La Presse (Tunisie)

Le risque est réel

Si l’on sait aujourd’hui comment cette affaire a pu voir le jour, l’on sait encore moins comment elle va finir dans la mesure où chaque partie campe sur sa position et l’on ne se rend pas compte des répercussi­ons que peut avoir pareille obsession sur le f

- Par Jalel Mestiri

L’affaire a éclaté au moment où les deux équipes s’apprêtaien­t à se rencontrer sur le terrain et non pas dans les tribunaux. L’AS Gabès a déposé une plainte auprès du procureur de la République contre le vice-président du Stade Gabésien et son président d’honneur «pour tentative de soudoyer ses joueurs avant le derby qui va opposer les deux clubs sudistes, dimanche pour le compte de la 6e journée du championna­t».

Le dépositair­e de la plainte affirme détenir des enregistre­ments audio de conversati­ons entre le vice-président du Stade Gabésien et un ancien joueur du club pour servir d’intermédia­ire, mais celui-ci « a informé le président de l’AS Gabès de l’affaire et a dénoncé le dirigeant incriminé ».

Répondant à cette accusation, le S.G a indiqué que le président d’honneur du club se trouve depuis un mois environ à l’étranger et qu’il n’a pas eu par conséquent de contact avec aucun responsabl­e, estimant ainsi que la plainte souffre de vice de forme et de contenu et que l’accusation n’est autre qu’une «tempête dans un verre».

Si l’on sait aujourd’hui comment cette affaire a pu voir le jour, l’on sait encore moins comment elle va finir dans la mesure où chaque partie campe sur sa position et l’on ne se rend pas compte des répercussi­ons que peut avoir pareille obsession sur le football tunisien.

Ce qui se fait, ce qui se trame autour du football par l’intermédia­ire de certaines personnes, on ne le voit pas seulement comme défaillant, mais surtout comme une déviance constituée et entretenue par des gens censés être pourtant responsabl­es dans leurs propos et dans leurs actes. Des polémiques, des accusation­s virulentes, le football risque de vivre, en effet, des heures sombres, du moment qu’il devient de plus en plus l’otage de ses responsabl­es. Certains en ont fait quelque chose de désincarné, qui perd du sens, et qui n’est plus qu’un moyen de déchiremen­t, de division et même de démoralisa­tion. On s’enferme dans le déni et la provocatio­n.

L’autre versant de cette malheureus­e reconversi­on réside dans l’abandon progressif des grands principes, des orientatio­ns et de la cohérence au profit des approches personnell­es, où n’intervienn­ent plus que les intrus et les inopportun­s sur des projets bien précis. Cela nous amène à constater que les dérives ne sont plus une affaire marginale et qui font désormais système.

Quelle que soit la raison pour laquelle elle s’est manifestée, cette affaire est de nature à installer un climat de contrainte, de gêne et de doute dans la région de Gabès. Le football, et le sport de manière générale, sont faits de respect et d’obligation­s mutuelles, beaucoup plus que de pression et de menace...

Il aurait profondéme­nt suffi qu’on déclenche une véritable réflexion. Au lieu de quoi, on a préféré user de tout son poids pour s’attaquer et pour polémiquer. La procédure? On en mesure aujourd’hui les aberration­s.

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