tweeté Emmanuel Macron à la mi-journée pour vanter son projet. Le président va recevoir jusqu’à aujourd’hui au palais de l’Elysée les organisations patronales et les syndicats, alors que ces derniers ne parviennent pas à présenter un front uni face au gouvernement, certains étant sur une ligne dure, comme la CGT, d’autres sur une ligne plus conciliante, comme la CFDT. Au cours des premières rencontres avec les responsables syndicaux Jean-Claude Mailly (FO), Philippe Martinez (CGT) et François Hommeril (CFE-CGC), rien de nouveau n’a filtré sur le contenu des réformes. «L’architecture n’est pas encore définie, cela va faire l’objet des discussions dans les semaines à venir», selon M. Mailly. Leur succéderont les six autres leaders syndicaux et patronaux, dont le patron des patrons Pierre Gattaz (Medef) dans l’après-midi et Laurent Berger (CFDT) vendredi matin. Le président Macron reprend la méthode qui lui avait permis il y a quatre mois de faire passer ses ordonnances réformant le droit du travail : il ouvre le bal de la concertation, avant de passer le relais au Premier ministre Edouard Philippe et à la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui recevront les partenaires sociaux à Matignon de mardi à jeudi prochain. Un projet de loi est attendu en avril. Une méthode qui a permis de faire passer la réforme sans provoquer une vaste fronde sociale, notamment grâce à une division syndicale, mais qui est contestée par le syndicat CGT. Après une heure de tête à tête avec M. Macron, son patron Philippe Martinez a réclamé des discussions sur la base d’un «texte» et l’organisation de «multilatérales» réunissant tous les partenaires sociaux.
Beaucoup d’incertitudes
Ce nouveau train de réformes porte sur trois sujets: formation professionnelle, apprentissage et surtout assurance chômage, le point le plus sensible. Les «trois chantiers» sont liés et «contribuent à protéger chacun», a vanté mercredi Mme Pénicaud. Reste que le climat social s’est un peu alourdi depuis l’été, entre le mécontentement des fonctionnaires qui ont défilé mardi, une discussion budgétaire qui s’annonce animée à l’Assemblée, et la CGT qui a appelé à manifester une troisième fois le 19 octobre pour le retrait des ordonnances. Publiées fin septembre et déjà entrées en vigueur, celles-ci forment le premier volet du projet social du président Macron. Elles couvrent plusieurs domaines, plafonnant par exemple les indemnités pour licenciement abusif ou transformant les modalités du dialogue social dans les petites entreprises. Pour le deuxième volet, «on est tous d’accord pour dire qu’il y a de l’inquiétude sur ce qui va être fait en termes de formation professionnelle et d’assurance chômage, qu’il y a beaucoup d’incertitudes», a indiqué Véronique Descacq (CFDT) à l’issue d’une réunion intersyndicale lundi qui n’avait pas permis aux organisations de se mettre d’accord pour appeler ensemble à manifester. Ils ont d’ailleurs prévu de tous se revoir le 24 octobre, après avoir rencontré l’exécutif sur ces nouveaux chantiers. C’est la réforme de l’assurance chômage qui risque de cristalliser le plus l’attention. Il est prévu d’étendre le système aux indépendants et aux démissionnaires qui pour l’instant en sont exclus. «L’objectif, c’est d’ouvrir l’assurance chômage à tous et c’est aussi qu’elle puisse se réformer pour lutter contre la précarité», explique Mme Pénicaud. Car «les contrats précaires», c’est «ce qui coûte le plus cher à l’assurance chômage». Est prévu un «bonus-malus» pour les entreprises qui abusent des contrats courts. Les syndicats, eux, craignent que ces nouveaux droits n’entraînent une baisse des allocations. S’agissant de la formation professionnelle, le gouvernement a déjà promis de mettre 15 milliards sur la table sur cinq ans et veut, comme d’autres avant lui, simplifier un secteur difficilement lisible où se côtoient de nombreux acteurs. La réforme de l’apprentissage se fera, comme celle de la formation, en concertation avec les régions et devra rendre plus attractif ce dispositif.